L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Tertius Zongo et non Tertius Zorro

Tertius Zongo et non Tertius Zorro

 

2008, l'année des actes pour Tertius ? Tel était le titre interrogatif du premier article du nouvel an de la rubrique "Les mercredis de Zoodnoma Kafando" paru dans l'Observateur paalga du 4 au 6 janvier 2008. Son auteur y présente le contexte sociopolitique du Burkina et s'interroge sur les marges de manœuvre du Premier ministre Tertius Zongo, qui a affiché dès sa nomination, sa volonté de moraliser la gestion de la chose publique.

Notre compatriote Samuel Kiendrébéogo, journaliste à la Voix de l'Amérique, ne partage pas le point de vue de Zoodnoma qui est un pessimiste prématuré à ses yeux.

 

Les observateurs attentifs de la scène politique burkinabè savent que Tertius Zongo n’a pas attendu l’an 2008 pour commencer à poser des actes concrets tendant à rappeler aux uns et aux autres à leur devoir d’intégrité.  Il ne s’est apparemment pas engagé dans cette voie, à l’insu de celui qui l’a chargé de diriger le gouvernement, de la représentation nationale et des forces vives de la nation qu’il a longuement consultées avant de faire quoi que ce soit.  Le Premier ministre a donc tenu à assurer qu’il s’agit bien là d’une profonde aspiration du moment.  Qui peut croire que le Premier ministre s’est réveillé un beau matin, et s’est mis en tête de moraliser tout seul la société burkinabè ? 

Dans la déclaration de politique générale du 5 octobre 2007, il avait prévenu que "nous devons revenir d’urgence aux valeurs séculaires qui constituent le socle des vieilles civilisations de notre pays, mais nous devons également nous libérer de la dictature de nos mauvaises habitudes".   Il ne s’agit donc pas de camper notre bonhomme en héros solitaire aux prises avec les marchands du temple dont parle l’évangile, ou avec une quelconque horde de malfaiteurs coalisés. Car enfin, la lutte pour une meilleure société burkinabè puise aussi sa source dans le «programme de progrès continu pour une société d’espérance» du président Compaoré. 

Dans l’introduction de ce document de référence, il est écrit que «notre société a bâti son identité autour des valeurs d’intégrité, de discipline et de rigueur dans le travail…».

 

Le pessimisme de Zoodnoma est prématuré

 

Dans le chapitre consacré au raffermissement de la gouvernance, il est dit que «L’administration doit faire le pari de la transparence, de l’efficacité et de l’intégrité».  

Zoodnooma Kafando nous apprend qu’au sein du gouvernement, “il y a des puissants et des moins puissants qui rament visiblement à contre-courant de son (Tertius Zongo) action ; au sein du CDP, il y a aussi des personnalités qui voient d’un mauvais œil cette volonté affichée de secouer le cocotier”.  C’est fort possible.  Faut-il alors penser que ces messieurs ont battu campagne pour le “programme de progrès continu” sans l’avoir lu ?  Comparaison n’est pas raison, mais le Burkina n’est probablement pas plus corrompu que le Nigéria.  Pourtant, le président Umaru Musa Yar’Adua y mène une lutte sans merci contre la délinquance administrative et économique, sans se soucier des états d’âme de qui que ce soit.  Pas même de ceux qui ont activement soutenu sa candidature.  L’ancien gouverneur du Delta du Niger, James Ibori est bien placé pour le savoir.   L’épisode de «l’envoi en stage» de Mallam Nuhu Ribadu, ci-devant patron de la redoutable Economic and Financial Crimes Commission ne change rien à l’affaire.  Pourquoi ce qui est possible au Nigeria deviendrait impossible s’agissant du Burkina ?  C’est dire si le pessimisme de Zoodnooma Kafando nous paraît pour le moins prématuré.

Quid de l’affaire dite des exonérations douanières abusives ?  Tertius Zongo n’a strictement rien à y faire, au vu du principe de séparation des pouvoirs sur laquelle reposent les institutions. Si j’en  crois le compte-rendu détaillé du bimestriel l’Evénement, le juge en charge du dossier fait preuve d’une belle détermination à dire le droit.  Le parquet est intervenu de son côté pour faire valoir des considérations de forme tout à fait respectables.  Car ne l’oublions pas, la douane est une force armée, au même titre que la garde de sécurité pénitentiaire.  Au vu des dégâts naguère provoqués par les susceptiblités de “corps habillés”, le bon sens ne commande-t-il pas de demander des comptes à l’individu Ousmane Guiro sans donner la fâcheuse impression de vouloir humilier toute l’institution qu’est la douane ?

 

Samuel Kiendrébéogo

L’Observateur Paalga du 9 janvier 2008



09/01/2008
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