L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Un Burkinabè, seul lauréat parmi plus de 300 candidats

DIPLOME DE L’IIDH DE STRASBOURG

Un Burkinabè, seul lauréat parmi plus de 300 candidats

Notre compatriote, Séni Mahamadou Ouédraogo, doctorant en droit public et inspecteur des impôts à la division fiscale de Dafra, à Bobo, a participé avec brio à la 38e session de formation à l’Institut international des droits de l’homme de Strasbourg en France. Il a été l’unique lauréat du diplôme de ce prestigieux institut, parmi plus de 300 participants venus des 4 coins du monde. Nous l’avons rencontré et il nous parle, dans l’interview qui suit, des 4 semaines de formation et de ses sentiments d’avoir été l’unique lauréat de la session de 2007.


Le Pays : Comment avez-vous été admis à la 38e session de formation de l’Institut international des droits de l’homme de Strasbourg ?

Séni Mahamadou Ouédraogo : Depuis sa création en 1969 par René Cassin, le rédacteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’Institut international des droits de l’homme de Strasbourg organise chaque année une session d’enseignement qui dure un mois. Peuvent prendre part à cette session de formation, les candidats titulaires d’une maîtrise en droit ou membres d’une structure de défense des droits de l’homme. Les dossiers sont directement reçus et sélectionnés au sein de l’institut, et une réponse est par la suite adressée aux différents postulants. Ceux qui sont retenus se doivent alors de faire le déplacement de Strasbourg pour la formation qui débute chaque année au mois de juillet.


Comment se déroule la formation ?


La session en elle-même dure 4 semaines de cours intenses pendant lesquelles chaque enseignant est invité à dispenser un enseignement de 4, 6 ou 8 heures. Elle se compose de trois grands modules que sont les cours thématiques qui concernent essentiellement le thème de la formation ; les cours fondamentaux pour une certaine uniformisation du niveau des candidats sur la matière des droits de l’homme, et enfin, des cours généraux sur le droit international.

Combien y avait-il de participants à cette 38e session ?



La 38e session a connu la participation de plus de 300 personnes venues de presque tous les pays du monde, en dehors des pays tels que la Somalie et l’Erythrée. Le Burkina y était représenté par 4 candidats. Nous étions donc largement minoritaires par rapport aux autres pays dont certains ont été représentés par plus d’une dizaine de candidats.


Comment se fait la sélection des lauréats à l’issue de la formation ?

Au cours de la session d’enseignement, l’Institut organise un test pour l’obtention d’un diplôme. Seuls les candidats titulaires d’au moins un DEA en droit peuvent prendre part à ce test qui se déroule en trois épreuves. La première consiste à réussir une dissertation de 5 heures de temps. Et pour cela, il faut une note minimum de 12/20 pour passer au tour suivant. Il faut préciser que chacune des trois étapes est directement éliminatoire. Et il faut donc nécessairement les passer successivement pour être admis au diplôme. Je dois préciser qu’à l’issue de la première épreuve, sur les sept candidats qui ont eu une note d’au moins 10/20, nous étions deux Burkinabè. C’est dire donc qu’il y a lieu d’être fier de la prestation des candidats burkinabè. A l’issue de la première épreuve, nous étions deux sous-admissibles, une Roumaine et moi-même. Après celle-ci, il fallait réussir une plaidoirie d’un cas pratique qui nous avait été soumis 24 heures plus tôt. Il fallait l’analyser suivant deux systèmes juridiques au choix. Nous avions donc le choix entre le système onusien et le système africain, ou entre le système onusien et le système européen, ou encore entre le système onusien et le système interaméricain. A l’issue de la plaidoirie qui se déroule devant un jury de quatre enseignants, le candidat qui obtient la note de 12/20 est directement admis pour la troisième épreuve. Au sortir de cette deuxième épreuve, la candidate Roumaine n’a pas pu obtenir la note requise pour la troisième épreuve. Par conséquent, j’ai été le seul à prendre part à la troisième épreuve qui a consisté à tirer au sort un sujet à préparer pendant deux heures dans une salle close sans documentation, et il fallait ensuite présenter une autre plaidoirie devant un jury de quatre autres professeurs. C’est donc à l’issue de cette troisième épreuve que j’ai été déclaré seul admis au diplôme de la 38e session d’enseignement de l’IIDH de Strasbourg.


Quels sont vos sentiments d’être l’unique lauréat parmi plus de 300 candidats venus de différentes nations ?



Pour moi, c’est d’abord une satisfaction personnelle. C’est un diplôme qui vient conforter ce que j’avais déjà acquis comme connaissances durant toutes mes années d’étude. Je dois aussi dire que ce diplôme vient comme le témoignage du peu de connaissances que j’ai pu capitaliser en matière des droits de l’homme. Parce qu’à ce que je sache, depuis 1969, les titulaires de ce diplôme n’ont pas encore atteint la cinquantaine. Etre dans le cercle restreint de ces lauréats n’est certainement pas la preuve qu’on est un fin spécialiste des droits de l’homme, mais je crois que ça peut témoigner d'un minimum de connaissances qu’on a en la matière. En dehors de cela, ce diplôme me conforte en ce sens qu’il témoigne du fait que la formation que j’ai reçue dans mon pays est une formation de très bonne qualité, comparée à celle d’autres étudiants formés dans les plus célèbres universités du monde, surtout que des docteurs en droit n’ont pas pu franchir la première étape. Je suis comblé lorsque je reçois des messages de félicitation et d’encouragement venant des personnalités comme le professeur Babacar Kanté, vice-président du Conseil constitutionnel sénégalais, qui a, pendant une semaine, dispensé des cours à l’Institut ; du professeur Sébastien Touzé de l’université de Paris 10 ; de Fabien Favioli de l’université de Buones Aires, etc.



Au-delà des sentiments de satisfaction et des honneurs, est-ce que le diplôme reçu était assorti d’un prix ou de quelque gratification en espèces ?



Contrairement à ce que beaucoup de mes compatriotes ont pensé, le diplôme ne m’a pas rapporté de sous. Je crois qu’il ne faut pas toujours voir les choses en terme de biens matériels. En plus, je ne peux pas dire que dans l’immédiat ce diplôme arraché à Strasbourg va m’apporter grand-chose dans le cadre des activités que je mène. Mais je crois que je suis en train de construire une carrière, et dans la dynamique de cette carrière, personnellement, ce diplôme me sera d’un grand apport. Sait-on jamais , je pourrai peut-être monnayer ce diplôme plus tard, pas maintenant.



Vous avez certainement eu du soutien quelque part avant de vous envoler pour Strasbourg…


Oui. Vous me donnez ainsi l’occasion de dire merci d’abord à ma petite famille pour le soutien moral, à mes très chers amis et collègues, Adama Dao et Sylvain Ouédraogo pour leur complicité ; au professeur Augustin Loada, mon directeur de thèse, au professeur Luc Marius Ibriga pour son accompagnement quotidien, et Evariste Faustin Konsimbo, président du Cercle d’Eveil qui, depuis 2002, m’a soutenu et encouragé.

 

Propos recueillis par Paul-Miki ROAMBA

Le Pays du 26 septembre 2007



26/09/2007
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