L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Un chœur contre la piraterie

Laongo

Un chœur contre la piraterie

 

Un "plan triennal de lutte contre la piraterie des œuvres littéraires et artistiques". C’est ce dont le ministère de la Culture, du Tourisme et de la Communication a procédé au lancement le 14 février 2008, à Laongo, dans la province d’Oubritenga. Artistes, producteurs, distributeurs et revendeurs de cassettes et CD ont exprimé leur adhésion à ladite stratégie.

 

Les artistes burkinabè, comme ceux du monde entier, sont victimes de la piraterie de leurs œuvres. Le secteur le plus touché étant celui de la production musicale et de l’audiovisuel. A en croire le directeur général du Bureau burkinabè du droit d’auteur (BBDA), les hémorragies causées par ce fléau, rien que pour la période 2006-2007 et sous la forme artisanale, interpellent plus d’un. 15 765 297 cassettes et CD piratés estimés à 95% des supports sur le marché national, représentant 9 439 178 200 F CFA de perte subie par l’industrie culturelle, un manque à gagner de 3 153 059 240 F CFA du droit d’auteur pour nos artistes et de 3 405 304 152 F CFA de déficit pour l’administration fiscale. A cela s’ajoute la baisse du taux de reproduction licite des œuvres musicales de 31%. C’est par ces statistiques que le DG du BBDA a introduit la synthèse du plan triennal de lutte contre la piraterie, lancé le 14 février dernier. Le phénomène, toujours selon lui, a pris des proportions inquiétantes de nos jours avec, à la faveur de l’avènement des NTIC, la piraterie en ligne qui n’épargne aucun pays. Au Burkina, comme partout ailleurs, ce ne sont pas les initiatives pour l’éradiquer qui ont fait défaut. La sensibilisation, la formation et la répression, telles sont les armes dont le BBDA s’est servi pour lutter contre ce qu’il est convenu d’appeler "le Sida"  de la culture. En dépit des efforts consentis, a dit Balamine Ouattara, le fléau persiste aussi dans ses formes artisanales que numériques. Notre pays, qui n’est donc pas prêt à désarmer, a révisé sa stratégie en élaborant un nouveau plan triennal de lutte allant de 2008 à 2010. Cela, selon lui, après avoir procédé à un diagnostic des causes du fléau. Au nombre de celles-ci : l’étroitesse du marché des supports liés à la compétitivité du prix de vente des supports par rapport aux piratés ; les difficultés d’accès des distributeurs aux licences d’exploitation ; l’insuffisance des moyens de lutte tant au niveau de l’environnement juridique qu’à celui des acteurs de la lutte ; la non-maîtrise des flux d’importation des supports à cause de la perméabilité des frontières. Tout en s’inspirant des outils passés, le plan triennal, a déclaré Balamine Ouattara, vient "renforcer la stratégie avec la prise en compte des dimensions nouvelles révélées indispensables pour assurer l’assainissement et l’occupation du marché national par les supports licites". Il ne constitue pas a priori, a-t-il dit, d'un instrument de répression. Tout en favorisant "la création des conditions techniques et matérielles de commercialisation légale et intéressante des supports", cette nouvelle démarche privilégie plutôt, au dire du DG du BBDA, "une approche concertée et participative" de tous ceux ayant un intérêt dans l’exploitation des œuvres artistiques et littéraires. L’événement de Laongo a connu la présence des différents acteurs que sont les artistes et entrepreneurs culturels et touristiques. Ces derniers ont lancé pour la circonstance un appel dit de Laongo traduisant leur adhésion à la nouvelle stratégie de lutte contre la piraterie. 10 personnalités du monde de la culture ont été faites ambassadeurs de la lutte contre le fléau. Il s’agit de :  Alimata Salembéré, Moustapha Tiombiano, Georges Ouédraogo, Monique Ilboudo, Amety Méria, Albert Ouédraogo du Tocsin, Issaka Ouédraogo dit Zoug-Nazaguemda et Aboubacar Zida dit Sid-Naaba. Notons également que le plan de financement élaboré à cet effet, d’un coût de 430 949 400 F CFA, implique le budget de l’Etat, les distributeurs et les partenaires nationaux et internationaux.

 

Hamidou Ouédraogo

 

Encadré 1

 

Les impressions de deux acteurs sur le lancement du plan triennal de lutte contre la piraterie

 

Aboubacar Zida dit Sid-Naaba, créateur :

Cela fait 10 ans que j’ai commencé à produire des cassettes audio avec Tambidga 1, 2, 3 et bien d’autres qui ont été piratées partout. Il n’y a pas très longtemps, mon premier long-métrage Ouaga Zoodo a été piraté. On les trouve en CD partout à Lomé, à Accra et à Abidjan. En tant que créateur et victime de la piraterie, c’est avec un sentiment de soulagement que j’ai vécu l’acte de ce soir qui est un signal fort contre la piraterie. L’on ne peut pas dire que le combat est gagné d’avance, mais ensemble nous lutterons contre le phénomène. Pourvu que chacun joue sa partition. Dans trois ans, nous ferons  le bilan.

 

Moussa Kaboré, producteur (Bazar Music)

Nous sommes reconnaissants au gouvernement pour ce soutien aux acteurs de la culture. C’est un fléau qui tue la culture d’un pays comme le nôtre. Tant qu’il y a la piraterie, je me demande si la culture burkinabè se développera. Si nous réussissons la lutte, cela va permettre à nos artistes de vivre dignement de leur création tout comme les producteurs que nous sommes. Mais en attendant c’est la misère chez nous tous à cause de la piraterie. C’est triste de constater que chaque fois qu’on sort une cassette dès le lendemain, le marché est inondé du même produit mais piraté.

 

Recueillis par O.H

 

Annonce du programme

 

 

Encadré 2

Les coulisses

 

Saint Valentin à Laongo

- Beaucoup de femmes n’oublieront pas pendant longtemps cette cérémonie de lancement du plan triennal de lutte contre la piraterie. La cause : l’événement coïncidant avec le 14 février, fête des amoureux, il leur a été distribué, de la part du ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, Filippe Sawadogo, des bouquets de fleurs et des porte-clés frappés de la dénomination de son département. C’est bien galant de sa part ! Mais savait-il que sur le site, certains ont souhaité à un moment donné qu’en lieu et place de ces gadgets on leur donne de la nourriture ? Le déjeuner champêtre inscrit dans le programme ne les ayant pas concernés alors que nombre de gens, déposés très tôt le matin sur les lieux par des cars qui faisaient la navette Ouaga-Laongo, n’ont même pas eu le temps de prendre un petit-déjeuner. Des tickets qui leur ont été délivrés avant l’embarquement devaient leur permettre de bénéficier d’un repas. Mais hélas, ce papier n’a servi à rien. Même l’eau pour étancher la soif était difficile à trouver.

 

Qui a dit que l’incivisme n’est pas burkinabè

 

- Quand on parle de l’incivisme des Burkinabè, il faut aller sur le site touristique de sculpture sur granit de Laongo pour s’en convaincre. Le respect du bien public ne semble pas y être une valeur partagée. Pour la présente cérémonie, les organisateurs ont pris soin d’attirer l’attention des visiteurs, par des messages affichés un peu partout, sur la nécessité de garder l’environnement propre. Peine perdue ! Car, quelques heures seulement après, les lieux étaient envahis de sachets plastiques, lotus et autres papiers  alors que des poubelles ont été dressées partout. Mais il faut dire qu’on y voyait aussi des déchets d'un genre dont ceux chargés de l’assainissement du site ne s’étaient même pas préoccupés. Pire, des agents n’ont trouvé meilleur endroit que contre le mur d’un des importants édifices, apparemment un réfectoire, pour faire du feu. Sous l’effet des flammes, le mur est non seulement devenu noir mais a aussi été entamé.

 

Rassemblées par O.H.

 



18/02/2008
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