L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Une atmosphère de renouvellement au sommet de l’Etat

Une atmosphère de renouvellement au sommet de l’Etat

 

C’est ce jour 4 juin que les députés de la IVe législature de la IVe République, nouvellement élus, seront installés au cours d’une session spéciale de l’Assemblée nationale. Avec la proclamation le 28 mai dernier des résultats définitifs des élections législatives du 6 mai 2007 par le Conseil constitutionnel, les 111 députés ont reçu l’onction de l’organe judiciaire qui fait d’eux les représentants attitrés du peuple, appelés à exercer le pouvoir législatif.
Au nom du sacro-saint principe de la séparation des pouvoirs, le chef du gouvernement, le Premier ministre, Paramanga Ernest Yonli, en poste depuis sept ans et nouvellement élu député, a rendu sa démission hier 3 juin pour pouvoir accéder ce jour à l’hémicycle, siège du pouvoir législatif.
Un nouveau Premier ministre sera nommé - si l’ancien n’est pas reconduit à son poste - par le chef de l’exécutif, le président du Faso. Celui-là aura la responsabilité de mettre en place une nouvelle équipe chargée de mener l’action gouvernementale. Il s’agira, en réalité, de poursuivre l’opérationnalisation du programme présidentiel : «Le progrès continu pour une société d’espérance» en œuvre depuis la réélection du président Blaise Compaoré le 13 novembre 2005. Selon la volonté du constituant burkinabè en effet, la fixation des grandes orientations de la politique de la Nation relève du seul président du Faso. Le gouvernement, avec à sa tête le Premier ministre, assure ainsi la conduite de la politique de la Nation, définie par le chef de l’Etat. La Nation vit des moments de grande intensité, car non seulement le parlement connaît un renouvellement de plus de la moitié de ses membres, mais encore l’exécutif devrait connaître dans les prochains jours, de nouveaux titulaires à la tête des départements ministériels.
C’est dans ce contexte de grandes manœuvres et de renouvellement au sommet de l’Etat qu’on enregistre un bouillonnement social sans précédent, marqué par la montée des mécontentements sociaux et des revendications corporatistes et catégorielles. Les classes sociales urbaines, d’ordinaire frondeuses et iconoclastes, en donnant déjà de la voix, semblent décidées à donner du fil à retordre aux tenants du pouvoir. Le nouveau gouvernement risque de ne pas connaître l’état de grâce accordée généralement en pareille circonstance, aux nouveaux venus. L’Etat étant une continuité, il est indiqué que la nouvelle équipe gouvernementale ouvre au plus vite le dialogue avec les organisations syndicales pour envisager la résolution des justes revendications des travailleurs. Sans oublier l’opposition politique qui, sonnée par sa récente défaite électorale, ne manquera pas de s’exprimer dans la rue, dans la presse ou à travers les mouvements sociaux qu’elle pourrait manipuler par la tactique du noyautage. Ainsi, s’expliqueraient certaines revendications socio-économiques à l’allure de surenchère qui amènent souvent acteurs politiques et sociaux à se regarder en chiens de faïence. Si le processus démocratique en marche depuis seize ans comporte de nombreux acquis, les récriminations de l’opposition par rapport aux insuffisances du processus électoral par exemple, devraient être examinées avec objectivité par la majorité présidentielle afin de sécuriser davantage les élections à venir et donner plus de chance aux partis minoritaires. Des dirigeants véritablement démocrates devraient se soucier du sort des minorités et favoriser l’expression des idées plurielles de toutes les composantes de la Nation et en tenir compte dans la mesure du possible. En effet, le développement des opinions plurielles, dit-on, enrichit la démocratie et favorise le progrès.
Les opposants de leur côté, ont intérêt à faire leur propre autocritique destinée à diagnostiquer le mal dont ils souffrent en vue de trouver la meilleure médication : l’émiettement, le manque de moyens, les querelles de leadership, le manque de visibilité et la faiblesse de leur implantation sur le terrain, l’absence de stratégie de communication efficace, les programmes politiques alternatifs insuffisamment vulgarisés et attractifs… sont entre autres, les faiblesses qui minent l’opposition burkinabè. Si dans les vieilles démocraties, les leaderships politiques se construisent dans la durée, ici, des hommes politiques, quatre ou cinq ans après la création de leur parti, pensent déjà être des leaders majoritaires et accusent la fraude électorale si ce n’est le processus électoral dans son ensemble, lorsqu’ils se retrouvent en minorité. En tout état de cause, le salut de tous réside dans la consolidation du processus démocratique. Des leaders sociaux ou politiques qui croient trouver leurs intérêts dans la déstabilisation du régime, dans des attitudes de défiance et de provocation à l’égard de l’autorité, tout en échafaudant dans la tête des scénarii putschistes, se trompent, car de telles attitudes sont non seulement antidémocratiques mais encore leurs conséquences sont porteuses d’aventures et lourdes d’incertitudes et de dommages pour tout le monde. Personne ne sortira indemne d’un régime d’exception.
«La stabilité de tout régime est minée par le pouvoir corrosif du temps». Cette pensée du philosophe grec Aristote devrait amener la classe politique, opposition comme majorité, à envisager le présent et l’avenir avec sagesse et responsabilité et se comporter en conséquence. En effet, la dialectique de l’histoire peut amener l’une ou l’autre partie à être dans la majorité ou dans l’opposition et vice-versa, avec le temps.

Jean-Paul KONSEIBO

Sidwaya du 4 juin 2007



04/06/2007
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