L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Une Lettre pour Laye du 21 mars 2008

Une Lettre pour Laye du 21/03/2008

 

Cher Wambi,

 

Cher Wambi, hier, les musulmans du Burkina et du monde entier, après une nuit d'intense ferveur religieuse faite de prières, de prêches, de récitations de versets du Coran, ont fêté le Mouloud, qui célèbre l'anniversaire de la naissance du Prophète Mahomet.

Après demain, le dimanche 23 mars, ce sera au tour des chrétiens de fêter Pâques, qui commémore la résurrection de Jésus-Christ.

Ainsi qu'on le constate, depuis quelques années, les célébrations musulmane et chrétienne se chevauchent pratiquement, comme pour rappeler l'unité secrète des religions et l'unicité de Dieu dans un bel élan œcuménique.

Au sujet de la célébration pascale, l'enfant de ton cousin Rakiswiligri, qui passe le baccalauréat cette année, m'a posé une colle la dernière fois. Il m'a en effet demandé pourquoi, à la différence de Noël qui est fixe (le 25 décembre de chaque année), la date de Pâques, elle, est mobile. Ne sachant quoi lui répondre, je lui ai promis de faire les recherches nécessaires et de lui en parler.  Je parie d'ailleurs que beaucoup de gens sont dans mon cas.

De mes investigations donc il ressort que jusqu'au Concile (chez les catholiques, Assemblée d'évêques et de théologiens qui décide des questions de doctrine et de discipline ecclésiastique) de Nicée en l'an 325, chaque Eglise chrétienne avait sa façon de calculer Pâques.

Certaines, par exemple, laissaient les Juifs célébrer leur Pâque et on prenait le dimanche suivant. La plupart se référaient à l'anniversaire  de la mort de Jésus (non au jour anniversaire lui-même, mais à la pleine lune qui le suivait).

Dans ce système, m'apprend-on, cher cousin, il y a deux sources de divergences.

Primo : les églises quatuordécimantes mettaient leur Pâque au 14e jour, qu'il fût un dimanche ou non alors que Rome et Mexandrie retenaient toujours le dimanche.

Secundo : la date de la résurrection du Christ n'est pas fixée de façon uniforme, car on choisit pour sa mort les années 29, 30, 31, 32 ou 33 ; elle varie ainsi du 3 au 17 avril.

Mais depuis le fameux concile de Nicée (ville de Turquie appelée aujourd'hui Iznik), la date de Pâques est fixée au dimanche qui suit le 14e jour de la lune, qui atteint cet âge au 21 mars ou immédiatement après. Il y eut cependant de nombreuses réticences, notamment de la part de l'Eglise d'Irlande, qui frôla, jusqu'au VIIIe siècle, un schisme d'origine "pascale". L'équinoxe se produisant avant le 21 mars, la lune prise en considération pour le calcul de Pâques était toujours celle d'avril-mai. Du reste, il y a désaccord sur la date réelle de l'anniversaire de la résurrection de Jésus-Christ, qu'on célèbre le 3e jour après sa mort.

En tout cas, cette année, Pâques intervient le plus tôt possible, puisque ses limites extrêmes sont le 22 mars (comme ce fut le cas en 1598, en 1693, en 1761, en 1818 et comme ce sera le cas en 2285) et le 25 avril (ainsi qu'on l'a vu en 1666, en 1734, en 1886, en 1943 et qu'on le verra en 2038 ou en 2190).

Voilà, cher cousin, ce que j'ai appris sur le sujet. On l'aura remarqué, ici comme dans l'islam, c'est le cycle lunaire qui est la base du calcul des dates des fêtes religieuses, preuve s'il en est des lois naturelles qui gouvernent le Cosmos. Comme dirait le philosophe, "plus j'y pense, moins je puis penser que cette horloge existe et qu'il n'y ait point d'horloger".

Bonne fête à tous donc, cher Wambi. Que le Messager et le Fils de l'Homme protègent le Burkina et nous couvrent de leurs abondantes grâces !

Cela dit, cher cousin, beaucoup d'efforts et de sacrifices ont été consentis par nos autorités pour le règlement professionnel et pécuniaire de la question de la violence politique dans notre pays.

Sur le plan pécuniaire, je n'en ai pas le montant en tête, mais cela pourrait se chiffrer à plusieurs milliards de nos francs.

Sans vouloir méconnaître, le moins du monde, ce qui a déjà été fait, force est cependant de constater qu'il y a encore quelques cas en souffrance.

C'est ce qui ressort, en tout cas, de la lettre ouverte adressée par monsieur André Compaoré au Directeur général du Trésor.

Mais avant de t'en donner la teneur, il est utile de te rappeler que monsieur André Compaoré fut le directeur de cabinet du premier président, Maurice Yaméogo, et, comme lui, condamné par le Tribunal spécial de mai 69 qui avait eu à juger les dignitaires de la première République.

Après cette condamnation, il s'est retrouvé à Abidjan où, grâce aux bons offices de Papa Houphouët, il a exercé les fonctions de chargé des Relations extérieures de la multinationale Air Afrique.

C'est à ce titre que, rappelons-le, il a convoyé le Pape Jean Paul II à Ouagadougou et à Abidjan en mai 80, lors de la première tournée papale dans notre région.

Je te propose ci-dessous la lettre ouverte de monsieur André Compaoré  au Directeur général du Trésor, étayée de la lettre du ministre des Finances et du Commerce de l'époque, qu'il vise dans sa correspondance :

 

"A Monsieur le Directeur général du Trésor à Ouagadougou

 

J'ai été condamné par le tribunal spécial de mai 1969.

A la suite de cette condamnation, le gouvernement a procédé injustement à la confiscation de ma villa construite sur la parcelle K du lot 1130 de la zone résidentielle sur crédit Banque nationale de développement (BND).

A l'époque, la maison était louée au moment de sa confiscation par l'ambassade de la République fédérale d'Allemagne.

Sur ordre du ministre des Finances dans le temps, les loyers ont été entièrement versés au Trésor public à compter du 10 août 1966. (ci-joint la lettre n° 6/MFC/CAB du 10 août 1966).

Les loyers étaient de cent mille (100 000) francs CFA par mois du 10 août 1966 au 31 décembre 1995. Je n'ai perçu aucun franc du loyer jusqu'à ce jour.

Bénéficiaire de la grâce présidentielle, je vous serais reconnaissant de bien vouloir me restituer toutes les sommes provenant de la location de ma villa, versées au Trésor public.

Le président du Faso m'a restitué ma villa le 27 décembre 1995.

Veuillez agréer, Monsieur le Directeur général du Trésor, ma considération distinguée.

 

Fait à Ouagadougou, le 10 mars 2008"

Compaoré A. André

 

 

Le Ministre des Finances et du Commerce

 

à Son Excellence Monsieur l'Ambassadeur d'Allemagne

- Ouagadougou -

 

N° 006/MFC/CAB

 

Monsieur l'Ambassadeur,

 

Conformément à la décision n° 074/PRES/CAB/SP du 26 juillet 1966 de Monsieur le président de la République, j'ai l'honneur de vous demander de bien vouloir verser désormais au compte N° 300-08-S/C5, ouvert dans les écritures de Monsieur le Trésorier général à Ouagadougou, les sommes dues à Monsieur Compaoré André au titre de la location de l'immeuble sis à la Zone résidentielle, lot n° 1130, parcelle K.

Je vous prie de bien vouloir prendre toutes dispositions pour que les loyers échus soient régulièrement versés au compte ci-dessus.

Veuillez agréer, Monsieur l'Ambassadeur, l'assurance de ma considération distinguée.

 

L'intendant militaire

Garango Tiémoko Marc

 

Qui parle de villa parle de logement, cher cousin, et puisque j'y suis, j'y reste pour te conter le désarroi de ton neveu Sûtôognoma que tu sais résider à la cité SOCOGIB de Somgandé, à Simonville, depuis des lustres.

En dépit du froid sibérique qu'il faisait ce matin-là, il suait à grosses gouttes comme s'il avait manqué d'embrasser le train.

Son problème est tout autre et pourrait d'ailleurs concerner d'autres résidants de ladite cité.

Tout serait parti, cher cousin, d'une folle rumeur selon laquelle la société de construction et de gestion immobilière du Burkina (SOCOGIB) s'apprêterait à dénoncer les contrats de location-vente passés avec certains demandeurs, bien avant sa privatisation.

Auquel cas, tous les attributaires de la location-vente, qui croyaient enfin voir le bout du tunnel après des décennies de cotisations, deviendraient de simples locataires.

Mais qu'est-ce qui peut bien justifier une telle dénonciation de contrat si jamais elle se confirmait ?

En attendant, cher cousin, Sûtôognoma et bien d'autres résidants craignent fort que la spéculation ne se soit invitée dans leur cité.

Osons seulement espérer qu'il ne s'agit là que d'une plaisanterie de mauvais goût.

Quel calvaire, en effet, que de voir tant d'années de sacrifices réduits à néant en un seul jour !

Dans ce monde où règne la loi de la jungle, le pire que je puisse souhaiter à ton neveu est qu'il ait un toit bien à lui pour mieux affronter la vie chère, qui n'épargne guère ceux qui sont entrés à Simonville par la mauvaise porte.

Dieu et les mânes des ancêtres nous entendent.

 

Quant à toi cher cousin, j'invite à sacrifier avec moi à la traditionnelle revue hebdomadaire du carnet secret de Tipoko l'Intrigante :

 

n Un pouvoir sans opposition conséquente ne peut qu'étaler son arrogance. Une triste vérité à en juger par le comportement odieux de certains nababs qui, à la faveur d'un concours de circonstance,  sont parvenus à se faire une place au soleil.

C'est, sans doute, forts de ce constat que les élus du Groupe Alliance-Démocratie et Justice (ADJ) ont, entre autres, recommandé une unité d'action des partis politiques de l'opposition.

En vérité, ce ne serait plus une trouvaille si elle venait à voir le jour, tant de regroupements les eaux boueuses du Kadiogo en ont avalés, mais elle ramenerait certains caciques du pouvoir sur terre.

On rêve, en tout cas, encore de ce jour où l'opposition ira aux élections en rangs serrés, mais hélas !

Que sont-ils, en effet, devenus le Groupe du 14-Février, l'OBUS, la CPS ? Et voilà qu'à peine née, l'Union des partis sankaristes (UPS) a déjà des problèmes respiratoires.

Peut-être la prochaine tentative sera-t-elle la bonne !

 

n Afin de contenir le déficit céréalier enregistré par certaines régions du Burkina au terme de la saison agricole 2007, l'Etat a libéré ses réserves pour voler au secours des nécessiteux à des prix sociaux.

Si cette diligence des autorités a vivement été saluée par les bénéficiaires, il n'en demeure pas moins que certaines interrogations se sont invitées dans l'actualité.

Car, dans certaines localités, après que les gourous se sont servis, on n'a pas tardé à découvrir bien de sacs de céréales hors d'usage.

Quelle était l'ampleur exacte des dégâts et, n'y a-t-il pas de risques à consommer de vieux stocks de céréales si leur conservation n'a pas été faite dans les règles de l'art ?

Bien vrai qu'il faut mourir de quelque chose, mais... tout de même !

 

n Il s'appelle Baal Zahr Papy, jadis ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Tchad au Burkina Faso.

Accrédité le 14 octobre 2005, il finira sa mission au "Pays des hommes intègres"  en 2007 après qu'il a reçu la distinction d'officier de l'Ordre national le 6 avril.

Officier, Son Excellence Baal Zahr Papy l'était déjà, puisque colonel de l'armée tchadienne.

Rentré définitivement bien avant l'attaque rebelle sur N'Djamena, il a désormais deux étoiles qui scintillent  sur ses épaulettes.

Félicitations donc, général Baal !

 

n En ce mois de mars 2008, le quartier de la Patte d'Oie, à Ouagadougou, s'est une fois encore révélé l'antre de l'horreur :

une fille à la fleur de l'âge y a  été égorgée, ce qui n'est pas sans nous rappeler bien d'atrocités qui y ont été perpétrées ces dernières années.

Cette fois, le présumé coupable n'ira pas loin, puisque rattrapé et lynché après le dernier cri de sa victime.

Mais dites bonnes gens, qui est donc ce fameux Yacouba dont il a prononcé le nom avant de s'évanouir à jamais ?

 

n Il y a de cela quelques semaines que la carte de séjour a été supprimée en Côte d'Ivoire. L'annonce avait été faite tambours battant par le président ivoirien, Laurent Gbagbo, devant des milliers de Burkinabè, qui étaient aux anges pour avoir beaucoup souffert de cette trouvaille d'Alassane Dramane Ouattara, alors Premier ministre d'Houphouët-Boigny. Du coup, beaucoup se sont mis à rêver de circuler librement dans ce pays sans être victimes de tracasseries policières. Erreur ! Les policiers n'ont pas cessé cette pratique juteuse pour eux. A Abidjan, dans les quartiers comme Adjamé, Abobo, Yopougon et Marcocy, les agents de sécurité arrêtent les gens en plein jour et demandent leur certificat de résidence ou leur carnet de vaccination.

Même quand vos papiers sont au complet, si vous êtes étranger, ils trouveront un prétexte pour vous extorquer un billet de banque ou des pièces de monnaie. Des journalistes burkinabè qui y séjournaient récemment ont été victimes de ce racket et ont entendu des propos du genre : "Vous venez nous envahir ici. Allez chez vous". Un discours qui montre que la xénophobie y a de grands jours devant elle.

 

n Ces 22, 23 et 24 mars 2008, les filières agro-sylvo-pastorales seront à l'honneur à Boulsa dans la province du Namentenga. En effet, il y est organisé des journées de promotion de ces filières. Deuxièmes du genre, ces 96 heures seront placées sous la présidence du ministre de l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources halieutiques, Salif Diallo, le parrainage de Léonce Koné, DG de la BACB, et sous la coordination du gouverneur Fatimata Legma. Des pays tels la Côte d'Ivoire, le Nigeria, le Niger, le Ghana seront des invités d'honneur.

 

L'Observateur Paalga du 21 mars 2008

 



25/03/2008
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