L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Voici donc la pomme de discorde ! !

Voici donc la pomme de discorde ! !

Quelques cinq mois après avoir été portée dans les fonts baptismaux, la Fédération des associations pour la Paix et le Progrès avec Blaise Compaoré sort du bois pour se donner de la visibilité. Après avoir inauguré en fanfare son siège sis à Koulouba, route de l'aéroport, elle promet les jours qui viennent de se faire entendre. En attendant, la venue de ce nouveau né intrigue et suscite appréhensions et inquiétudes.

La nouvelle fédération est née de la volonté d'unir les associations qui se réclamaient de Blaise Compaoré dans une synergie d'actions pour la paix. Si l'objectif se précise en se resserrant autour de deux concepts : la paix et le progrès, Blaise Compaoré demeure cependant et toujours le personnage central qui fonde la raison d'être de la FEDAP. Sur ce point, pas d'équivoque possible. La FEDAP n'entend pas ressembler à ces associations de la place qui oeuvrent pour la paix, dans le genre du mouvement du Dr. Pierre Bidima. Certes, la nouvelle fédération dit s'être forgée autour de l'idée de paix, mais elle entend travailler à la promotion de la paix seulement avec Blaise Compaoré. Pour les géniteurs de cette organisation, c'est donc Blaise oyé, ad vitam eternam.
Difficile pour Gaston Soubeiga, le président de la FEDAP de convaincre du caractère apolitique d'une organisation qui affiche d'emblée des choix et des objectifs politiques au nom desquels il disputait dans son discours inaugural, l'initiative aux partis politiques : "les questions touchant à la vie et à l'avenir de la Nation ne peuvent plus être l'apanage des seuls professionnels de la politique…" Les morveux ont sans doute pris bonne note. Et le CDP en premier, lui qui jusque-là domine sans partage la vie politique nationale. Au niveau de l'organisation politique, il n'est pas facile pour quelqu'un qui n'a pas fait ses armes dans les groupuscules idéologiques de s'imposer. Les groupes apparaissent en effet comme la source de la légitimité, et ce n'est pas les hommes de l'ex CNPP/PSD qui diront le contraire ! D'où la naissance de partis politiques mouvanciers, ainsi que d'organisations dites de la société civile qui mènent des actions concurrentes au CDP.

L'absence des responsables du CDP

On s'interroge sur l'absence des ténors du CDP au lancement des activités d'une association dont la référence exclusive est le chef de l'Etat. Etant la mère des organisations qui soutiennent l'action de Blaise, on s'attendait à ce que sa place, son rôle et ses rapports avec les associations qui oeuvrent ou prétendent œuvrer à l'intérieur d'une même galaxie soient définis. On a plutôt noté la splendide absence du CDP à la toute première activité de la fédération. Roch Marc Christian Kaboré semblait plutôt préoccupé par la session parlementaire en cours, tandis que Simon Compaoré était tout heureux d'avoir à se consacrer à ses baptêmes de rues. Pas de Kanidoua, de Mahama Sawadogo ou encore d'Achille Tapsoba. Un vide qui inspirera certainement des gloses pendant longtemps. Quoi qu'il en soit, l'opinion publique ne s'embarrasse pas de subtilités. Le FEDAP est une organisation concurrente du CDP. Si Salif Diallo symbolisait la résistance visible à cette association dont les objectifs lui paraissaient obscurs, d'autres barons du CDP ne nourrissaient pas moins les mêmes appréhensions vis-à-vis d'une organisation inspirée du centre même du pouvoir et dont le contrôle échappe au parti au pouvoir censé impulser l'activité des organisations qui lui sont proches. Le président du CDP, Roch Marc Christian avait, semble-t-il, levé le lièvre à une instance du parti, reconnaissant qu'il va falloir définir clairement la place et le rôle respectifs des entités associatives et partisanes de la mouvance ainsi que leurs rapports réciproques. Cette sortie du premier responsable du CDP avait surpris plus d'un. Et plus récemment, à l'occasion de la sortie de Salif Diallo du gouvernement, il avait pris sa plume pour lui témoigner la reconnaissance du parti, en même temps qu'il lui adressait des félicitations. Des signes qui montraient qu'au sein de la direction du CDP, il y avait comme une volonté de reprendre en main une situation grosse de danger pour sa survie. Les principaux responsables semblaient avoir pris la mesure de cette évolution, une évolution caractérisée par l'effritement des positions du parti dans la vie nationale et parallèlement par le resserrement du pouvoir autour de la famille présidentielle.

François Compaoré, vrai parrain de la FEDAP

Le moment ne semble pas encore venu pour le " petit président " de jouer les premiers rôles. Dans le jeu de coulisses qu'il affectionne, il aura travaillé à rassembler les associations en fédération. Tout le monde reconnaît en lui le vrai patron de la FEDAP. L'homme a cependant une qualité, c'est la discrétion. Rien à voir avec les fanfaronnades des nouveaux riches tout heureux de nous en mettre plein la vue. Dans le combat qui a opposé son beau-père à Salif Diallo, il est resté dans l'ombre, agissant lentement mais efficacement pour faire émerger son bouillant beau-père à la surface. Au finish, il a bien réussi à lui décrocher une place sur la liste nationale au dernier scrutin législatif. A la mairie de Ouaga, il avait voulu propulser son poulain, mais il s'était heurté à une résistance farouche du duo Simon-Salif. Mais tout indique que la partie est loin d'être terminée. Pour l'heure, il a réussi à caser son poulain comme premier adjoint au maire de la capitale et il est pratiquement sûr que l'homme remettra l'ouvrage à la tâche jusqu'à ce que l'objectif soit atteint. En ce qui concerne la FEDAP, il n'y aura pas de souci côté argent pour son implantation nationale. L'argent qui va couler à flots, (les opérateurs économiques qui comptent au Faso en ont fait leur affaire) sera l'argument essentiel de la mobilisation. Dans un contexte de vie chère, ce serait bon à prendre, surtout que le prix à payer n'est pas élevé aux yeux d'une population affamée. La vie politique promet donc d'être animée au Faso les jours et les mois à venir. Fait curieux cependant. Le tapage médiatique fait avant l'événement contraste fort avec le relatif silence observé par ces mêmes médias après. A l'exception du quotidien d'Etat Sidwaya qui lui a consacré quelques colonnes, la radio et la télé nationales semblent avoir observé le silence. Sauf erreur !

Germain Bitiou Nama

L’Evénement du 25 avril 2008



02/05/2008
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