L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Voyage d'affaires dans l'usine du monde

Le FASIB en République populaire de Chine

Voyage d'affaires dans l'usine du monde

 

En toute souveraineté donc, le Burkina Faso a choisi de convoler en justes noces avec Taïwan, provoquant en 1994 la rupture de ses relations diplomatiques avec la République populaire de Chine.

Malgré tout, depuis, hommes d'affaires burkinabè et chinois filent toujours du bon coton.

Car, si le "Pays des hommes intègres" est encore à la recherche de ses repères économiques, la Chine, quant à elle, a fini de se révéler comme l'usine du monde, s'insérant dans le cercle restreint des grandes puissances de la planète.

Résister à cette Chine continentale, vaste de 9 506 960 km2 et forte de ses 1 321 801 888 êtres humains, qui a bousculé l'ordre économique établi, depuis la fin de la deuxième Guerre mondiale, eût été peine perdue.

La témérité est, certes, tentante mais il faut se résoudre à l'évidence : ils sont, en tout cas, des centaines de Burkinabè qui n'hésitent point à faire le pèlerinage des affaires au "Pays du milieu" pour répondre à l'invasion commerciale annoncée.

Car, au moment où les politiques tardent à desserrer les dents, les affaires, elles, prospèrent.

On dirait donc le Forum d'amitié sino-burkinabè (FASIB) visionnaire si, demain, la République populaire de Chine et le Burkina renouaient ce lien rompu voilà treize longues années.

L'histoire retiendra que c'est à son initiative que l'Association d'amitié entre les peuples de Chine et d'Afrique a séjourné sur les bords du Kadiogo en septembre 2006.

Une année s'est donc écoulée et c'était  au tour de Zéphirin Diabré, président d'honneur du FASIB, et des siens de répondre à l'invitation de leurs amis chinois du 14 au 21 octobre, à la faveur de la 102e Foire internationale d'import-export de Canton qui, comme à son habitude, aura drainé de par le monde des milliers de visiteurs et d'acheteurs.

Un périple, riche en couleurs, qui nous a conduits de Canton à Beijing, à travers aire de foire, visites de monuments historiques, unités industrielles, institutions bancaires, spectacles et nous en oublions.

 

L'occasion était donc des plus belles pour que nous fissions la fine bouche.

Et confronter la Chine actuelle aux multiples étiquettes peu flatteuses de longue date distillées de par le monde nous eût permis d'appréhender la voie qui est la sienne en ce 21e siècle.

Nous étions à la veille de l'ouverture du 17e Congrès du Parti communiste chinois (PCC) qui renouvellera sa pleine et entière confiance au "grand camarade", le président Hu Jintao, pour un troisième et dernier mandat de cinq ans.

La messe donc dite, les réformes économiques et sociales entreprises depuis peu iront en s'approfondissant, dans un socialisme de marché mis à l'épreuve de la mondialisation.

Les congressistes se séparent sous un tonnerre d'applaudissements  à l'Assemblée nationale populaire, convaincus qu'enfin la Chine s'est réveillée, et vole de victoire en victoire, sur les chemins tortueux et insondables de la croissance économique.

 

Que de regrets !

 

Aux côtés de Zéphirin Diabré, président d'honneur, et de Karim Démé, secrétaire chargé des affaires économiques et financières du FASIB, Alain Roger Coéfé, président du Conseil d'administration de la Maison de l'Entreprise du Burkina et de Christel Marie Alice Damiba, expert-comptable et prospectrice, nous composons l'équipe burkinabè de la mission chinoise à la 102e Foire internationale d'import-export de Canton.

Une goutte d'eau dans la mer chinoise, diront les habitués de ce rendez-vous mondial des affaires, car ils étaient en effet des milliers, sinon des millions de visiteurs et d'acheteurs venus des quatre coins de la planète, à la conquête des fruits du développement économique chinois.

Mais en 2003, ils étaient des centaines d'opérateurs économiques burkinabè à cette gigantesque messe des affaires qui célèbre aussi bien les équipements industriels que les produits artisanaux et de consommation.

Les puissances économiques traditionnelles, les pays émergents étaient aux premières loges, aux aguets de la moindre opportunité.

Ce qui n'empêche en rien les "explorateurs burkinabè" de s'affirmer à travers la visite des stands qui avaient à leur menu les produits technologiques de troisième génération.

Que de merveilles dans ce paradis économique qui avait semblé pendant longtemps bouder le développement!

Face à de telles prouesses, nous dûmes noyer notre folle admiration dans le banquet offert par l'Association d'amitié des peuples de Chine et d'Afrique du Guang-dong.

Moment des plus attendus par les amis chinois pour regretter la rupture des relations diplomatiques; saluer l'initiative du FASIB d'offrir un cadre de partenariat économique et culturel aux peuples burkinabè et chinois, vanter la sincérité et l'amitié des Africains.

Mme Su Caifang du Bureau des Affaires étrangères du gouvernement populaire du Guangdong ne se fera d'ailleurs pas prier pour souhaiter que "les autorités burkinabè comprennent l'importance des relations économiques, lesquelles restent conditionnées par celles diplomatiques pour faire un grand bond".

Mais aura-t-elle prêché dans le désert burkinabè ? 

Nous n'osons y croire, au regard de la conviction des ambassadeurs du FASIB, selon laquelle la République populaire de Chine et l'Afrique ont besoin l'une de l'autre.

Mais en attendant le rétablissement encore  hypothétique des relations diplomatiques entre le pays de Mao et le Burkina, Zéphirin Diabré, lui, milite pour qu'au-delà des  deux gouvernements, l'amitié entre les deux peuples soit protégée.

 

Xi'an, la cité culturelle

 

Ainsi, nous mettons le cap sur Xi'an dans la province du Shaanxi, ville touristique de sept millions d'âmes où le 17 octobre sera consacré aussi bien à une visite des sites touristiques qu'à une exploration des unités industrielles qui ne cessent d'y pousser, tels des champignons après la pluie.

Arrêt donc sur le musée de la dynastie du Win situé à quelque 50 km de là, où, quotidiennement, des milliers de touristes se bousculent pour contempler les fameux guerriers en terre cuite.

Ce site, à l'image des ruines de Lorépéni au Burkina Faso, renferme toute une histoire. A la seule différence que lui il a déjà été érigé en patrimoine mondial par l'UNESCO depuis 1974, et remis au goût du jour pour l'attraction touristique.

Peut-être les titans étaient-ils si rares en ces lieux !

Néanmoins, l'histoire de cette cité culturelle nous enseigne que ce musée constitue la dernière demeure  des empereurs, jadis inhumés avec soldats et chevaux.

Une histoire qui fait vivre bien de Chinois, puisque ce vestige de la dynastie du Win est devenu le business center qui génère aussi bien des Yuans, des Euros que des dollars par millions au quotidien.

Deux courtes heures de visite guidée en ces lieux sacrés, et nous voici à Xi'an Hi-Tech Industries, un complexe industriel chargé depuis 1991 d'inventer la Chine de demain.

Et, plus loin, nous nous retrouvons au siège de la firme DAGANG, leader dans le secteur des machines de construction des routes et de la maintenance, qui a déjà déployé ses tentacules sur l'Afrique et l'Asie.

Séance de démonstration et explications soutenues sur la qualité et la fiabilité des engins DAGANG, et nous replongeons dans les labyrinthes de la culture chinoise,  à travers un spectacle des mille feux exécuté par la dynastie Tang.

Car l'étranger qui frappe à la porte du peuple chinois n'a d'autre privilège qu'un bain culturel préalable.

 

Et Beijing, pour accompagner l'Afrique

 

Dans la capitale chinoise, Pékin pour les uns et Beijing pour les autres, la délégation burkinabè retient d'abord l'attention des hommes d'affaires sciemment triés dans la Banque Import-Export de Chine et la Chambre de commerce Chine-Afrique.

Conjoncture internationale oblige, on y parlera aussi bien business, coopération économique que développement.

A Diabré qui s'impatientait des financements des projets en Afrique par Ex-Im Bank, son directeur général adjoint, Liu Liemge, s'est voulu rassurant : "Il y a une longue histoire entre la Chine et l'Afrique, et nous sommes disposés à l'accompagner dans son combat quotidien pour son développement économique et social.

Nous sommes prêts à apporter notre expérience à l'Afrique, et au Burkina en particulier, où nous comptons nous investir dans les ressources naturelles, comme c'est le cas en République démocratique du Congo (RDC) où nous venons  de signer une convention de 7 000 milliards de dollars US.

Mais une seule condition demeure : que la République populaire de Chine entretienne des relations diplomatiques avec l'un ou l'autre pays, car notre banque est aussi politique et ne peut, par conséquent, ignorer l'aspect diplomatique.

Néanmoins, nous sommes obligés de constater que le Burkina Faso, contrairement à d'autres pays qui entretiennent des relations officielles avec notre pays, est ouvert aux Chinois.

Nous ne perdons donc pas espoir que les relations économiques concourront un jour au rétablissement des relations diplomatiques".

Même son de cloche du côté du Conseil des investisseurs en Afrique avec une voix qui compte, celle de Hu Deping, car membre du Congrès national du peuple, vice-ministre  du Travail et du Front Uni, membre  du Comité central du Parti communiste chinois.

Alain Roger Coéfé, président du Conseil d'administration de la Maison de l'Entreprise du Burkina, ne dira pas le contraire, lui qui a saisi l'occasion pour prêcher l'intensification des relations économiques entre les deux pays qui, certainement, ont un intérêt commun pour l'énergie solaire, entre autres.

 

Main dans la main

 

Les principes et la constance sont chinois. Et cela se vérifiera encore au siège pékinois de l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger où Tang Zuoku, nouvellement promu vice-président de ladite, a réitéré les bons rapports entre les deux peuples, en dépit des divergences diplomatiques.

Et de souligner : "Nos deux  associations doivent œuvrer main dans la main pour la normalisation des relations diplomatiques entre les deux pays".

Ce qui n'est point tombé dans l'oreille d'un sourd, devant Zéphirin Diabré et sa délégation qui ont revendiqué une nouvelle forme de coopération entre la République populaire de Chine et le Burkina Faso.

La découverte des unités industrielles se poursuivra le vendredi 19 octobre par la Société SINOTRUK  qui excelle dans la fabrication, elle aussi, des engins de construction et agricoles.

Mais la bonne nouvelle, elle, était à venir avec l'engagement ferme pris le samedi 20 octobre par le vice-président superviseur de HUAWEI Technologies CO.Ltd, Guo Tianmin, de s'investir dans la formation des étudiants et stagiaires burkinabè dans le domaine complexe des télécommunications.

Car, a-t-il averti, "en dépit de l'absence  de relations diplomatiques entre la Chine et le Burkina Faso, il demeure l'amitié qui unit toujours les hommes et les femmes des deux pays".

Fondée en 1988, HUAWEI Technologies CO.Ltd compte de nos jours 62 886 employés, dont 1/8 de personnel étranger.

Premier fournisseur des équipements de télécommunications en Afrique, elle occupe le premier rang en Chine, et gravit les échelons à travers le monde.

Si elle a réalisé en 2006 un chiffre d'affaires de 11 milliards USD, elle en attend en cette année 2007 quelque 16 milliards USD.

Son credo, faire davantage mieux dans l'avenir et toujours apprendre auprès des autres.

Foi du vice-président superviseur de HUAWEI Technologies Co-Ltd, Guo Tianmin, le choix d'investir au "Pays des hommes intègres" se justifie amplement par la stabilité dont il jouit.

Bref, un séjour fructueux pour  le FASIB  quand on sait que se profile à l'horizon une foire commerciale des hommes d'affaires chinois, une semaine culturelle chinoise à Ouagadougou, et une expédition d'hommes d'affaires burkinabè en  République populaire de Chine. L'idée, en tout cas, a été émise dans les deux camps, et reste seulement à  être concrétisée.

Mais les amis chinois et burkinabè seront-ils accompagnés dans leur aventure ?

Demain nous le dira.

 

Bernard Zangré

Envoyé spécial en République populaire de Chine

L’Observateur Paalga du 25 octobre 2007



24/10/2007
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