Chemin de croix pour une flamme olympique
J.O. de Pékin
Chemin de croix pour une flamme
Le parcours de la flamme olympique a toujours été un moment fort où célébrités sportives et personnes anonymes assurent le relais à destination de la capitale des jeux depuis Olympe, en Grèce. Dernière ligne droite, avant les Jeux olympiques, ce relais à travers le monde est un événement mondial, médiatisé à outrance. C'est sans doute de là que proviennent aujourd'hui les avatars de la flamme olympique des jeux de Pékin, dont on se demande dans quel état elle arrivera à destination. Les activistes de la cause tibétaine ont saisi cette opportunité pour critiquer la politique chinoise à l'égard de cette région dont le très charismatique Dalaï-Lama préside aux destinées. Ce guide spirituel a longtemps joui de la sympathie de l'opinion publique européenne, comme le leader d'un peuple opprimé qui aspire à l'indépendance ou, à tout le moins, à une certaine autonomie. Cette opinion voit donc à travers le boycott et le sabotage du parcours de la flamme une façon d'interpeller Pékin.
A Paris, la flamme s'est éteinte à trois reprises et a dû terminer son trajet en bus. Une contre-publicité et un demi-échec qui ne sauraient laisser personne indifférent. Les opinions publiques européennes montrent bien la fracture entre elles et leurs gouvernants sur la question tibétaine. Elles demandent et exigent un changement de politique de la part de Pékin. Les gouvernements n'en pensent pas moins. Mais, coincés entre la real politik, celle de leurs intérêts économiques et financiers et leur volonté de défendre et de faire respecter les droits humains, les dirigeants occidentaux sont réduits à faire profil bas. On l'a vu avec la valse-hésitation de Nicolas Sarkozy sur son éventuelle participation ou non à la cérémonie d'ouverture. Le président Bush, lui, a été interpellé par la candidate démocrate Hilary Clinton qui lui demande de ne pas participer à la cérémonie. Une pression s'exerce progressivement sur les dirigeants occidentaux et il n'est pas exclu qu'à l'arrivée, certains hésitent à honorer de leur présence la cérémonie d'ouverture. Le parcours de la flamme prend des allures politiques ; les jeux qui symbolisent la paix et la fraternité entre les peuples, sont relégués au second plan pour l'instant. Les contre- manifestations organisées sur le parcours de la flamme sont révélatrices de l'inconséquence des Occidentaux face à la question du respect et de la défense des droits humains. Tant que les rapports entre l'Occident et
Dans cette bataille de l'opinion, seule contre tous,
Les protestations de Pékin n'y feront rien. En acceptant les jeux , elle savait très bien que le problème tibétain se poserait tôt ou tard. Mais qu'a-t-elle fait pour donner des gages de sa bonne volonté sur ce dossier? Il est vrai que le Comité olympique international ne veut pas mêler cette question à la désignation d'un pays pour abriter les jeux, mais il aurait pu poser des préalables. Le C.I.O. se voit obligé aujourd'hui d'envisager à l'avenir la suppression du parcours de la flamme. C'est toute une tradition qui risque de se perdre ainsi. Les torts sont partagés. Personne n'a-t-il remarqué que dans un monde aujourd'hui unipolaire, le seul vrai point de ralliement reste la préservation et la défense des droits humains ? Pourquoi confier l'organisation à un pays dont on savait qu'il n'est pas exemplaire en matière de respect des droits de l'homme ? Ce qui arrive, on l'aura tous cherché. Les J.O. de Pékin sont aujourd'hui plus politiques que jamais ; les organisateurs devraient en tenir désormais compte s'ils veulent des jeux propres et consensuels.
Le Pays du 9 avril 2008
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