Gestion de la SN-SOSUCO : L'espoir déçu des syndicats
Gestion de la SN-SOSUCO
L'espoir déçu des syndicats
Les syndicats de la SN-SOSUCO, la société sucrière du Burkina, se disent déçus de la gestion de l'entreprise par son Directeur général, Mamady Sanoh. Dans la lettre ouverte ci-dessous qui lui est destinée, les syndicats s'interrogent sur sa capacité à sortir la société de la crise.
Monsieur le Directeur Général,
Nous venons par la présente vous interpeller sur la situation que traverse notre entreprise, la SN-SOSUCO.
Depuis plus de trois ans, la SN-SOSUCO traverse l’une des plus graves crises de son histoire. Cette crise est le résultat d’une gestion très opaque. En effet, depuis la privatisation, tout avait été mis en œuvre pour écarter les organisations syndicales de la gestion de la SN-SOSUCO notre entreprise commune ; aucune place n’était laissée à la contestation. Aussi, pendant que des records de productivité étaient réalisés la trésorerie de l’entreprise devenait de plus en plus inquiétante :
- les salaires étaient payés entre le 5 et 10 de chaque mois ;
- l’entretien de l’usine se faisait sans les pièces de rechanges ;
- les pharmacies refusaient les "bons" d’ordonnances médicales ;
- la CNSS ne payait plus les allocations familiales ; etc.
L’opacité de la gestion avait entraîné un pillage de l’entreprise ; de nombreux vols restaient impunis, plus de cinq milliards (5 000 000 000) de francs de sucre ont été vendus à des clients devenus subitement « douteux ».
A votre accession au poste de Directeur Général, nous avions un réel espoir de sortie de crise :- votre position vis-à-vis des syndicats tranchait avec celle de votre prédécesseur. Vous vouliez, en effet, la participation de toutes les ressources de l’entreprise pour redonner à la SN-SOSUCO son lustre d’antan ;
- tout de suite vous avez pris l’engagement d’assainir la gestion de la SN-SOSUCO et de lutter contre l’impunité en traquant ses pilleurs ;
- vous avez également pris l’engagement de vous battre, aux côtés de notre président du Conseil d’Administration, afin que la recapitalisation, condition sine qua non pour la survie de la SN-SOSUCO, devienne une réalité.
Aujourd’hui, quel bilan pouvons-nous tirer quant à toutes ces promesses ?
- Au sujet des syndicats, même si des efforts restent à faire, nous reconnaissons que des progrès, comparativement à votre prédécesseur, ont été réalisés ;
- Pour ce qui est de l’assainissement de la gestion, nous restons sur notre faim. En effet, sous votre direction, un contrat "rocambolesque" de location de voitures a été réalisé. Des nominations et "dénominations" en cascades à l’allure de récompense pour "vos amis" et de sanction pour les autres sont devenus monnaie courante ;
- Malgré le puissant dispositif de sécurité que vous avez mis en place, en recrutant un ancien haut cadre de notre police nationale, en impliquant fortement la gendarmerie et la police provinciale (voire nationale), de nombreux vols sont commis sur le périmètre sucrier. Malgré toutes vos promesses et la création d’un service contentieux et recouvrement que vous avez mis sur pied dès votre nomination à la tête de notre entreprise vous n’avez pas pu recouvrer plus de 3% de nos créances. Ce service a d’ailleurs fini par disparaître comme pour montrer votre incapacité à recouvrer ces milliards de créances. Pire ce sont certaines de ces entreprises qui nous poursuivent avec succès (l’équivalent de cent vingt millions de francs de sucre a été saisi par la justice au profit de Mme Koné/Ouédraogo Azéta, alors que la même dame resterait redevable de la SN-SOSUCO de près de quatre cent millions de francs) ;
- La recapitalisation tant annoncée semble se faire attendre. Si l’opération a eu lieu elle n’a pas apporté les fruits escomptés. En effet, la recapitalisation était sensée assainir les comptes de l’entreprise. Mais toutes les fins de mois la Direction Finance et Comptabilité remue ciel et terre pour que les travailleurs puissent avoir leur salaire. De nombreux partenaires sont fatigués d’avoir usé leurs souliers à force de courir vainement après leur chèque.
- Malgré tout, les travailleurs n’ont jamais baissé les bras ; en témoigne la reprise de la productivité (près de 30 000 T de sucre produits la campagne écoulée et plus de 34 000 T prévues pour la campagne à venir) . Mieux, un réel espoir est né quand les travailleurs ont appris qu’ une nouvelle politique de marketing , pour pallier nos difficultés de commercialisation , a été mise en place à travers un contrat de publicité de près de soixante millions (60 000 000) de francs CFA. Mais très vite l’espoir s’est envolé quand nous avons appris que vous vous êtes battu pour faire annuler ce contrat au profit d’un autre qui nous coûterait plus de cent quatre vingt dix millions (190 000 000) de francs CFA avec en plus le risque de devoir répondre en justice pour une rupture abusive de contrat. Nous nous permettons de vous rappeler, Monsieur le Directeur Général, avec tout le respect que nous vous devons, que 60 000 000 c’était déjà beaucoup de sacrifices dans notre situation actuelle.
Au regard de tous ces constats nous nous interrogeons , sérieusement , sur votre capacité à sortir la SN-SOSUCO de cette crise qui n’a que trop duré.
Dans l’espoir que vous ferez bonne réception de la présente , recevez Monsieur le Directeur Général , nos salutations respectueuses.
Banfora, le jeudi 11 octobre 2007
Pour la CGT-B/
Le Secrétaire général
Abdoulaye TIALA
Pour la FESBACI/
Le Secrétaire général
Amadou DIAO
Pour l’ONSL/
Le Secrétaire général/
Basile SANOU
Pour le SYNTCAS/
Le Secrétaire général Adjoint
Luc COULIBALY
Pour le Collectif des Délégués du Personnel
Amado KOUANDA
Le Pays du 24 octobre 2007
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