Gouverneur de la BCEAO : Même si c'est un Tchétchène, trouvons-le !
Gouverneur de
Même si c'est un Tchétchène, trouvons-le !
D'abord prévus pour mi-décembre, c'est finalement aujourd'hui et demain que se tiennent à Ouagadougou les sommets couplés de l'Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et de
Dans la capitale burkinabè donc, sur l'agenda que le Conseil des ministres a préparé pour les chefs d'Etat et de gouvernement, il sera notamment question des Accords de partenariat économique, ces fameux APE qui divisent d'une part Européens et Africains d'une part et d'autre part Africains entre eux ; du cours du pétrole, qui flirte depuis avec la barre symbolique et fatidique des 100 dollars et qui finit de plomber des pays déjà mal lotis pour la plupart ; de croissance et d'inflation ainsi que du train de la paix, qui avance cahin-caha en Côte d'Ivoire depuis l'accord politique de Ouagadougou, conclu le 4 mars 2007 entre les belligérants sous l'égide du président Blaise Compaoré.
Des sujets aussi importants les uns que les autres et qui déterminent notre commune destinée, mais à côté de cet ordre du jour officiel, le propre de rencontres comme celles-là est d'être toujours rattrapées par l'actualité brûlante.
Sur ce point, et bien que ça se passe loin de leur "circonscription électorale", les premiers responsables de l'UEMOA et de
Presque tous autant qu'ils sont s'arrangent quelquefois avec la réalité des urnes ou tripatouillent les lois (code électoral, Constitution) selon leur humeur du moment, oubliant qu'en dansant ainsi au bord du précipice, ils font le lit des violences futures. Ceux qui nous gouvernent devraient de ce fait méditer ce qui se passe à Nairobi, Mombassa, Eldoret ou Kisumu où les violences nées de la présidentielle contestée du 27 décembre ont, à ce jour, fait au moins 700 morts, plus de 100 000 déplacés et entamé durablement l'image de stabilité et partant l'économie d'un Etat que beaucoup enviaient.
Un sommet c'est aussi des bruits de couloirs et des tractations tous azimuts. Au-delà donc des discours soporifiques qui vont nous être servis, Ouagadougou devra enfin accorder les violons des participants pour trancher enfin la douloureuse question du gouvernorat de
Comme chacun le sait, depuis la nomination en décembre 2005 de Charles Konan Banny comme premier ministre de
Seulement voilà, selon de mystérieuses règles non écrites dont on ne sait même pas qui les a édictées,
Les défenseurs de ce privilège tirent notamment argument de ce que le pays d'Houphouët représente environ 40% du poids économique de l'UEMOA, dont elle est naturellement la locomotive même si sans les wagons une locomotive ne vaut pas grand-chose. En tout cas, Paul-Antoine Bohoun Bouabré (ministre d'Etat chargé du Plan et du Développement dans le gouvernement Soro) compte bien s'asseoir sur le fauteuil occupé jadis par Abdoulaye Fadiga, Alassane Dramane Ouattara et Charles Konan Banny. A moins que ce ne soit finalement d'autres personnalités ivoiriennes à l'image de Tiémoko Meylier Koné, de Théophile Ahoua N'Doli, de Jean-Claude Brou ou encore de Safiatou Bâ N'Daw.
Mais le propos d'Hama Amadou résume assez bien le sentiment, un mélange d'agacement et de désir de changement, de ceux qui veulent grignoter la part de l'Eléphant et qui revendiquent l'ouverture de ces postes à tous les Etats. "Les Ivoiriens ont le droit de présenter leur candidat, mais les autres pays aussi", a en effet déclaré récemment l'ancien premier ministre nigérien (in Jeune Afrique n°2452 du 6 au 12 janvier 2008).
S'achemine-t-on donc vers une remise en cause de cet acquis ivoirien ? Assistera-t-on à un jeu de chaises musicales à Ouaga 2000 ? Rien n'est moins sûr même si ce monopole, pourquoi s'en cacher, pose de plus en plus problème. C'est d'ailleurs, à l'échelle sous-régionale, la réplique de la bagarre mondiale du fauteuil réservé au sujet des institutions de Bretton Woods, Américains et Européens ayant fait main basse, depuis 60 ans, sur
Ou alors, ces fameuses règles non écrites, il faut les rédiger (ce qui est plutôt inimaginable) pour que chacun sache à quoi s'en tenir sinon on se tait à jamais et on ne les invoque plus pour protéger son gombo.
En attendant, il y a urgence, dût-on placer un Tchétchène ou un Inuit à la tête de
Souhaitons donc que la sagesse et le sens du compromis visitent ces princes qui nous gouvernent pour qu'enfin, ils puissent s'élever au-dessus de leurs considérations micro-étatiques dans l'intérêt de tous. Certaines ambitions et certains orgueils nationaux seront forcément sacrifiés sur l'autel des inévitables marchandages qui vont accoucher du nouveau gouverneur de
Ousséni Ilboudo
L’Observateur Paalga du 17 janvier 2007
Notes :
(1) Après la nomination d'Alassane Dramane Ouattara à la primature ivoirienne, Charles Konan Banny avait, lui aussi, assuré un long remplacement, de 1990 à 1993, avant d'être confirmé
(2)
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