Le continent noir et ses soupirants aux yeux bridés (Sommet Japon/Afrique)
Sommet Japon/Afrique
Le continent noir et ses soupirants aux yeux bridés
Tous les pays africains, excepté
Le Japon, qui octroie une aide de près de 600 millions d’euros à l’Afrique, escompte la doubler d’ici à 2012. Promesse a été aussi faite, crise alimentaire oblige, d’aider à accroître substantiellement la production du riz sous nos tropiques. Avec le TICAD, le pays du Soleil-Levant espère réussir une percée sur le continent en encourageant les entrepreneurs nippons à investir en Afrique, «cet endroit sûr, prometteur et lucratif», selon les propres propos de Yasuo Fukuda, le Premier ministre japonais.
Comme on le voit, ces dernières années, le berceau de l’Humanité, malgré les maladies, les guerres et les crises sociales de tout genre qui y sévissent, suscite un regain d’intérêt de la part des pays développés. Et les initiatives foisonnent pour courtiser l’Afrique, comme une jeune fille dont tous veulent s’attirer les faveurs, à savoir les matières premières (minerais, café, cacao, coton, bois, etc.) et les sources d’énergie (pétrole et gaz naturel).
Et de fait, de nombreuses études montrent que la dépendance des pays développés vis-à-vis du pétrole africains va aller croissant. C’est ce qui explique les multiples sollicitations dont notre continent fait l’objet. Les sommets France/Afrique, Union européenne/Afrique, Chine-Afrique, Inde/Afrique, Japon/Afrique, l’AGOA, et nous en oublions, sont autant de cadres de rencontres pour charmer un continent très riche en ressources naturelles, mais qui, malheureusement, peine et traîne les pieds sur le chemin du développement.
Comme une fille frivole, les pays africains sont toujours prompts à répondre à ces rendez-vous galants, où leurs dirigeants se bousculent au portillon des prétendants. Actuellement à Yokohama, on dénombre plus de 44 de nos chefs d’Etat. Alors que ces mêmes chefs rechignent à participer aux différents sommets de l’Union africaine, où rarement on compte une trentaine de présidents.
On comprend que l’Afrique ait de plus en plus besoin d’ouvrir ses portes à ses partenaires des autres continents. Mais il faut remarquer que ceux-ci sont très gloutons en ressources naturelles. Et pour obtenir satisfaction, ils sont prêts à tout. Rappelons-nous le scandale, encore récent, des contrats miniers entre
C’est pour tout cela qu’il est légitime de se demander si ces foires au sommet ne sont pas de véritables marchés de dupes. Car, depuis des décennies, malgré la tenue régulière de ces jamborees et les milliards de dollars déversés sur le continent, l’Afrique patauge dans la fange du sous-développement.
Nos dirigeants, en se rendant à Tokyo, devraient en profiter y prendre de la graine, car le Japon, il y a quelques décennies de cela, était au même niveau de développement que l’Afrique. Et malgré la guerre qu’il a connue, le pays du Soleil- Levant a réussi à se propulser dans le peloton de tête des pays les plus riches du monde. Pourtant, il ne dispose de ressources ni minières ni énergétiques. Mais en misant sur son atout majeur, le génie des ses fils, ce pays a pu se hisser et s’éloigner de la misère.
C’est dire que l’Afrique, qui est très riche en ressources naturelles, a, en réalité, toutes les cartes en main pour réussir son développement. Mais le continent reste miné par des divisions intestines, des guerres fratricides et la mauvaise gestion. Et la pauvreté, qui y sévit, a fini par tuer tout patriotisme chez nombre de nos dirigeants, lesquels se préoccupent plus de lutter contre leur propre pauvreté que de se retrousser les manches contre la misère du pays. Dans ces conditions, la priorité de toute personne qui parvient au pouvoir est de se constituer très rapidement une poire pour la soif au cas où elle quitterait les affaires. Et donc de détournement en détournement de fonds, le pays stagne dans les abîmes de la faim et de la pauvreté tandis qu’une minorité d’individus est repue.
C’est dire que ces différents sommets ont encore de beaux jours devant eux, car ce n’est pas bientôt que l’Afrique, avec cette triste mentalité de nombre de ses fils au pouvoir, pourra se sortir du sous-développement.
San Evariste Barro
L’Observateur Paalga du 29 mai 2008
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