NIGER : Foire d’empoignes à l’hémicycle
L’air du temps
Foire d’empoignes à l’hémicycle
Lundi et mardi derniers, les muses de la controverse et de la confusion avaient assurément élu domicile au sein l’hémicycle. Sans doute du fait des vives passions qu’il suscitait dans certains esprits, le débat sur la motion de censure déposée par un groupe de députés de l’opposition contre le Premier ministre, Chef du gouvernement, n’a pas été cette fois-ci un exercice aisé. Le ton a été donné dès l’ouverture de la séance où on sentait déjà les battements d’aile des vieux démons de la divergence. Ainsi, les discussions ont-elles démarré sur les chapeaux de….langues pour s'embrouiller rapidement dans les labyrinthes de la polémique et de la discorde, le tout sur fond d’imbroglio juridico-procédurier sans issue.
Assurons-nous d’abord qu’au regard de la loi, il n’y a aucune entrave à débattre d’un sujet ayant trait à une affaire encore pendante devant une cour de justice, proposent les députés de la majorité. Diversion et manœuvres dilatoires ! rétorquent leurs homologues d’en face. Tel était le ton qui a dominé les échanges entre les deux camps. Ainsi, plus on avance, plus on s’enfonce dans l’impasse. Tant et si bien qu’à certains moments, l’atmosphère prit la tournure d’une véritable foire d’empoignes au sein de l’hémicycle.
Même si le spectacle auquel nous avons assisté lors de la séance de lundi dépeint de façon schématique la nature des rapports qui existent traditionnellement entre l’opposition et la majorité dans toutes les assemblées du monde, beaucoup d’observateurs se sont sentis désabusés devant certaines scènes plutôt déconcertantes. Mus par cette passion dévorante d’imposer leurs avis (ce qui jure royalement avec la règle la plus élémentaire de la démocratie qui implique l’acceptation de la contradiction, sans jamais sombrer dans la contrariété), certains de nos honorables députés ont bafoué les règles de la discipline.
Même les multiples appels à l’ordre scandés par les interminables coups de marteau assénés par le président n’ont pas eu raison du chahut qui s’est emparé de la salle. Quand les uns entretiennent le boucan pour empêcher à l’intervenant de développer ses idées, les autres se chamaillent, en direct, sous les feux des caméras. Toutes choses qui rompent royalement avec les dispositions des articles 41 et 69 du Règlement Intérieur de l’Institution.
Témoin attentif de ce ‘’show parlementaire’’, le public n’a pas voulu rater la moindre séquence du feuilleton. Ce fut l’occasion pour nombre d’électeurs d’apprécier à sa juste valeur l’idée que certains de leurs élus se font de la représentation du peuple au sein de l’hémicycle. Les laisser faire, élection viendra…
Assane Soumana
Sahel Dimanche du 1er juin 2007
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