Saison agricole au Nord : Survol de la campagne avec le DR de l'Agriculture
Saison agricole au Nord
Survol de la campagne avec le DR de l'Agriculture
Insuffisance pluviométrique, inadaptation du sol, pénurie d’eau criarde, présence d’arsenic dans certains puits, difficultés de commercialisation des produits maraîchers. Au regard de tous ces maux, vivre dans la région du Nord n’est pas loin d’être un calvaire pour les différentes couches sociales. L’énergie visiblement débordante, Seydou Sana, directeur régional (DR) de l’Agriculture, de l’hydraulique et des Ressources halieutiques du Nord et ses collaborateurs, toujours au four et au moulin, travaillent d’arrache-pied pour amoindrir ces difficultés. Avec lui, nous avons échangé sur les problèmes cités plus haut et les projets en cours.
Comment appréciez-vous le début de l'hivernage dans la région du Nord ?
• La campagne agricole 2007/2008 a connu un démarrage difficile, surtout marqué par une pluviométrie très capricieuse et inégalement répartie dans l’espace et dans le temps. Cela a entraîné comme corollaire le démarrage tardif des semis sur toute l’étendue de la région.
Comparativement à la campagne dernière, la présente accuse un retard important, très visible aussi bien dans son installation qu’au niveau des stades phénologiques des cultures. Mais à la faveur des pluies enregistrées à la troisième décade de juin et à la première décade de juillet, nous assistons en ce moment à une normalisation progressive de la situation. Somme toute, l’espoir est permis si la bonne situation actuelle se maintenait.
Le début de la saison a été marqué par des vents violents et de fortes pluies. Y a-t-il une explication à cela ?
• Il s’agit sans doute d’un phénomène naturel qui pourrait trouver une explication avec la météo, mais qui serait, de notre point de vue, lié au phénomène de changements climatiques qui provoquent dans tous les pays du monde des situations climatiques inhabituelles. C’est le cas du réchauffement de la surface de
Il arrive que les pluies tombent régulièrement en début de saison, pour se faire rares vers la fin. Y a-t-il des solutions pour s’adapter à cette donnée ?
• Il faut, à notre avis, développer des techniques de production adaptées pour y faire face. Aussi la recherche agricole dispose-t-elle aujourd’hui d’une gamme variée de semences performantes hautement productives et adaptées au contexte agroclimatique de chaque région agricole. Et il faut que les producteurs se rendent à l’évidence qu’ils doivent plus que jamais changer leurs pratiques culturales, pour se conformer à la nouvelle situation et évoluer vers une agriculture plus technique et scientifique. Il faut également souligner l’intervention du programme Saaga qui permet de corriger les déficits hydriques constatés surtout au moment où les plants en ont le plus besoin pour boucler leur cycle végétatif.
Concernant l’arsenic dans les puits et forages, vous aviez parlé d’un programme de sensibilisation qui devait aboutir à la fermeture des points d’eau recensés. Où en sommes-nous aujourd’hui ?
• La fin de l’année
Des actions fortes de dynamisation des structures régionales et nationales ont été conduites. Au niveau régional, des activités d’IFC se sont renforcées et les résultats des analyses des eaux de forages ont permis de procéder à la fermeture de 24 forages et à leur remplacement dans le cadre de la campagne des 100 forages en cours, conduite par notre direction régionale.
Le problème d’eau est très récurrent dans la région du Nord. Il y a des localités comme Kaïn, où les populations peinent à se procurer le liquide précieux, et également dans la commune de Ouahigouya où le manque d’eau est lancinant à un certain moment de l’année. Y a-t-il des lueurs d’espoirs ?
• Pour le cas particulier de la commune de Kaïn, des actions concrètes ont été menées par
Il paraît que suite au PEEN, un important projet qui avait existé a redémarré présentement, mais sous la coupe de votre direction. On voit des voitures qui circulent, mais on ne sait pas au juste ce que fait ce projet. Pouvez-vous éclairer un peu notre lanterne ?
• C’est vrai, le Projet eau et environnement du Nord (PEEN), a exécuté environ 360 forages. Cette même phase de la coopération danoise était conduite dans la région du Centre- Est. Les orientations issues des échanges entre
Il s’agit de la composante appui au PAGIRE (Plan d’action des gestions intégrées des ressources en eau), la composante eau hygiène et assainissement en milieu rural et semi-urbain, la composante appui institutionnel, la composante appui au secteur privé de l’eau et de l’assainissement, la composante eau hygiène et assainissement en milieu urbain.
La composante eau hygiène et assainissement est exécutée par trois (3) régions, à savoir : le Nord, le Centre-Nord et
Cette composante d’un montant de 13 964 595
C’est dans le cadre de cette composante que nous exécutons nos activités d’approvisionnement en eau potable et assainissement et bénéficions d’un appui considérable dans la lutte pour la maîtrise de la réalisation des ouvrages contaminés à l’arsenic et pour la question de la pureté de l’eau en général dans la région.
Ce financement permet la réalisation et la réhabilitation d’ouvrages, la conduite d’activités d’animation pour la promotion de l’hygiène, la réalisation de latrines institutionnelles et la mise en œuvre de la réforme sur le système de gestion et de maintenance des infrastructures d’approvisionnement en eau potable dans les quatre (4) provinces de la région du Nord.
Beaucoup d’associations, d’ONG et de projets travaillent dans le domaine agricole. Est-ce que par moments les uns ne marchent pas sur les pieds des autres ?
• Plusieurs partenaires interviennent dans le domaine agricole au niveau de la région du Nord dont les actions sont importantes et contribuent ainsi à l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et du Cadre stratégique de lutte contre la pauvreté (CSLP). Parmi ces projets et programmes, nous pouvons citer le Programme de développement rural durable (PDRD), le Plan d’action pour la filière riz (PAFR), le Projet riz pluvial (PRP), AFRICARE, le Projet de mise en valeur durable des petits barrages (PP/BAD) et le Projet sécurité alimentaire par la récupération des terres dégradées (PSA/RTD), qui réalisent des ouvrages importants dans le domaine agricole, notamment des puits maraîchers, et des aménagements de bas-fonds pour la riziculture, des aménagements divers, la création d’activités génératrices de revenus, l’octroi de microcrédits, etc.
En plus de ces partenaires, il existe des ONG et des associations qui, chacune suivant ses objectifs, essaient autant que faire se peut de contribuer à l’atteinte des objectifs du CSLP et des OMD.
Cependant, je conviens avec vous qu’il est difficile de capitaliser les activités de certaines ONG et associations, qui travaillent sans collaboration avec les services techniques appropriés. Cela n’est pas sans conséquences pour une meilleure appropriation des actions de développement de la région.
Avec l’appui des autorités régionales, qui ne ménagent aucun effort pour accompagner nos initiatives et surtout appuyer toutes suggestions à même de contribuer à une meilleure lisibilité des réalisations des partenaires, je pense que nos efforts ne sont pas vains.
A certains endroits du barrage Oumarou Kanazoé de Yako, beaucoup de maraîchers ont vu leurs tomates pourrir cette année, faute de débouchés pour les écouler. Des dispositions peuvent-elles être prises pour aider les producteurs à trouver des voies de commercialisation ou les amener à changer de culture?
• La détérioration des tomates aux abords du barrage de Toécé (Barrage Oumarou Kanazoé), nous a beaucoup touché au même titre que les producteurs eux-mêmes. C’est vraiment triste et douloureux de voir des gens travailler pendant 3 à 4 mois, sans être capables de jouir des fruits de leurs efforts. Mais il faut reconnaître qu’au-delà de l’appui conseil, qui, du reste, est assuré par nos agents sur le terrain, c’est surtout un problème d’organisation des acteurs de la filière qui se pose. En effet, les producteurs maraîchers éprouvent de sérieuses difficultés dans l’organisation, l’exploitation et la gestion de leurs entreprises agricoles, si bien qu’ils ont du mal à se définir de manière claire et précise des objectifs de production qui tiennent véritablement compte d’un calendrier de production bien étudié et des opportunités de marché. Ce qui, le plus souvent, les conduits à une production et à une vente groupées, chose qui occasionne la mévente et par voie de conséquence, ne rentabilise pas leur activité. De nos jours, la politique gouvernementale en matière de développement agricole repose sur la responsabilisation des acteurs à la base et le renforcement de leurs capacités techniques et opérationnelles. C’est donc dire qu’à partir du moment où l’Etat leur permet de produire en mettant en place des aménagements hydroagricoles et en assurant l’accompagnement technique, il revient aux producteurs de s’organiser pour mieux planifier leur production, mieux produire afin de mettre à la disposition des consommateurs des produits de qualité et compétitifs sur le marché national et international.
Cependant, des actions d’accompagnement sont entreprises par le gouvernement à travers la formulation de projets et programmes entrant en droite ligne dans ces préoccupations. Il s’agit, entre autres intervenants dans la région du Nord, du Programme d'appui aux filières agro-sylvo-pastorales (PAFASP) dont nous abritons l’antenne régionale, du Projet de développement des filières agricoles (PROFIL) en cours d’installation et bien d’autres acteurs qui interviennent à partir de Ouagadougou.
J’ose croire que l’aboutissement de ces actions gouvernementales en cours engagera sans nul doute une réelle dynamisation et une meilleure appropriation du secteur par les acteurs eux-mêmes.
Propos recueillis par
Emery Albert Ouédraogo
L’Observateur Paalga du 3 août 2007
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