3 mois d'importation de riz, de lait, de "macoroni" sans douane
Flambée des prix
3 mois d'importation de riz, de lait, de "macoroni" sans douane
Après des mois de silence, le point de presse du gouvernement a repris, hier 27 février 2008, avec deux sujets à l'ordre du jour : la flambée des prix des produits de première nécessité et les dernières casses de Bobo, de Ouahigouya et de Banfora.
Après avoir réaffirmé la volonté du gouvernement d'avoir toujours une oreille attentive face aux souhaits de toutes les couches burkinabè, le ministre-porte-parole du gouvernement, Filippe Sawadogo, a annoncé la mesure issue du Conseil des ministres de ce mercredi 27 février 2008 : la suspension des droits de douane sur des produits tels le lait en poudre pour bébé, le lait concentré, les pâtes alimentaires (macoroni comme l'appelle l'homme de la rue), le riz et le sucre importé, le sel. En outre, les huiles et le sucre fabriqués au Burkina (SOSUCO, CITEC-Huilerie) connaîtront, en concertation avec lesdites sociétés, des baisses.
Ces mesures sont valables pour 3 mois renouvelables. Mais attention, a précisé le gouvernement, il y aura un temps de battement pour la simple raison que les anciens stocks que certains commerçants ont déjà sur place ne sauraient être concernés par ces mesures, car déjà dédouanés.
Pour le ministre de l'Economie et des Finances, Jean-Baptiste Compaoré, de nombreux pays sont confrontés à ce phénomène de flambée de prix, mais le Burkina Faso est le premier à prendre des mesures. De plus, il a ajouté : "où a-t-on vu des commerçants se préoccuper de la flambée de prix... ? le problème des casses n'a rien à voir avec l'augmentation des prix...".
Et la question des stockages au niveau de Ouagarinter qui engorgent l'espace ? Selon le grand argentier, cet engorgement est du fait de ceux qui déclaraient moins de 3 millions d'importation pour échapper à la douane. "Nous leur avons fait comprendre que c'est du donnant-donnant... le gouvernement peut supprimer les pénalités, mais les commerçants doivent nous donner les frais factures...".
Est-ce que cette volonté du gouvernement d'augmenter l'assiette des recettes est due à une injonction de la Banque mondiale ? "La Banque mondiale nous incite à mieux recouvrer les recettes ; si sanctions il doit y avoir, c'est l'UEMOA qui peut les prendre...".
Combien vont coûter ces mesures de suppression de taxes douanières sur les produits ci-dessus cités durant les 3 mois ?
A peu près 3 milliards, a répondu Jean-Baptiste Compaoré, et le gouvernement doit compenser ce volet qui rejoint celui des dépenses budgétaires, a-t-il dit en substance.
Comment va procéder l'Etat pour surveiller l'application des prix ?
"Les mesures annoncées doivent être appliquées par les opérateurs économiques et, avec cette baisse des droits douaniers, les prix doivent baisser", a répondu Mamadou Sanou, le ministre du Commerce.
Il ajoutera que pour la surveillance de ces prix, toutes les compétences sont sollicitées.
Enfin, pour ce qui est de la question sécuritaire, le ministre de l'Administration territoriale et de la Décentralisation (MATD), Clément Sawadogo, dira : "Les forces de sécurités ont interpellé des personnes (Ndlr : 155) et elles seront, pour celles dont la responsabilité est établie, sanctionnées selon les lois en vigueur". Pour le ministre en charge des Libertés publiques, il faut que cessent les arrangements à l'amiable pour les fauteurs de trouble et les casseurs ; désormais les casseurs seront les payeurs.
Enfin, interpellé sur la communication gouvernementale qui paraît bancale (rencontre tous azimuts après les casses), Filippe Sawadogo dira que la communication gouvernementale existe bien : "Elle n'a pas d'objectifs au départ, mais nous savons anticiper à partir de réalités et d'observations".
On retiendra donc de ce point de presse trois choses : les mesures douanières concernant certains produits de base, la volonté du gouvernement de poursuivre sa lutte contre la fraude douanière et fiscale, et, enfin, que le gouvernement est convaincu que les casses survenues le 20 février 2008 ont leurs causes ailleurs, mais ne sont pas relatives à la flambée des prix.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga du 28 février 2008
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