L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Le 19e chef suprême des Tiéfo intronisé

Chefferie traditionnelle

Le 19e chef suprême des Tiéfo intronisé

 

Depuis la nuit des temps, le peuple Tiéfo a toujours su s’organiser et se faire diriger par un chef issu des siens. C’est pour perpétuer cette tradition, qu’il a été organisé à l’initiative de l’Association de développement Tiéfo Amoro (ADTA) la cérémonie solennelle d’installation du nouveau chef suprême des Tiéfo, le samedi 07 avril 2007 à Noumoudara village situé à 25 km de Bobo sur l’axe Bobo-Banfora dans la province du Houet.

C’est le Secrétaire général de la région des Hauts-Bassins, Amed Sory OUATTARA qui a été choisi pour parrainer cette manifestation. Il avait à ses côtés le Secrétaire général du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie, le Haut-commissaire du Houet, le maire de Bobo et plusieurs autres invités de marque.
C’est la première fois, depuis 1975 qu’un pareil événement avait réuni la communauté Tiéfo. C’est, en effet, à cette date qu’avait été intronisé Maloumandi OUATTARA. Ce dernier régna jusqu’à son décès le 08 janvier 2004. Après ses funérailles et les différents rites, son successeur Badjori OUATTARA est monté sur le trône théoriquement le 12 février 2006. Désormais s’est lui le Gborotigui, chef suprême des Tiéfo.
Petit fils de Tiéfo Amoro OUATTARA, le nouveau chef est né vers 1932 à Noumoudara. Il avait migré vers la vallée du Kou (Bama) où il a vécu plus de 30 ans. C’est d’ailleurs de là que les gardiens de la tradition Tiéfo lui ont fait appel pour occuper le trône laissé vacant. Le nouveau chef qui va ainsi conduire la destinée des Tiéfo au moment où tous les peuples aspirent à marquer leur identité, est présenté comme un homme d’honneur, de parole et de consensus. Son autorité s’étend sur 52 villages.

De l’origine du Gborotigui

Le 19e Gborotigui, chef suprême des Tiéfo

Le Gborotigui est le chef suprême de tous les Tiéfo. Son règne a été institué vers 1700 par Boua OUATTARA, venu de Kong (Côte d’Ivoire) avec l’armée de Famangan OUATTARA. Boua OUATTARA, fils du chef de Noumoudara à l’époque, fut enlevé dès son jeune âge par les hommes de Famangan, roi de Kong, sur recommandation de son marabout. Boua OUATTARA apprit alors le métier des armes et à la tête des troupes de Famangan, il contribua à l’extension du Royaume de Kong depuis le Nord de l’actuelle Côte d’Ivoire jusque dans la partie méridionale du Burkina Faso. Après ce grand service rendu au Royaume de Kong, Famanga décida d’affranchir Boua OUATTARA et le raccompagne à Noumoudara. Boua fonda ainsi la dynastie des Gborotigui. Le pouvoir de Gborotigui connut son apogée sous le règne de Amoro OUATTARA communément appelé « Tiéfo Amoro ». L’évocation de ce nom rappelle la bataille de Noumoudara qui opposa Tiéfo Amoro à la grande armée de l’Almany Samory TOURE, l’un des plus grands conquérants de l’Ouest africain.
Les Tiéfo étaient à la fois pacifiques et guerriers. Ils n’ont jamais porté la guerre à leurs voisins, avec lesquels ils avaient plutôt monté une coalition armée contre les envahisseurs étrangers. Sa Majesté, Badjori OUATTARA qui a été intronisé officiellement le samedi 07 avril dernier est le 19e Gborotigui des Tiéfo. Tiéfo Amoro a été le 11e Gborotigui. En comptant à partir de son règne, l’actuel Gborotigui vient en 8e position.

L’ADTA, un tremplin pour l’espace culturel Tiéfo

L’Association de développement Tiéfo Amoro (ADTA) est reconnue au plan national depuis 1991. Elle compte à son actif de nombreuses manifestations culturelles dont la célébration en décembre 1997 du centenaire de la bataille de Noumoudara qui a opposé Tiefo Amoro à Samory TOURE. L’ADTA accorde une importance capitale à la donne culturelle dans la formation et l’éveil des consciences des populations en vue d’asseoir un développement endogène et authentique. Selon le président de l’ADTA, Badjori OUATTARA (homonyme du nouveau chef), DG de l’Environnement et du Cadre de vie, « l’enracinement des valeurs culturelles positives crée les conditions d’une vraie libération des mentalités et favorise l’imagination créatrice qui permettra aux populations de prendre en main leur destin ». S’adressant au nouveau Gborotigui, le président de ADTA a dit que dorénavant toute la communauté Tiéfo sera sous sa coupe pour les futurs combats qui sont ceux pour le bien-être et le développement économique et social de tous ceux qui vivent dans l’espace culturel Tiéfo.
Notons que les communautés alliées des Tiéfo telles que les Bobo, Bwaba, Sambla, Toussian, Vigué… étaient de la partie. Depuis les temps pré coloniaux et coloniaux elles ont toujours été aux côtés des Tiéfo sur les différents champs de bataille contre les différents envahisseurs que la région a connus.
Le parrain Amed OUATTARA a rendu à son tour un vibrant hommage au nouveau Gborotigui. Il a recommandé au peuple Tiéfo, auquel il doit et reconnaît son sang, de reconnaître le Gborotigui comme leur chef et de lui obéir en tout temps et en tout lieu, conformément aux règles consacrés. « Puisse cette cérémonie sonner le tocsin et le réveil du peuple Tiéfo », a conclu le parrain. En ce qui concerne la cérémonie proprement dite, elle a consisté d’abord en un bain de foule exécuté par le nouveau Gborotigui perché sur un cheval et habillé en tenue de guerre. Puis il s’est installé sur son imposant siège royal. Les invités ont pu découvrir la grande diversité culturelle du terroir à travers les danses, l’exposition des objets usuels anciens dont se servaient les grands parents. L’occasion a également été donné de déguster les bons plats Tiéfo.
La cérémonie a pris fin avec la visite du mausolée de l’illustre Tiéfo Amoro.
Le maire de la commune de Bobo-Dioulasso, Salia SANOU a remis une canne en guise de cadeau symbolique au nouveau Gborotigui. La fête s’est poursuivie tard dans la nuit à Noumoudara au son du balafon. Le nouveau chef est installé, il appartient maintenant à ses sujets de le soutenir pour que son règne soit meilleur. Il ne faut pas comme l’a si bien dit quelqu’un, « qu’on le fasse monter sur l’arbre pour ensuite le terrasser.

Par Drissa KONE (Bobo-Dioulasso)

L’Opinion du 11 au 17 avril 2007

 



15/04/2007
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