L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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8-Mars : Une semaine de djandjoba, et après ?

8-Mars

Une semaine de djandjoba, et après ?

Au début du XXe siècle, des femmes s’unissent pour défendre leurs droits et réclamer le droit de vote. La création d’une Journée internationale des femmes a été proposée pour la première fois en 1910, lors de la conférence internationale des femmes socialistes, par la journaliste allemande Clara Zetkin (1857-1933), directrice de la célèbre revue « Die Gleichheit » (L’égalité), pour servir à la propagande pour le vote des femmes, dans une perspective révolutionnaire. La date n’est tout d’abord pas fixée, et ce n’est qu’à partir de 1917, avec la grève des ouvrières de Saint-Pétersbourg, que la tradition du 8-Mars se met en place. Après 1945, la Journée internationale des femmes devient une tradition dans le monde entier.

La légende veut que l’origine du 8-Mars remonte à une manifestation d’ouvrières américaines du textile en 1857, événement qui n’a en réalité jamais eu lieu. Par contre l’origine de cette journée s’ancre bel et bien dans les luttes ouvrières et les nombreuses manifestations de femmes réclamant le droit de vote, de meilleures conditions de travail et l’égalité entre les hommes et les femmes, qui agitèrent l’Europe au début du XXe siècle.

La date du 8 mars est réinvestie avec le regain féministe des années 70 et la Journée internationale des femmes est reconnue officiellement par les Nations unies en 1977, en France en 1982. Des événements liés à la date du 8 mars, on peut alors retenir la manifestation d’un million de femmes en Europe en 1911 ; l’organisation de rassemblements clandestins de femmes russes en 1913 ; la réclamation du droit de vote des femmes allemandes un an plus tard…

Au Burkina Faso, le 8-Mars a vite fait de prendre une autre coloration, festive celle-là. Ce qui tranche d’avec les objectifs nobles du départ de cette journée, tout aussi noble. Le 8- Mars au Faso est décrété chômé et payé sur toute l’étendue du territoire national. Au programme, on a des djandjoba, des réjouissances populaires tous azimuts, qui nous éloignent des vrais problèmes que vivent les femmes burkinabè dans leur majorité.

D’une journée au départ, on en est aujourd’hui à une semaine de la femme et c’est à se demander si l’autre moitié du ciel n’a pas autre chose à faire sous nos tropiques que la bamboula. Les djandjoba oui, mais que reste-t-il après de profitable à la gent féminine quant à ses droits les plus élémentaires ? La situation est peut-être liée à l’état de pauvreté endémique du Pays des hommes intègres, mais on est quand même fondé à se demander pourquoi une semaine de la femme en lieu et place d’une journée. Le symbolisme de la journée fout le camp au profit des événements récréatifs dans les familles, les arrondissements, les provinces, les régions…

Le ministère de la Promotion de la femme, maître d’œuvre de l’organisation de la fameuse semaine, semble être à s’y méprendre pour certains une coquille vide. En effet pour bien de personnes, ce ministère a besoin d’être redimensionné pour mieux conduire les femmes vers des lendemains qui chantent. Certes, de nos jours, parler de femmes, militer pour leur épanouissement physique et matériel restent plus que d’actualité surtout au niveau des partenaires techniques et financiers.

Mais osons le dire, malgré les importants fonds qui sont investis pour l’autre moitié du ciel, le sort de la femme reste toujours peu enviable au Faso. Il y a lieu que le 8-Mars soit un véritable moment d’introspection sur le sort de la femme. Ces djandjoba et bamboula, c’est bien, mais ça nous avance à quoi ? Ensemble, osons donner à la femme la place qu’elle mérite. Réfléchissons y tout simplement un peu, afin que l’autre moitié ne soit plus une bête de somme, mais vive pleinement.

D. Evariste Ouédraogo



07/03/2008
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