Afrique : Le riz manque
AFRIQUE
Le riz manque
L’insuffisance des récoltes en Asie, couplée au coût élevé du transport maritime, ne permet plus de satisfaire la demande de riz en Afrique. On ne parle pas encore de pénurie, mais la menace existe. Les produits locaux permettront peut-être de faire face à la période de soudure jusqu’à ce que le Pakistan puisse à nouveau exporter du riz.
"Toutes les conditions sont réunies pour que survienne une pénurie de riz dans les prochains mois", avertit un négociant européen qui achète en Asie pour vendre en Afrique. Jamais les prix n’ont grimpé aussi vite et surtout aussi haut. D’une saison à l’autre, les cours ont bondi de 30% : 290 dollars la tonne de riz au départ du Pakistan, c’est le niveau de prix entrevu cette année. Une hausse provoquée par la diminution de l’offre et par l’inflation du fret qui affecte l’ensemble des matières premières transportées en vrac.
Les affréteurs, peu intéressés par le riz
Premier facteur, la baisse de l’offre. Actuellement, la Thaïlande est le seul pays disposant encore de riz à exporter, mais bien trop cher pour d’éventuels acheteurs. Tous les pays fournisseurs du riz habituellement consommé en Afrique sont aujourd’hui à court : le Pakistan, l’Inde et même le Vietnam. Le deuxième exportateur au monde après la Thaïlande a choisi de stopper les commandes pour sécuriser la couverture de ses besoins.
Deuxième facteur qui pèse sur le marché : le coût du fret. Les Vietnamiens prétendent qu’ils ont été contraints de limiter leurs expéditions au premier semestre, faute de bateaux. Il est vrai que les armateurs ne se battent pas pour décrocher des contrats sur les livraisons de riz. "On charge dans des pays difficiles pour aller décharger dans d’autres pays encore plus difficiles", explique notre négociant européen. Les assureurs en savent quelque chose : un chargement de riz sur l’Afrique qui se déroule sans réclamation est une exception.
Certains pays font des stocks
Pour l’instant, impossible de définir le niveau réel des importations africaines. On sait qu’elles ont augmenté de 20 % au Sénégal au cours du premier trimestre 2007. Mais ces importations ont simplement permis de reconstituer des réserves qui restent néanmoins en dessous de la normale saisonnière. L’engorgement du port de Lagos laisse penser que le Nigeria, pays pétrolier au portefeuille bien garni, a procédé à des achats massifs au cours des six premiers mois de l’année, mais aucune donnée chiffrée ne le confirme. Quant à la production locale du continent, elle aurait augmenté de 8 % cette année, mais elle reste anecdotique au regard des besoins. Faute de bateau, faute de riz à un prix abordable, le marché est au point mort en ce moment. Serait-ce le calme qui prévaut avant la tempête ? Selon le négociant interrogé, si la pénurie n’est encore qu’un risque, le manque de riz, lui, est bien réel. Seule note d’espoir pour le continent africain, les cultures locales récoltées en septembre permettront peut-être de faire face à la soudure jusqu’à ce que la nouvelle récolte pakistanaise de riz arrive sur le marché, vers la fin de l’année.
Dominique Baillard
Le Pays du 3 juillet 2007
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