An I de l’Accord de Ouaga : Un an après, l’horloge de la paix accuse du retard
An I de l’Accord de Ouaga
Un an après, l’horloge de la paix accuse du retard
4 mars 2007 - 4 mars 2008. Cela fait un an chrono que les frères ennemis ivoiriens ont signé les accords de Ouaga, qui campent la feuille de route pour aboutir à une présidentielle transparente, équitable et acceptée par tous. Un an donc que les adversaires politiques pour ne pas dire des adversaires tout court ont déposé les armes pour se parler "vis-à-vis". Lorsqu’en janvier 2007, Blaise Compaoré prend la tête de
Et pour une surprise, c’en était une, car c’est vrai que dans le passé, les Ivoiriens ont confié leur crise au Togolais Gnassingbé Eyadéma, au Sud-Africain Thabo M’Beki et même au Français Jacques Chirac. Las, les Accords obtenus par ceux-là ont fait long feu.
Mais le fait que Gbagbo ait décidé que le président du Faso supervise ce dialogue direct a brouillé un peu les cartes de ceux qui pensaient cerner tout dans le marigot ivoirien. Blaise n’était-il pas le pyromane qui a mis
N’empêche, le 22 janvier 2007 à Bobo-Dioulasso au pied-à-terre du président burkinabè, Gbagbo réaffirmera sa foi en son homologue du Faso : "J’ai confiance en Blaise Compaoré ... et je sais qu’il réussira cette facilitation", a-t-il laissé entendre ce jour-là.
Une confiance méritée puisqu’après moults réunions à Ouagadougou au cours desquelles Laurent Gbagbo et Guillaume Soro ont craché leur bile chacun sur l’autre, les Accords de Ouaga voyaient le jour le 4 mars 2007. Et l’image matérialisant cette entente et qui a fait le tour des capitales du monde présente Laurent Gbagbo, Blaise Compaoré et Guillaume Soro les mains des uns posées sur celles des autres, comme lors d’un pacte secret.
Désarmement des supplétifs, établissement de l’équivalence des grades, audiences foraines, identification des vrais Ivoiriens... et surtout présidentielle, tels sont entre autres les enjeux majeurs des Accords de Ouaga.
Un an après et quoiqu’on puisse en dire, ces accords constituent une chance pour les Ivoiriens de s’en sortir, "c’est le dernier round" comme disait un ex-chef rebelle. En effet, ils ont l’avantage d’avoir été l’œuvre des Ivoiriens eux-mêmes et d’avoir abordé presque toutes les questions qui fâchent.
Et surtout depuis le 4 mars 2007, on a l’impression que les Ivoiriens sont plutôt fatigués (cela a même donné naissance à un avatar du coupé-décalé : le fatigué-fatigué) de faire la guerre et veulent la paix : discours, meetings, marches par-ci pour saluer ces accords, flamme de la paix par-là pour dire qu’on est à 100% pour ces accords.
Les combattants des deux camps (loyalistes et rebelles) se retrouvent pour accorder leurs violons, les discours incendiaires font place à ceux apaisés. Le général Blé Goudé cesse ces opérations sit-in et "To nooma" (1).
Mais comme face à tout accord de ce type, à l’optimisme beat surtout relatif à la présidentielle a succédé la dure réalité de ce que sont les conséquences d’une guerre civile. Et le constat est palpable, en dépit de toutes ces avancées notables, l’horloge de la paix en Côte d’Ivoire retarde. A y regarder de près, surtout dans les détails, même si le diable s’y trouve, rien n’avance comme on veut dans cette recherche de la paix.
Ces retards, on le sait, sont le fait de certains faucons des deux camps : ceux de Laurent Gbagbo, qui estiment que le fondateur du FPI a fait trop de concessions aux ex-rebelles, et que ce qu’ils n’ont pas eu par les armes, ils l’auront du fait de cette faiblesse de Gbagbo.
Chez les Forces nouvelles, les pêcheurs en eau trouble voient aussi d’un mauvais œil cette résolution de la crise, synonyme de perte de pouvoir, de passe-droits, d’argent, en un mot de perte de "puissance". Rien qu’à penser à l’attentat contre l’avion du PM Guillaume Soro le 29 juin 2007 et à l’affaire IB, qui défraie la chronique actuellement, on se rend à l’évidence que ces accords n’ont pas tout réglé, loin s’en faut.
Car si l’on devait s’en tenir à l’esprit de ce consensus de Ouaga, à l’heure où nous tracions ces lignes,
Cependant, ne tombons pas dans le fétichisme des dates. Que cette présidentielle ait lieu en juin 2008 (ce qui serait un miracle) ou fin 2008, voire même début 2009, l’essentiel est qu’elle se fasse dans une Côte d’Ivoire rassérénée, et en la matière, mieux vaut se presser lentement.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga du 4 mars 2008
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