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Anoblissement de Salman Rushdie : La provocation

Anoblissement de Salman Rushdie

La provocation

Les autorités britanniques ont-elles suffisamment réfléchi pour octroyer au très controversé auteur des "Versets sataniques", le titre de Chevalier ? Ont-elles mesuré toutes les répercussions, à travers le monde musulman, que générerait un tel acte ?

Certes, on ne peut leur contester leur droit d’honorer qui elles veulent. Mais leur décision d’anoblir Salman Rushdie paraît pour le moins inopportune voire provocatrice.

En remettant de cette manière, sous le feu des projecteurs, l’écrivain britannique d’origine indienne, qui avait, un tant soit peu, pu se faire oublier, Londres se doutait-elle qu’elle provoquerait dans une grande partie du monde musulman, cette vague de protestations, comme on le constate en ce moment au Pakistan et en Iran notamment ? Assurément, oui. D’abord parce que Salman Rushdie avait insulté l’islam, heurté la foi des musulmans, et n’avait, semble-t-il, manifesté aucun désir de se réconcilier avec eux.

Ensuite parce que Londres qui feint d'avoir la mémoire si courte, n'a pas encore oublié la grosse colère et les violences extrêmes dans plusieurs pays musulmans, suite à la publication des caricatures qui avaient porté atteinte à l’image du prophète Mahomet, il y a deux années de cela.
En anoblissant donc celui qui a été déclaré coupable d'avoir offensé la religion musulmane, si cela n’est pas de la provocation, ça y ressemble fort.
Quelles qu’aient pu être ses intentions et ses motivations, à commencer par son souci de défendre "la liberté d’expression en littérature comme en politique" ou d’honorer l’un des plus talentueux romanciers de la langue anglaise de son siècle, Londres n’aurait jamais dû occulter tout le mal et le choc que l’oeuvre avait déjà provoqués dans la conscience de plus d'un milliard de croyants musulmans. Elle aurait mûrement réfléchi qu’elle se serait ravisée.
Et puis, dans le fond, les Britanniques rendent-ils véritablement service à l’écrivain ?
Nullement. Car tout se passe comme si, en voulant l'anoblir, on le livrait à la vindinct des islamistes et des musulmans. Par ailleurs, l’écrivain se retrouve désormais encore plus exposé que jamais. Enfin, la Grande-Bretagne elle-même ouvre ainsi la voie à la résurgence d’actes terroristes sur son propre sol et sans doute ailleurs. Aussi met-elle en danger ses propres ressortissants à travers le monde.
Le pays de Tony Blair devait plutôt se réjouir d’avoir déjà suffisamment fait pour le Britano-Indien par la protection dont l’écrivain continuait de bénéficier de sa part.
Car comme on le sait, Rushdie a passé des années dans la clandestinité, sous surveillance policière britannique, après avoir été condamné à mort par une sévère fatwa édictée en 1989 par l'ancien guide spirituel de l'Iran, l'Ayatollah Ruhollah Khomeini. N’était-ce pas déjà assez ? Quelle idée de ressortir de "l’ombre" quelqu’un qui commençait du reste à reprendre une vie relativement normale ?
A moins que les autorités britanniques n’aient décidé de lui préparer un enfer… pavé de "bonnes intentions". Si ce projet peut paraître cynique, il ne faut tout de même rien exclure.
Ce pourrait être en effet, une façon pour la Grande-Bretagne de se débarrasser, en y mettant bien sûr la forme, d’un personnage devenu tout simplement gênant parce que sa sécurité revient finalement cher.
En tout état de cause, Londres aurait certainement mieux fait de revenir sur sa décision de le distinguer, compte tenu de ce qu’il représente pour bon nombre de pays islamiques. Au demeurant, cette décision ne fait pas l’unanimité au sein de l’establishment britannique. Salman Rushdie, en ce qui le concerne, a-t-il mesuré toutes les conséquences de l’acceptation publique de sa distinction ? A-t-il pensé, un seul instant, qu’il avait la possibilité de décliner l’offre ? Mais pouvait-il vraiment refuser l’immense honneur que lui faisait la Reine d’Angleterre ? Il est en tout cas clair qu’une dérobade de sa part aurait passé pour une insulte, un crime de lèse-majesté ? Comme quoi, on est quelque peu tenté de croire que, quelque part, Salman Rushdie était en face d’un dilemme. Dilemme ou pas, cette affaire vient montrer l’hypocrisie de la Grande-Bretagne dans ses rapports avec les pays islamiques. En effet, il y a quelques semaines, Tony Blair appelait à renforcer les relations entre l’Occident et le monde musulman.


Le Pays du 22 juin 2007



22/06/2007
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