Au MEBA et au Premier ministre : "Les critiques" de Donatien Yaméogo
Au MEBA et au Premier ministre
"Les critiques" de Donatien Yaméogo
Les propos du Premier ministre tenus, le 28 août 2007, dans la région de l'Est n'ont pas laissé indifférentes certaines personnes. C'est le cas de Donatien Yaméogo, formateur à l'ENEP de Loumbila. Il aurait des appréhensions relatives à cette phrase de Tertius Zongo: "Les parents d'élèves, les mères éducatrices doivent faire pression sur les enseignants pour qu'ils soient à leur poste". C'est ce qu'il fait comprendre dans l'écrit qui suit. Au passage, il encourage les initiatives du ministre de l'Enseignement de base et de l'Alphabétisation, Odile Bonkoungou.
Je voudrais par cet écrit m'adresser dans un premier temps à madame le ministre de l'Enseignement de base et de l'Alphabétisation et dans un second temps, à son Excellence monsieur le Premier ministre sur des questions qui, à mon sens, méritent d'être abordées.
Mais avant, je tiens à souligner que je ne suis pas de ceux qui blâment les mauvaises actions et qui taisent les bonnes, et vice versa selon leurs motivations. Je suis tout juste un abonné aux critiques constructives. Cela dit, Madame le Ministre, depuis août 2006, j'ai plaidé dans un de mes écrits pour que l'on n'affecte plus les nouveaux enseignants sans "sou" au risque de continuer de les voir ternir leur dignité sur le terrain.
Je salue donc cette deuxième édition des avances sur salaire que vous venez de leur promettre. Cela témoigne de l'attention que le gouvernement accorde à leur situation. Le problème qui demeure en suspens et sur lequel je ne voudrais plus m'étendre est la formule actuelle des préparations de classes, qui date, je le répète, de l'ère coloniale et dont le poids joue sur l'efficacité des enseignants en classe. Je ne sais pas pourquoi notre pays s'enferme dans un conservatisme dégradant alors que d'autres s'en sont débarrassés.
"Je vous comprends finalement"
Bref, j'espère que la réforme de l'éducation tient compte dans ses détails de tous ces aspects. Le second point vous concernant, Madame le Ministre, est un constat: quand je vous ai vue vous déplacer avec tous les responsables de votre département pour la Conférence annuelle des Conseillers pédagogiques itinérants, à priori, j'ai eu un pincement au cœur quand j'ai essayé d'imaginer le volume de l'enveloppe financière allouée à cette mission.
Mais, quand j'ai assisté aux échanges, aux débats ; j'ai compris que c'était de l'argent dépensé utilement parce que, pour une question de transparence, chaque Direction interpellée devait apporter une réponse claire et satisfaisante. Cette façon de procéder a beaucoup plu aux participants, à en croire leurs réactions. C'est une démarche qui met à nu les insuffisances et révèle les compétences. Elle oblige donc à la maîtrise de la gestion des différents services. En attendant de revenir sur d'autres préoccupations et de m'intéresser à la primature, je vous souhaite bon vent à la tête du ministère.
Il faut rectifier le tir
Excellence Monsieur le Premier Ministre,
j'apprécie positivement votre pragmatisme et votre détermination à sortir le pays de sa torpeur, de son marasme économique. Mais là où j'ai freiné mon enthousiasme, c'est lorsque vous avez déclaré dans la région de l'Est, le 28 août 2007, à l'occasion du lancement de la distribution des manuels scolaires que: "Les parents d'élèves, les mères éducatrices doivent faire pression sur les enseignants pour qu'ils soient présents à leur poste".
J'ai des appréhensions quant aux interprétations qui peuvent être faites par certains parents d'élèves eux-mêmes démissionnaires.
Monsieur le Premier Ministre, peut-être que cela vous a échappé, mais vous venez de créer une source de conflits entre maîtres et parents d'élèves alors que l'idéal aurait été d'avoir un tandem (maîtres - parents d'élèves). Le problème de désertion de classe ou d'abandon de poste ne peut pas se régler par des pressions de parents d'élèves. On peut obliger un enseignant à être dans sa classe, mais pas à travailler comme il se doit. Dans la logique, un enseignant n'a pas besoin de policier ou de gendarme pour faire son travail. Si c'en était ainsi, il y a quelque chose qui cloche. Une enquête vous déterminera les vraies causes. Pour ma part, c'est une question de mentalité, c'est un état d'esprit qui a été cultivé pendant longtemps et qui ne pourrait être éradiqué par une pression incontrôlée sans règles. Le mal est très profond et tend à s'ériger en système. Dans les autres services, après 10 h, ce ne sont que quelques rares agents â la conscience professionnelle pointue que l'on trouve à leur poste.
Excellence Monsieur le Premier Ministre, de manière générale, les questions de présence et de ponctualité peuvent être résolues en partie par l'exemple venant des premiers responsables. Je vis cette expérience dans mon service où les agents rivalisent de ponctualité parce que le premier responsable est à son poste dès 7 h.
Excellence, il y a du boulot. Mais ils sont nombreux ceux qui sont prêts à mettre la main à la pâte pour aider à apporter des remèdes aux multiples maux de notre société. J'en appelle donc à la conscience professionnelle des collègues pour que l'honneur, la dignité, l'intégrité soient "nôtres", car, comme j'aime à le dire, l'enseignant n'est pas "n'importe qui". Travaillons à le mériter.
Excellence, je vous souhaite beaucoup de courage, beaucoup de réussite.
Donatien Yaméogo
Formateur à l'ENEP de Lombila
Tel: 76 63 22 60
L’Observateur Paalga du 11 septembre 2007
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