Burkina : Le retour de l'inquisition!
Burkina : Le retour de l'inquisition!
A mesure qu'elle prend de l'âge, notre démocratie ne semble pas se bonifier. Pire, elle est même en train de (re) contracter les maladies de son enfance. C'est-à-dire essentiellement l'intolérance. Il y a une atmosphère délétère qui se développe présentement et qui ne présage rien de bon pour les libertés. Il est aujourd'hui clair que pour bénéficier des avantages du pays, il faut que l'on ne vous soupçonne pas de tiédeur vis-à-vis du " clan ". Et comme visiblement les choses ont quitté la sphère politique pour migrer sur le terrain périlleux de la dévotion et du culte de la personnalité, la méchante bête de la délation tourne présentement en plein régime. Qui fréquente qui avec qui, pour le compte de qui et pourquoi ? Voici les quatre questions de "Quintilien", la maxime des écoles de journalisme, adaptée pour la circonstance par les nouveaux prélats de notre bonne vieille démocratie âgée de vingt piges.
Dans cette croisade à la fidélité et à la loyauté, ce sont d'abord les opérateurs économiques qui sont les premiers soumis. Il faut faire allégeance au " clan ", quotidiennement et à des occasions, notamment comme à l'occasion de la célébration des vingt ans de la " renaissance démocratique ". Un comité ad hoc, qui ne dit pas son nom, a, à l'occasion, fait le compte des fidèles et des loyaux. Au début, c'était assez timide, mais au regard de la détermination du patron lui-même à se " célébrer ", la surenchère est allée très vite. A la fin, c'était qui se singulariserait le mieux. On a assisté donc à toutes les aberrations qui ont, in fine, profité le plus aux nouveaux "Ayatollahs" de la démocratie, qui ont compris tout le profit qu'un amour immodéré pour la "démocratie" pouvait procurer.
Avant, c'était l'administration qu'il avait fallu soumettre, surtout celle qui a encore de l'intérêt pour le "clan". Dans cette guerre de la communication, où la "bonne vieille démocratie" ne fait pas forcément " les bonnes sauces ", il a fallu d'office se réserver la télévision nationale. L'oukase du Conseil supérieur de la communication (CSC), sur l'obligation de l'équilibre de l'information, est venu comme un voile, pour mieux masquer la forfaiture.
Avec le nouveau ministre de "
Notre démocratie d'une vingtaine d'années est servie par des ressources humaines en retard de plusieurs évolutions et qui naturellement la ramènent au "stade" auquel, elles sont restées bloquées. Ces personnes sont si aveugles qu'elles ne voient même pas la situation se dérober sous leurs pieds. Mais du moment que leur entourage, choisi en conséquence, leur sert leur ration quotidienne de "naaba", de "chef" ou de "patron", tout va bien dans le meilleur des mondes. Or, tout se dérobe. Tout se délite. Qui aurait cru, il y a quelques années, qu'on pouvait assister à des désertions au sein du RSP, le Régiment de sécurité présidentielle ? Et pourtant, c'est une réalité aujourd'hui. Peut-être parce que le "clan" est devenu si sûr de lui qu'il oublie de faire circuler les "vloppes".
La réalité est là. Le climat social n'est pas bon. N'en parlons pas de celui politique. Pour s'en rendre compte, il faut voir le climat dans lequel se déroule présentement le renouvellement des structures de base du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP, le parti Etat). On a l'impression que personne n'y croit plus vraiment. Ou plutôt, tout le monde est attentif aux évolutions qui vont se faire jour, dans le regroupement des "ABC, Tontons, Tanties… et autres super cocos". La forme qui est choisie, en mettant à la tête de la structure, les commerçants et les chefs coutumiers, ne présage pas une évolution vers un parti politique classique. Mais c'est tout de même un instrument puissant de contournement du CDP, dont visiblement les jours sont comptés. A propos, une question à laquelle les juristes devraient commencer à réfléchir. Si par hasard, tous les députés de l'Oubritenga et leurs suppléants venaient à démissionner en bloc, à quoi allons-nous assister ? Quelqu'un a-t-il vraiment déjà pensé à cette éventualité ? Il faudrait pourtant commencer… Toute cette terreur, pour obliger chacun à choisir son camp, servirait à quoi si c'est pour rien ?
L’Evénement on line du 20 Novembre 2007
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