Elections en Côte d’Ivoire : Toujours une ligne d'horizon
Elections en Côte d’Ivoire
Toujours une ligne d'horizon
Le chronogramme de l'accord de Ouagadougou ne sera pas respecté. Les élections qui devaient avoir lieu en décembre 2007 ont été renvoyées d'accord parties en 2008 à la même période. Mais la deuxième sortie de l'Organisation des Nations unies qui critique la lenteur dans la mise en oeuvre de l'accord de Ouagadougou mérite que l'on s'en inquiète un tant soit peu. Il y a quelques semaines, lorsque le secrétaire général des Nations unies attirait l'attention des protagonistes sur le retard accusé par rapport au chronogramme, les Forces nouvelles et le clan Gbagbo ont rué dans les brancards, arguant que l'accord de Ouagadougou est le fruit d'une entente entre les deux parties et qu'il fallait se départir du fétichisme des dates. En un mot, le duo Soro et Gbagbo ne souhaite pas que l'ONU se mêle de ses affaires, mais plutôt qu'elle laisse le processus se poursuivre à son rythme à lui. On comprend que le duo ne veuille pas précipiter les choses, au risque de provoquer des blocages. On comprend qu'il veuille avancer lentement mais sûrement. Mais à trop laisser le temps au temps, on court le risque d'oublier l'essentiel. De fait, sur le terrain, aucun acte concret n'a encore été posé. On est toujours au stade des symboles. La flamme de la paix, le lancement en fanfare des audiences foraines, etc., sont à classer dans ce régistre. Les Nations unies n'ont pas eu tort de tirer la sonnette d'alarme. Aujourd'hui, on a du mal à détecter l'impact de ces événements sur l'avancée réelle du processus de paix.
Gbagbo et Soro semblent se satisfaire de cet état de fait. En effet, dans cet état de ni guerre ni paix, on a d'un côté le Premier ministre qui en profite pour se tailler un costume de présidentiable à mesure que les reports se succédent. Il est actuellement trop jeune pour prétendre au poste de président de la république. De l'autre côté, on a un président qui a réussi à sauver l'essentiel de ses prérogatives et qui garde la haute main sur les institutions et l'économie du pays. Sa dernière sortie devant l'assemblée générale des Nations unies a surpris plus d'un lorsqu'il a demandé la levée de l'embargo sur les armes, imposé à son pays.
Dans ce contexte, la réaction de Ban ki-Moon est une sorte de piqûre de rappel aussi bien aux anciens protagonistes de la guerre qu'au facilitateur. On peut comprendre le peu d'empressement de ce dernier à bousculer les signataires de l'accord de Ouagadougou qui reste jusque-là, le seul qui ait fait l'unanimité dans tous les camps.
Cependant, lâcher la bride à des protagonistes qui se complaisent dans une situation de rente pourrait vider l'accord de Ouagadougou de toute sa pertinence, car avec le temps, les données évoluent, les humeurs des hommes également. Pour ce qui concerne le facilitateur, au-delà de 2008, lui-même sera confronté à des équations domestiques avec les élections présidentielles de 2010 dans son pays. Il y a donc une forte probabilité que le facilitateur se mette davantage en retrait, même s'il dispose d'un représentant spécial à Abidjan.
Certes, l'Onu n'est pas partie intégrante de l'accord de Ouagadougou. Mais elle reste une autorité morale qui garde encore une capacité d'influencer les événements en Côte d'ivoire. Elle a d'ailleurs nommé un nouveau représentant du secrétaire général des Nations unies à Abidjan et le Conseil de sécurité vient d'opposer un refus catégorique à la demande des autorités ivoiriennes de réduire la force Onuci et Licorne stationnée dans le pays. Autre signe qui traduit le durcissement des Nations unies à l'égard du processus de paix, le maintien des sanctions contre certaines personnalités du côté de Gbagbo et des Forces nouvelles.
Dans ce tango nonchalant du duo Gbagbo-Soro, l'opposition ivoirienne constituée principalement du RDR et du PDCI doit ronger son frein et attendre que les signataires de l'accord de Ouagadougou achèvent le processus d'identification, le désarmement des milices qui vont conduire à l'organisation d'élections libres et transparentes.
Dans ce contexte, on peut s'étonner que le sergent Ibrahim Coulibaly(IB) exilé en France puis au Bénin, veuille déjà annoncer sa candidature à la présidentielle. Il faut croire que lui seul aurait des données dont les observateurs que nous sommes ne disposent pas encore. Les élections en Côte d'ivoire restent comme une ligne d'horizon qui s'éloigne au fur et à mesure que l'on avance. L'exercice ici est d'autant plus compliqué que les principaux acteurs ne manifestent pas de volonté politique réelle de progresser.
Le Pays du 24 octobre 2007
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