En attendant le verdict final
Ouahigouya
En attendant le verdict final
Comme annoncé au lendemain de la folle journée électorale du 06 mai 2007, les résultats provisoires proclamés par la CENI a confirmé la victoire du CDP, en lui accordant 3 sièges sur les 4 à pourvoir au Yatenga. L’unique poste restant est revenu à l’ADF-RDA. Dans la soirée du samedi 12 mai 2007, c’est dans une ambiance musicale assurée par l’orchestre communal, renforcée par le Djandjoba des femmes, avec un long cortège de motocyclistes que le parti au pouvoir a célébré sa victoire. Pourtant, Me Gilbert Ouédraogo et ses hommes ne s’avouent toujours pas vaincus. De sources proches du parti de l’Eléphant, un dossier bien ficelé a été déposé auprès du conseil constitutionnel, pour demander l’annulation des votes sur toute l’étendue de la province du Yatenga, pour cause de fraudes à l'échelle industrielle.
L’ADF-RDA n’entend pas accepter facilement sa défaite au sortir de ces élections. Après les passes d’armes entre elle et son rival du CDP sur les cas de fraudes et les échauffourées constatées le jour du scrutin, il ne reste que le Conseil constitutionnel pour départager les intrépides animateurs de la scène politique du Yatenga. Après leur conférence de presse du lundi 07 mai 2007, les responsables du parti de l’Eléphant ont voulu battre le macadam pour manifester leur ras-le-bol. Mais cette idée a été vite abandonnée. A en croire les militants de l'ADF-RDA, il n’était pas évident qu’ils aient eu l’autorisation de la mairie, d’autant plus que le bureau du conseil municipal essentiellement composé d’éléments du CDP est dirigé par le SG provincial de ce parti.
Marcher sans autorisation, reviendrait à jeter les éléments en pâture en cas de dérives. Les plaignants ont donc décidé finalement de confier leur sort au Conseil constitutionnel. Les éléments répertoriés dans le dossier porteraient sur environ 600 militants ADF-RDA inscrits sur les listes électorales qui n’auraient pas retrouvé leurs cartes au moment du retrait.
En plus, il y a des cas de cartes d’électeurs retirées chez des individus avec des actes de naissance aux origines douteuses. Ils disent par exemple avoir décliné les références de la pièce d’identité d’un distributeur de cartes d’électeurs en possession de documents falsifiés le jour des votes dans le département de Namissiguima.
Les cas de violences exercées sur certains de leurs militants font également partie des plaintes. Il reste à savoir si les arguments avancés pourront amener les grands juges du Conseil constitutionnel à faire annuler tout le scrutin au Yatenga comme le veut l’ADF-RDA.
En attendant de savoir quelle sera la décision de cette haute juridiction, jetons un regard sur les voix engrangées par ces deux partis dans les différentes localités du Yatenga.
Mauvaise performance de l’ADF-RDA dans les départements
A l’analyse des résultats, c’est particulièrement dans 15 secteurs de la commune urbaine de Ouahigouya et dans des villages comme Soulou et Bembella que le jeu a été serré. Le CDP a pris une large avance sur son concurrent immédiat dans les départements. C’est uniquement dans les départements de Ouahigouya et de Zogoré que l’ADF-RDA a pu engranger la moitié des voix du CDP. A Barga, sur 12 874 votants, 8606 étaient CDP et 914 ADF-RDA ; à Kossouka, les résultats affichent 2 746 pour le premier et 172 au second ; à Thiou, les hommes de Roch Marc Christian Kaboré s’en sortent avec 7 110 voix contre 1986 pour leur rival.
Ces exemples non exhaustifs illustrent à peu près les forces et les faiblesses des deux camps. Est-ce uniquement la fraude qui explique cette contre-performance de l’ADF-RDA dans les communes rurales ?
Une chose est sûre, avec les résultats des élections municipales de 2006, chaque parti, bien avant ces élections législatives, connaissait un peu son poids réel. Au CDP, on était, selon leurs propres statistiques, à la recherche d’environ 7 000 voix par rapport aux municipales pour arracher les 4 sièges au sortir de ces élections.
A l’ADF-RDA, l’objectif était le partage équitable des sièges. Il est bien vrai que les victoires d’hier n'augurent pas forcément celles de demain, mais beaucoup se demandaient quelle stratégie le parti à l’emblème de l’éléphant allait adopter pour atteindre son but.
A vrai dire, dans les deux camps, on a monté la barre très haut pour faire de la surenchère. Et les 3 à 1 au sortir de ces élections étaient ce que bon nombre d’observateurs avertis avaient prévu bien avant le lancement officiel de la campagne.
L’ADF-RDA voyant l’intention manifeste du CDP de vouloir se procurer tous les 4 sièges a opposé une résistance farouche si bien que les intentions frauduleuses se sont manifestées dans chaque camp.
Sinon, comment comprendre l’achat de cartes électorales par les responsables des états-majors de ces deux partis ? Sur les 142 649 suffrages exprimés sur l’ensemble de la province, le CDP a raflé 97 352 voix contre 30 407 pour l’ADF-RDA. C’est dire donc que le CDP était proche de son objectif de Tuk-Guilli.
Sans vouloir minimiser la fraude, Gilbert Noèl Ouédraogo et les siens gagneraient à réfléchir dès maintenant sur les stratégies à adopter pour éviter la saignée de leurs militants vers le CDP et les contre-performances du parti dans les communes rurales.
Car, même si on reprenait les élections, rien ne dit que ce ne serait pas l’occasion pour Salif Diallo et ses hommes d'achever le boulot, eux qui disaient avoir enterré le pachyderme en laissant ses pattes dehors.
Emery Albert Ouédraogo
L’Observateur Paalga du 23 mai 2007
A découvrir aussi
- Qui est le nouveau chef du gouvernement burkinabè ?
- SOS : Il faut sauver le petit Salif !
- Affaire Ahmed Newton Barry contre Sidwaya : Lettre ouverte à deux estimés confrères
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 1021 autres membres