Esclavage des temps modernes
Cher Wambi,
C'est une sagesse bien de chez nous qui nous l'enseigne, qui se couche sur le dos pour émettre un crachat le reçoit en plein visage.
Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) l'aura appris à ses dépens le 18 février dernier, consécutivement aux municipales partielles de la commune de Pô.
Hier seulement, je te le rappelais, sorti vainqueur du scrutin du 23 avril 2006 avec 35 conseillers sur 63, le parti présidentiel avait réussi l'exploit de perdre le contrôle de l'hôtel de Ville de Pô au bénéfice de Henri Koubizara, le candidat du Parti africain de l'indépendance (PAI) qui n'en avait récolté que 13.
Mathématiquement, même avec le soutien des autres conseillers des partis de l'opposition, le PAI ne pouvait rafler la mise.
Mais s'il a réussi à renverser la tendance, c'est que des conseillers du CDP lui ont accordé leur confiance.
Trahison ou indiscipline, dans le camp de la majorité, on n'a point tari de qualificatifs pour dénoncer le comportement des leurs. Peu importe, Henri Koubizara a été installé maire de Pô.
Ce mandat sera de courte durée, puisque entre-temps, le Conseil des ministres du 7 septembre 2006 interviendra pour dissoudre le Conseil municipal, qui n'arrivait pas à se réunir faute de quorum, les élus locaux du CDP ayant décidé d'un boycott actif.
Ce qui fut donc fait avec la délégation des pouvoirs au préfet de Pô jusqu'à de nouvelles élections municipales partielles dans la capitale du Nahouri.
Le rendez-vous électoral fut pris pour ce 18 février où le CDP devait laver l'affront.
Mais ce dimanche-là, sera chanté le requiem du mégaparti qui, cette fois-ci a cédé le terrain.
Résultat : 32 conseillers pour le PAI ; 22 pour le CDP ; 6 pour l'ADF/RDA et 3 pour le PDP/PS.
La messe a été dite à l'hôtel de Ville, et Henri Koubizara reconquiert son fauteuil sans ménagement.
Ce qui, avouons-le, n'aurait pas été possible si, au sommet du parti présidentiel, la tradition ne consistait pas à soutenir, voire à imposer des candidats vomis par les militants.
Dans la capitale du Nahouri, l'opposition, à travers le PAI et Henri Koubizara, a su exploiter cette faille, qui lui vaut le trophée de la mairie.
Mais plus que tout autre chose, c'est le réveil subit des consciences qu'il faut saluer.
C'est une mise en garde solennelle qui est ainsi faite aux politiciens qui ne s'identifient pas à la base, longtemps ramenée au rang de bétail électoral.
Tout semble indiqué, cher cousin, que désormais sous le ciel politique du Faso, plus rien ne sera comme avant. Et c'est ainsi que j'apprends que du côté de la capitale du Zoundwéogo, des militants du CDP, et pas des moindres, ont commencé à faire leurs bagages pour d'autres horizons politiques.
On cite, en tout cas, entre autres, Gabriel Yerbanga, El hadj Saïdou Bouda, Joanny Guigma, Julien Tondé.
Les jours à venir nous en diront certainement davantage, aussi bien sur leurs motivations que sur leurs destinations.
La grève du train, ou le train en otage, tu connais, cher cousin ? Si c’est non, sache que c’est la trouvaille des commerçants de fruits et légumes de Koudougou, qui ont mis en scène la stratégie suivante pour obtenir gain de cause : cela a consisté à bloquer le train afin d’exiger des autorités ferroviaires l’embarquement de leurs sacs d’oignons, d’aubergines, de choux et autres. C’était hier jeudi dans la matinée.
Comment en est-on arrivé là ? En attendant de revenir dessus plus en détail dans mes prochaines correspondances, sache que, comme me l’a expliqué l'une de ces personnes visiblement au bord de la crise de nerfs, depuis un certain temps, le train ne charge plus leurs marchandises à partir de Koudougou. Les démarches pour avoir un ou deux collecteurs (wagons) sont restées vaines.
Selon les manifestants, on leur enjoindrait d’acheminer leurs marchandises à Ouaga, car à Koudougou, le temps d’arrêt ne suffit pas au chargement. Le hic, c’est qu’une fois à Ouaga, les marchandises ne sont pas embarquées ou le sont à moitié, avec ce que cela implique comme frais supplémentaires et détérioration de légumes. Nos braves commerçants n’ont donc trouvé mieux que de prendre le train en otage pour exiger le chargement des marchandises qu’ils avaient auparavant stockées sur le quai.
Mais hier aux environs de 12 heures, tout était partiellement rentré dans l’ordre, et les commerçants avaient commencé à charger leurs bagages dans un collecteur libéré à cet effet. On a eu chaud, car cela a nécessité beaucoup de palabres ; les commerçants étant même allés jusqu’à barricader la voie ferrée avec des barres de fer et tout ce qui pouvait servir à obstruer le passage du train.
voyons ensemble ce que contient, cette semaine, le Carnet Secret de Tipoko l'Intrigante.
En dépit des mesures répressives et des campagnes de sensibilisation tant aux plans national qu'international, le trafic des enfants demeure une mine d'or pour les adeptes du gain facile.
Et chaque jour que Dieu fait, des contingents de ces innocents sont convoyés dans les plantations ou les champs de coton ici au Faso comme ailleurs dans la sous-région ouest-africaine. C'est ainsi que, depuis le début de l'année 2007, grâce à l'intervention de l'Association TON, basée à Niangoloko, à la frontière Burkina-Côte d'Ivoire, 150 enfants et jeunes de 13 à 20 ans ont été interceptés.
Eh tenez-vous bien, il était promis à chacun de ces jeunes esclaves quelque 100 000 FCFA/an en Côte d'Ivoire.
Au jour d'aujourd'hui, l'Association TON, dont le combat est à saluer, collabore étroitement avec l'Association nationale pour l'éducation et la réinsertion sociale des enfants à risques (ANESER, basée à Pissy au secteur 17 de Ouaga), qui l'accompagne dans la gestion et la réintégration familiale des enfants et jeunes victimes de trafic.
40 jeunes, originaires des régions de l'Est et du Centre-Est du Burkina, ont ainsi pu être retirés des mains des esclavagistes et devraient retrouver très bientôt leur famille.
Heureusement que des bonnes volontés, telle Diakonia et Terre des Hommes/Allemagne, il en existe pour aider à sauver ceux qui peuvent encore l'être.
Extrait de Une Lettre pour Laye du 23 février 2007
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