Etalons : Il ne faut exclure personne
Etalons
Il ne faut exclure personne
Au lendemain du match de la sélection nationale du Burkina face à son homologue du Mozambique samedi dernier au stade du 4-Août, on pourrait épiloguer interminablement sur les causes de cette contre-performance. Dans les gargotes comme dans les bureaux, la prestation des Etalons continue de faire les frais de la conversation. On n'est pas content du résultat qui hypothèque quelque peu nos chances de qualification.
En fait, il y a des matches qu'il ne faut pas perdre surtout quand on évolue à la maison. Avant cette troisième journée des éliminatoires de la CAN 2008, il y a eu des problèmes entre la Fédération burkinabè de football ( FBF) et le sélectionneur national Drissa Traoré Malo dit Saboteur en ce qui concerne notamment la sélection des joueurs.
A quelques semaines du rendez-vous contre le Mozambique, la tension était perceptible à tel point que le ministre des Sports et des Loisirs, Jean-Pierre Palm, a été obligé d'intervenir pour ne pas laisser la situation pourrir. Après avoir rencontré les deux parties, il a d'abord séparément puis ensemble, rappelé dans le Pays du 12 mars 2007 quelques fondamentaux qui doivent présider à la gestion saine d'une équipe nationale : d'abord que l'entraîneur est l'employé et la Fédé l'employeur même si ce n'est pas une raison pour ce dernier de vouloir se substituer au premier ; ensuite qu'une équipe nationale n'est pas une propriété privée ; chacun a un rôle à jouer et c'est dans la concertation, la solidarité, l'unité que nous pouvons pousser les enfants à aller le plus loin possible.
Selon JPP, il y a également le problème de la sélection parce qu'il y avait pratiquement de nouveaux joueurs à chaque fois. Il pense que c'est une bonne chose. Cependant, Saboteur, a-t-il rappelé, n'est pas venu pour bâtir une nouvelle équipe mais nous qualifier pour la CAN 2008 et l'instabilité chronique n'est certainement pas la clef du succès. « Nous avons quand même des joueurs qui étaient là et constituaient une ossature. Nous ne pouvons pas les ignorer », a-t-il martelé avec le franc-parler qu'on lui connaît.
C'est un peu le même sentiment qui habite effectivement nombre de supporters du onze national, la porte de la sélection ne doit pas être fermée à tout joueur qui a des qualités.
Après trois journées, on constate que Saboteur n'a pas un effectif type alors que c'est ça qu'il aurait fallu pour avoir une ossature solide. Après le match contre la Tanzanie, c'est une autre équipe qu'il nous a été donnée de voir en octobre 2006 contre le Sénégal. Ce jour-là, la plupart des reporters sont tombés des nues quand ils ont reçu la feuille de match. Il y avait des changements par rapport au match de Dar-es-Salam. On était un peu inquiet compte tenu de l'inexpérience de certains joueurs. Mais tout s'est bien passé et nous voilà remis en selle.
Saboteur, entendait-on dire, a pris des risques parce qu'il a toujours eu foi en son étoile. La volonté et l'enthousiasme des joueurs ont eu raison d'une équipe sénégalaise au grand complet.
Le coup de poker s'est avéré payant mais ça ne marche pas à tous les coups, surtout que l'équipe ne semble pas avoir eu une préparation conséquente. Dans ces conditions, faire un résultat relevait de la gageure nonobstant les assurances du coach qui disait à qui voulait l'entendre que la formation qu'il alignerait serait même meilleure à celle qui avait gagné contre le Sénégal.
Si vous l'avez remarqué, cette équipe des Lions de la Teranga après Tunisie 2004 a presque conservé la même ossature. Kasperczak, qui a pris l'équipe en main après le départ de deux entraîneurs, n'a pas totalement bouleversé les choses. Les cadres sont toujours là, malgré la présence de quelques jeunes qui commencent à faire leurs preuves dans les différents championnats européens. C'est vrai que la plupart de nos pros n'évoluent pas dans de grands clubs, mais chacun à son niveau fait des efforts pour acquérir de l'expérience.
Les éliminatoires de la CAN 2006 n'ayant rien donné, on a tout de même remarqué que lors des trois derniers matches, les Etalons ont joué le football qu'il fallait et on a presque oublié qu'on ne sera pas en Egypte. On a encore en mémoire leur chevauchée fantastique respectivement face au Mozambique (4-0) et la RD Congo (3-0).
Une équipe, disait-on, était née et avec la persévérance dans le travail et les matches amicaux, elle pourrait tenir tête à n'importe quelle formation. Bernard Simondi ayant déserté l'écurie a tout de même laissé de bons chevaux. Comme nous l'écrivions dans notre édition d'hier, ils sont tous là et bien que certains soient blessés, ils sont encore bons pour le service.
On peut citer entre autres, Moumouni Dagano, Moussa Ouattara dit « Bouffe-tout », Wilfried Sanou, Abdoulaye Cissé, Yaya Kebé, Tanguy Barro, Kambou Bèbè, Issouf Koné, Lamine Traoré, Ousséni Zongo, Patrick Zoundi, Boureima Maïga, Mahamoudou Keré, Aziz Nikiéma, Alain Richard Traoré, Boureima Ouattara, Amadou Touré , Hénoch Konombo... autant dire une équipe complète.
Le rajeunissement d'une équipe ne doit pas être brusque surtout quand on n'a pas les moyens d'avoir des hommes qu'il faut pour être maîtres du champ de bataille. Peut-on raisonnablement penser que les joueurs que nous venons de citer n'ont plus leur place dans cette sélection ? Il est vrai que ce qui caractérise nos internationaux, c'est leur inconstance et que le Burkina est loin d'être le Brésil, l'Angleterre, l'Espagne, l'Italie, la France, ou même le Cameroun, la Côte d'Ivoire ou le Sénégal.
Pour tout dire, quand on voit des joueurs errer comme des âmes en peine 90 minutes sur le terrain, on se convainc définitivement que c'est le matériel humain qui manque le plus dans ce Burkina au point que même Fabio Capello, Marcello Lippi et autres José Morinho à la place de saboteur ne pourrait pas faire des merveilles.
Mais précisément parce qu'on n'a pas l'embarras du choix qu'il ne faut exclure personne par orgueil ou pour tout autre raison. Somme toute, les critères de sélection doivent être revus pour qu'il y ait une véritable concurrence. Jonathan Pitroipa en deux matches a prouvé sa régularité de même que Madi Panadétiguiri, qui est toujours égal à lui-même.
Le trio Pitroipa-Dagano-Aziz peut donner quelque chose. Samedi, les joueurs utilisés ont changé à maintes reprises de poste sans trouver des solutions. Il ne fallait pas, dans ces conditions, s'attendre à les voir jouer en mouvement et perturber les visiteurs. Aujourd'hui, le choix des hommes divise l'employé et l'employeur. L'entraîneur étant venu avec ses convictions, la psychologie sportive nous enseigne qu'il faut le laisser aller jusqu'au bout. C'est à l'arrivée qu'il faut apprécier ses résultats et la même si déjà, à mi-parcours, on a la nette impression que le Ghana, comme nous l'écrivions hier, s'éloigne du Burkina.
Justin Daboné
L'Observateur Paalga du 27 mars 2007
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