L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Fête de l’armée : 47 bougies soufflées dans des pétards

Fête de l’armée

47 bougies soufflées dans des pétards

 

L’armée nationale burkinabè a commémoré, hier jeudi 1er novembre 2007, le quarante-septième anniversaire de sa création. Sur le thème «Forces armées nationales et écocitoyenneté», la célébration intervient dans un contexte de malaise lié aux revendications itératives d’un groupe de militaires à la retraite et proches de la retraite.

 

 Pour cette quarante-septième traditionnelle  fête de l’armée, une nouveauté : la présence de jupettes dans un corps resté longtemps l’apanage des hommes. Elles étaient là, les femmes en bérets rouges. Impeccablement alignées devant l’entrée principale de la place de la Nation, elles forment la haie d’honneur aux personnalités civiles et militaires invitées à la cérémonie. Elles étaient aussi présentes, en tenues kaki bérets noirs à la lisière rouge. En rangs serrés, à côté de leurs camarades de classe, les filles de la première promotion du prytanée militaire de Kadiogo (PMK) tiennent la vedette.  

Le soleil monte. L’aire de la cérémonie devient un véritable brasier. Sous l’effet conjugué de l’insolation et de la soif, des militaires et des paramilitaires quittent les rangs. Les uns soutenus par des frères d’armes, les autres titubant, groggy sur le bitume. Mais elles, les filles du PMK, tiennent le coup. Elles défient, visages parfois endoloris, l’adversité entretenue par l’astre du jour.  Une résistance physique qui, en même temps qu’elle fait tomber certains préjugés défavorables au sexe dit faible, réconforte les initiateurs de la mutation actuellement en cours dans l’armée. «L’innovation majeure reste incontestablement l’accroissement des effectifs féminins dans les FAN [Forces armées nationales]. Ainsi, nous avons recruté des jeunes filles au prytanée militaire du Kadiogo pour la rentrée 2007-2008, à l'école nationale de gendarmerie, à l’école des sous-officiers d’active et bientôt nous en accueillerons à l’académie militaire Georges-Namoano», a opportunément rappelé le ministre de la Défense, Yéro Boly.

Le choix du thème de la commémoration : «Forces armées nationales et écocitoyenneté» traduit, selon le premier responsable de la Défense, l’engagement de la troupe pour la préservation de l’environnement et pour l’amélioration du cadre de vie. Engagement tenu depuis 2005 avec l’adoption par les Forces de défense nationale du «mois de l’arbre» qui a permis de « mettre en terre près de 60 000 plants en trois saisons sur une superficie de 1350 hectares». 

Après un briefing sur la participation de militaires burkinabè à des opérations de maintien de la paix et d’observation d’élections à l’étranger, le ministre Boly s’est livré à un bilan fort sommaire du fonctionnement de la grande muette. Quelque dix mois après  la poussée de fièvre de décembre 2006 due à des affrontements entre militaires et policiers, la cohésion serait de retour dans les rangs : «Les tristes événements qui ont ébranlé les paisibles populations lors des incidents malheureux  de décembre 2006 ont maintenant fait place à la sérénité et nous œuvrons sans relâche au renforcement de la fraternité d’armes et de la complémentarité entre toutes les forces de défense et de sécurité pour le bonheur de nos concitoyens», constate Yéro Boly. Sur la question des retraites, objet du ressentiment d’un groupe de soldats en activité et nouvellement admis à la retraite qui a promis descendre dans les rues le 12 novembre prochain, le ministre a promis très prochainement des mesures en matière de reconversion et de santé à même de : «lever définitivement la psychose de la prise en charge médicale et résoudre la sempiternelle question des retraites». 

Avant le défilé des troupes à pied, une quarantaine de récipiendaires dont un jeune civil (lire encadré) ont été décorés.

 

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga du 2 novembre 2007

 

Encadré

Décoration de Moïse Tassembédo

Au petit «pompier» de Komsilga, la nation reconnaissante

 

Il est le seul civil parmi la quarantaine de récipiendaires vêtus de vareuses bardées de médailles et de galons. Il est également le plus jeune de ceux-là que l’armée, à cette commémoration de son 47e anniversaire de création, a choisi pour exprimer sa reconnaissance. Physique frêle, visage émacié, tête fraîchement coiffée à ras, Moïse Tassembédo vit sans doute l’un des moments les plus mémorables de sa vie d’adolescence. Il vient de recevoir, des mains du ministre des Affaires étrangères, le colonel de gendarmerie Djibril Bassolet, la médaille d’honneur des sapeurs-pompiers. Il n’a que 17 ans. Toujours élève en classe de 4e  dans un lycée privé de la capitale. La foule l’acclame et la presse le traque. L’acte qui lui vaut aujourd’hui pareille célébration et dont nous avons eu le scoop en mi-juin ? 

Nous sommes le 8 juin 2007 dans le petit village de Dayoubsi (Komsilga). Un enfant de deux ans est tombé dans un puits perdu d’une quarantaine de profondeur et d’un diamètre de 30 centimètres. Arrivés sur les lieux, les sapeurs-pompiers ne peuvent rien pour le môme du fait de l’exiguïté de l’ouverture de la fosse. Personne parmi l’assistance ne veut s’y risquer. Sauf le jeune Moïse. Descendu au fond du puits, il parvient, malgré un traumatisme à l’épaule, à attacher la victime à une corde, avant de perdre connaissance par manque d’air. Ramenés à la surface puis évacués, l’un à l’hôpital Yalgado et l’autre à un centre pédiatrique, Moïse et l’enfant seront quelques heures plus tard hors de danger.

En plus de la médaille, le petit «pompier» de komsilga a reçu la proposition du ministre de l’Administration territoriale d’intégrer le corps des sapeurs-pompiers si tel est son souhait. «Je n’ai que 17 ans, alors que le recrutement se fait à 18 chez les sapeurs- pompiers. Mais dès l’année prochaine je rejoins la brigade des soldats de feu sans hésiter», a répondu le vaillant adolescent. Avec une telle force d’âme, nul doute qu’une bonne carrière l’attend dans un corps de métier qui l’a toujours fasciné.

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga du 2 novembre 2007



01/11/2007
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