Guillaume Soro sur le gril
Côte d’Ivoire
Guillaume Soro sur le gril
Après avoir eu la peau de Seydou Diarra et de Charles Konan Banny, le parti au pouvoir en Côte d'Ivoire veut maintenant celle de Guillaume Soro. Une stratégie est savamment planifiée pour déstabiliser le Premier ministre. Les attaques voilées ou directes contre le chef du gouvernement sont montées en crescendo. Jusqu'à cette déclaration du Congrès national de la résistance pour la démocratie, demandant qu'il "abandonne ses fonctions de secrétaire général des Forces nouvelles pour se consacrer à sa fonction de Premier ministre". La mouvance présidentielle, depuis la signature de l'accord de Ouaga, se rend-elle compte seulement maintenant de la double casquette de Guillaume Soro? Certes, le leader des ex-rebelles avait, comme Le Pays l'avait relevé en son temps, commis une imprudence en ne désignant pas une autre personnalité de son mouvement pour occuper le fauteuil de Premier ministre. Mais la suite des événements a montré que les pièges que nous redoutions pour lui, il a su les éviter les uns après les autres. Et un an après, il est bien là. Il ne s'est pas brûlé les ailes comme ses prédécesseurs. Au contraire, il se bonifie au contact du pouvoir. Cette résistance du Premier ministre à toutes les manoeuvres pour le liquider politiquement et même physiquement ne peut qu'exaspérer les faucons du régime. Surtout que le jeune chef des Forces nouvelles, dans un récent entretien accordé à Jeune Afrique , se disait impatient de voir la page des élestions tournées, afin qu'il "puisse enfin exprimer [ses] ambitions pour [son] pays". Et quand il s'exclame, de façon sybilline:"Vivement les élections qui vont clore un cycle politique et ouvrir la voie à de nouvelles générations!", on devine aisément quelles sont ces fameuses ambitions. Dès lors, une guerre ouverte est née entre lui et les partisans de Laurent Gbagbo, parce qu'il devient un concurrent potentiel dans l'avenir. Les accusations portées contre le Premier ministre sur l'application parallèle d'impôts dans sa zone et la nonchalance dans le désarmement, aussi fondées soient-elles, sont avant tout des prétextes politiques. Ce que le parti au pouvoir et ses affidés visent, en demandant qu'il quitte ses fonctions de chef des Forces nouvelles, c'est couper Guillaume Soro de sa base politico-militaire, avant de lui porter le coup de grâce par une éviction de la primature. Mais on peut compter sur l'intelligence politique de l'homme, qui a survécu à tous les coups tordus, depuis 2002, pour déjouer cette nouvelle opération de déstabilisation. Reste cependant qu'il doit prendre en compte certaines critiques comme l'économie parallèle qu'il continue d'entretenir dans le nord, s'il ne veut pas prêter le flanc à ses adversaires.
Mahorou KANAZOE
Le Pays du 27 mars 2008
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