L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

L'Heure     du     Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

Identification des parcelles à Ouidtenga : L'obstacle du deuxième jour

Identification des parcelles à Ouidtenga

L'obstacle du deuxième jour

 

Après la manifestation des populations des secteurs 28, 29 et 30 à la mairie de Bogodogo le 17 octobre 2007, les autorités de cet arrondissement ont ordonné le début de l'opération d'identification de leurs parcelles sur le site d'accueil de Ouidtenga. Si une vingtaine de "quatre bornes" ont été montrées à leurs attributaires le lundi 22 octobre 2007, les géomètres n'ont pas pu faire leur travail hier, par suite d'une opposition de certains notables de village qui a engendré une rencontre avec le maire dudit arrondissement, Zénabou Drabo.

 

L'arrondissement de Bogodogo a bénéficié d'une enveloppe de 1,9 milliard de nos francs au titre du projet de viabilisation des quartiers périphériques de Ouagadougou, financé par l'Agence française de développement, à hauteur de 9,5 milliards de FCFA. Ce projet prévoit des infrastructures communautaires comme l'adduction en eau potable, le bitumage des voies et des travaux d'assainissement. La réalisation du projet à la mairie de Bogodogo nécessite le déguerpissement de près de 1400 ménages des quartiers spontanés des secteurs 28, 29 et 30. Malheureusement, le déguerpissement a commencé le 30 août 2007 sans que les populations concernées touchent du doigt leurs "quatre bornes" au niveau du site d'accueil. C'est ce qui a occasionné la manifestation du 17 octobre 2007 devant la mairie de Bogodogo et qui a fait l'objet d'un article dans notre édition du 18 octobre avec le titre : "Déguerpissement oui, mais où aller ?". Comme pour répondre à cette question vitale, le maire a ordonné l'identification des parcelles qui a commencé à Ouidtenga le lundi 22 octobre 2007.

Hier, nous y sommes rendus, espérant voir de visages rayonnant de joie. Mais nous avons trouvé ceux de la section 810, concernés par l'opération du jour, munis de leurs papillons jaunes sur lesquels sont inscrites les références de leurs parcelles, attendant que le géomètre Mahama Fofana de l'Urbanisme fasse son travail. Plan en main, ce dernier ne pouvait pas s'exécuter parce qu'une partie de la population conduite par Raymond Compaoré, résidant au secteur 30, s'opposait à l'identification des parcelles. Ce qui ne manque pas d'étonner le président des déguerpis du secteur 30,  Moumouni Gouba : "Hier, nous avons été accueillis avec l'eau de l'étranger, une vingtaine de parcelles ont été identifiées au grand bonheur des attributaires, mais aujourd'hui, on s'oppose à nous, c'est incompréhensible", regrette-t-il.

 

"La terre de mes ancêtres"

 

Selon le technicien Mahama Fofana, le travail s'est bien déroulé le premier jour et l'accent a été mis sur ceux dont les lopins de terre ne sont pas dans les champs où on fera des récoltes dans les jours qui suivent. Pressées par les bulldozers, les populations parlent maintenant peu du dédommagement qui faisait partie de leurs revendications : "Le Médiateur du Faso et le maire  Simon Compaoré ont dit que la terre appartient à l'Etat et qu'il n'y a pas de dédommagement pour une zone non lotie ; nous avons compris, mais ce que nous voulons, ce sont nos parcelles", martèle Moumouni Gouba. Le responsable des déguerpis du secteur 29, Idrissa Nikièma, ne dit pas autre chose : "Beaucoup de personnes dont les maisons sont démolies ont exposé au dehors leurs bagages ; même si ce sont des tentes que nous allons dresser, nous attendrons nos parcelles ; il faut que le maire tienne en bride ses machines pour la résolution du problème".

Raymond Compaoré n'avait que faire de ces complaintes  ; lui, natif de Ouidtenga, est concerné par le déguerpissement au secteur 30.

Sa colère s'explique par le fait qu'une de ses deux maisons construites, selon lui, depuis 15 ans n'ait pas été prise en compte alors que c'est la terre de ses ancêtres, Ouidtenga, qui doit accueillir les déguerpis. C'est sa contestation qui a valu une rencontre entre les représentants des déguerpis et les notables chez le chef de terre du village, Sana Ilboudo.

En langue nationale mooré, le plaignant s'exprimera en ces termes : "Je suis venu dire à la famille et en particulier au patriarche Sana que je refuse qu'un lopin de terre soit donné à quiconque si l'injustice que j'ai subie à Ouaga n'est pas réglée ; si vous refusez aujourd'hui de résoudre mon problème parce que je suis le fils de la mal-aimée, demain le problème de celui de la préférée viendra et les mânes des ancêtres sont là pour appliquer la justice". Ne décodent ces paroles sibyllines que les initiés. Ayant eu vent des plaintes de ce "tingên biiga", autochtone en mooré, le maire de Bogodogo a demandé à le rencontrer. "S'il y a lieu de rencontrer le maire, je le ferais en présence d'un représentant de la famille, notamment Ilboudo Johanny, de peur qu'on ne dise après que j'ai été corrompu,  a d'emblée rétorqué son frère envoyé par les responsables de l'arrondissement.

 

Une rencontre concluante

 

Cette condition étant remplie, le plaignant a rencontré Zénabo Drabo avec Tanga Johanny Ilboudo et le fils du chef de terre, Goama Ilboudo.

Après plus d'une heure d'échanges, nous avons rencontré les protagonistes, conciliants."Nous irons faire le point de notre rencontre aux vieux qui décideront de la conduite à tenir ; mais je pense que le problème sera résolu", nous confie Raymond Compaoré, qui dit pouvoir maintenant nous parler parce que son cœur s'est apaisé. "Le maire est venu dans notre village et nous nous sommes réjouis que le lotissement parvienne jusqu'à nous ; notre prière est que tout se passe bien pour nous et pour les étrangers qui nous viennent de Ouagadougou ; je suis satisfait de cette rencontre et je pense que le travail se poursuivra", souligne Tanga Johanny Ilboudo.

Quant à Zénabo Drabo, elle a relevé qu'il y a eu un problème de communication, qui a été résolu. Selon elle, lors de ses rencontres avec le chef du village, le Ouidi et les différentes associations de la localité, il a été convenu de leur donner un certain nombre de parcelles en attendant que le lotissement proprement dit du village soit envisagé. C'est dire que ce n'est pas tout le domaine du village qui est actuellement concerné par le lotissement. "Nous avons trouvé un terrain d'entente et mieux, le plaignant et bien d'autres personnes seront impliqués dans l'opération ; le dialogue va se poursuivre pour aplanir toutes les difficultés jusqu'à la fin des travaux", a conclu le premier responsable de l'arrondissement L'identification devrait, en principe, se poursuivre aujourd'hui avec la section d'hier. Vivement que chacun mette de l'eau dans son vin pour atténuer la misère des déguerpis, comme cette sexagénaire Sibidou Tiendrébéogo que nous avons vue  au secteur 29 dans sa cour à moitié détruite.

 

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga du 24 octobre 2007



24/10/2007
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 1021 autres membres