Il y a 20 ans, la boucherie de Koudougou (Exécution des militaires du BIA)
Exécution des militaires du BIA
Il y a 20 ans, la boucherie de Koudougou
Le moins qu’on puisse dire, c’est que 20 ans après, le souvenir des "martyrs du BIA", comme on a l’habitude de les appeler, reste intact. On se rappelle qu’après le coup d’Etat du 15 octobre 1987, le capitaine Boukari Kaboré dit "le Lion" du Boulkiemdé, commandant du Bataillon d'intervention aéroportée, et ses hommes avaient tenté de s'opposer militairement au nouveau pouvoir, ce qui avait valu une descente de l’armée le 27 octobre sur Koudougou. Des soldats, dont on ne connaîtra certainement jamais le nombre exact, avaient été arrêtés, liquidés et hâtivement ensevelis dans des fosses et des buttes communes à Lattou à quelque cinq km du centre-ville. Quelques années plus tard, les restes des corps ont été déterrés puis enterrés dans une tombe commune. Depuis, les familles des disparus, les sankaristes et bien d’autres personnes entreprennent ce qui s’apparente à un pèlerinage sur les lieux pour déposer des gerbes de fleurs, réciter quelques prières et renouveler leur engagement à tout faire pour que vérité et justice se fassent un jour. A l'image donc de ce qui se passe à Dagnoën où reposent Thomas Sankara et ses douze compagnons d'infortune.
C’est dire que le samedi 27 octobre, pour ce 20e anniversaire de la mort de ces militaires, la tradition a été respectée. Devant la tombe commune, on a noté la présence de responsables sankaristes dont le député Nestor Bassière et Jean Hubert Bazié de l’UPS, Romain Conombo et Lassané Sam du CNR/MS et Jonas Hien, vice-président du Comité national d’organisation de l’Année Thomas Sankara. Le grand absent du jour aura toutefois été "le Lion", celui donc qui avait embarqué ses hommes dans cette aventure avant de s'enfuir au Ghana pour n'en revenir que de nombreuses années plus tard. Il est vrai cependant que l'intéressé, ainsi qu'il l'a confié récemment au "Pays", abhorre ce genre de rituels, qui confine, selon lui, à la publicité politique.
Avant les dépôts des gerbes de fleurs, le président du comité local d’organisation, Ablassé Kabré, et le représentant des anciens, Alexis Ouédraogo, ont rappelé l’angoisse que les Koudougoulais ont vécue ce triste 27 octobre 1987. Ils ont promis que la lutte se poursuivrait jusqu’à ce que la justice triomphe. Pour Jonas Hien, l’acte posé chaque année sur la tombe des "martyrs" constitue un engagement, un devoir de mémoire, un refus de la forfaiture et de la boucherie d'il y a 20 ans. ‘’Ils sont morts pour nous et nous nous battrons jusqu’à ce qu’on nous dise ce qu’ils ont fait pour mériter un tel sort’’, a-t-il martelé avant que, le regard triste mais plein de détermination, les uns et les autres quittent ces lieux brûlés par le soleil, où dorment des hommes qui ont été soit abattus à coups de kalachnikov, soit brûlés vifs à l’image du lieutenant Kéré et de ses hommes.
Cyril Zoma
L’Observateur Paalga 30 octobre 2007
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