L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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«Je suis déçu»

«Je suis déçu»

Dixit Lassina Traoré, président de JCB

 

Lassina Traoré. L’évocation de ce nom dans le milieu footballistique nous rappelle le Comité national de soutien aux Etalons (CNSE), dont il était le vice- président. Mais on retiendra surtout de lui ses démêlés avec l’ex-entraîneur des Etalons, Drissa Traoré dit Saboteur, dans une affaire qui avait fait couler beaucoup d’encre et de salive avant de connaître son dénouement au palais de justice. Président de JCB (Jeunesse club de Bobo) depuis 2006, Lassina Traoré fait encore parler de lui après sa démission le samedi 27 septembre 2008 de la tête de son club. Quelles en sont les raisons et quelles peuvent en être les conséquences pour son équipe qui est actuellement en pôle position dans le tournoi final pour la montée en D1 ? Des questions auxquelles le désormais ex-président de JCB nous apporte des éléments de réponse dans cette interview, qu’il nous a accordée dans son bureau.

 

Des rumeurs, de plus en plus persistantes, font état de remous au sein de votre équipe. Qu’en est-il exactement ?

 

• Je crois que vous êtes bien renseigné parce qu’au sein de JCB il y a effectivement une crise, qui perdure. Dans cette équipe, il y a des gens qui n’aiment que le désordre et qui ne cessent d’empoisonner l’atmosphère. J’ai tenté de résister et de redresser la barre, mais je crois qu’actuellement je suis au bout de mes peines. Je n’en pouvais plus et il fallait que je me retire. Alors samedi dernier, j’ai décidé de rendre ma démission.

 

Pour quels motifs exactement ?

 

• Dans une équipe, quand des gens prennent des initiatives sans consulter les autres, il y a forcément maldonne. Et c’est ce que nous vivons depuis toujours : des responsables et pas des moindres se permettent de faire des quêtes au nom de l’équipe sans rendre compte au bureau, que je dirige. Des pratiques que j’ai toujours dénoncées et combattues ; et là, je m’en prends à l’entraîneur et au secrétaire du club. Ils empochent toujours de l’argent de gens de bonnes volontés et reviennent me poser des problèmes, pour lesquels ils ont déjà approché  de généreux bienfaiteurs. Il y a aussi le fait qu’au sein de JCB, je suis perpétuellement victime de manigance orchestrée par d’anciens dirigeants. C’est la raison pour laquelle le comité directeur est actuellement divisé et on n’arrive toujours pas à accorder nos violons sur la gestion de l’équipe.

 

Mais vous auriez pu organiser une rencontre pour débattre de tous ces problèmes ?

 

• Je l’ai toujours tenté, mais sans succès. J’avais d’ailleurs convoqué une assemblée le samedi de ma démission, qui n’a pu se tenir. Parce que d’autres ne voulaient pas que les choses s’arrangent et ils ont choisi de démobiliser les gens. Comment voulez-vous que dans ces conditions je puisse continuer à travailler pour cette équipe ? Alors ceux qui pensent qu’ils ont autre chose à proposer, qu’ils le fassent maintenant. Moi, je suis parti.

 

Pourtant, on vous reproche de naviguer à vue sans réunion et même de refuser de contribuer financièrement à la vie du club. Qu’en dites-vous ?

 

• (Rires). Je ne voudrais pas vous faire le bilan de ma contribution financière à la survie de cette équipe. Ceux qui vous disent des choses pareilles ne sont que des ingrats. Demandez aux joueurs, ils vous en diront plus. J’assure les primes de matchs de ma propre poche. Le siège du club, en location au secteur 8 (Sikasso Cira) à raison de 30 000 F/mois est à mes frais. J’ai souvent préfinancé ou même financé le déplacement de l’équipe pour les rencontres de D2 ; parce que la Fédération ne nous donne rien pour les voyages. Et avec tout ça, il y a des gens qui estiment que je ne fais rien ?

 

Vous êtes alors déçu ?

 

• Je suis très déçu, et pour que cette équipe aille de l’avant, il faut qu’elle se sépare de son entraîneur et de son secrétaire général.  Pendant qu’on se saigne pour faire avancer les choses, d’autres ne pensent qu’à eux-mêmes. Il faut éviter le désordre dans une équipe si on veut qu’elle aille de l’avant.

 

Votre démission intervient à un moment où l’équipe joue les premiers rôles dans les éliminatoires pour la montée en D1. Ne pensez-vous pas que votre départ risque de lui porter préjudice ?

 

• Ça serait dommage si c’était le cas. Mais je n’avais pas le choix. Beaucoup de gens m’ont approché pour me dire de revenir sur ma décision parce que les joueurs veulent boycotter les entraînements et même les prochains matchs de la D2. Mais je refuse toujours de me raviser parce que ma décision a été bien réfléchie.

 

Vous aviez eu récemment des démêlés avec Drissa Traoré dit Saboteur. Quel est aujourd’hui l’état de vos relations ?

 

• Je ne voudrais plus parler de cette histoire.

 

L’avez-vous rencontré depuis votre procès ou avez-vous eu des échanges avec lui ?

 

• Non, depuis le procès, on ne s’est plus revu. Et d’ailleurs, je préfère qu’on  arrête de parler de cette affaire.

 

Et pour conclure ?

 

• Je pense honnêtement que le milieu du football est très difficile à Bobo. Il faut que les gens changent et qu’ils acceptent de se sacrifier pour la vie des clubs au lieu de les utiliser à des fins personnelles. Et nous avons de plus en plus  affaire à cette race de dirigeants. Cela est très déplorable et surtout préjudiciable au développement du sport-roi dans la ville de Sya.

 

Jonas Apollinaire Kaboré

L’Observateur Paalga du 3 octobre 2008



03/10/2008
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