Kadhafi et son double (Expulsion d'immigrants clandestins de Libye)
Expulsion d'immigrants clandestins de Libye
Kadhafi et son double
Depuis mardi dernier, le guide de
Ainsi,
En effet, ces images de centaines d'Africains dans des bateaux de fortune vers "l'Eldorado européen" restent désormais chose banale. Ils sont nombreux, ceux qui périssent en pleine mer tandis que quelques veinards traînent leurs guêtres aux confins désertiques du Maroc, de l'Alger et de
C'est ainsi qu'un communiqué du gouvernement libyen, cité par l'agence officielle Jana, affirme que "les autorités ont décidé de commencer à rassembler immédiatement tous les étrangers vivant illégalement en Libye et à les expulser sur le champ".
Des mesures qui concernent tous les immigrants illégaux sans exception.
Si
Mais selon
Il n'est pas négligeable, le nombre de ceux qui y sont installés et y travaillent régulièrement, mais une partie de ces travailleurs serait des clandestins.
C'est certainement pour cela que les autorités libyennes imposent désormais des visas à tous les ressortissants d'Afrique au sud du Sahara. Et depuis un an, toute entreprise libyenne a l'obligation de déclarer l'ensemble de ses employés étrangers. Grâce à cette vaste politique de traque des travailleurs au noir,
Et selon
Pourtant au pays du colonel Kadhafi, la place des travailleurs immigrés dans l'économie est loin d'être minimisable.
En effet, certains secteurs économiques de ce pays reposent presque en totalité sur les immigrés. Il en est ainsi du bâtiment, des emplois de gardien, de serveur dans les restaurants et quelque peu dans l'agriculture. Sans ces travailleurs, bon nombre de petits commerces ou de cafés mettraient la clé sous le paillasson.
On se souvient que lors de la précédente grande opération de rapatriement, il y a de cela une année, le secteur du bâtiment est resté confiné pour un temps au ralenti.
Comme on le voit,
Rien n'est moins sûr.
Cependant, il est unanimement admis que c'est la seconde fois en une année que
Pourtant, selon la convention universelle des droits des travailleurs migrants et de leur famille, toute expulsion décidée par un pays doit se faire selon des procédures de protection de la dignité et des droits humains. Mais le pays de Kadhafi n'en a cure et c'est de manière muselée que les immigrants sont souvent invités à rebrousser chemin.
Peut-être bien que pour cette expulsion-ci, les Libyens y ont mis la forme pour que chaque travailleur clandestin puisse rejoindre le bercail sans être brutalisé et humilié, et ce n'est pas trop tôt.
Mais véritablement on tombe des nues en apprenant que ce triste spectacle d'expulsion sans ménagement de travailleurs immigrés nous est servi par le pays de Kadhafi, le panafricaniste, champion toutes catégories de discours unificateurs. Qui l'eût cru !
En effet, en voyant Kadhafi faire le tour du continent africain, cherchant à convaincre ses pairs de la nécessité de la création des Etats-Unis d'Afrique, on pense vraiment au plus grand panafricaniste que le monde ait connu.
Mais à le suivre dans son comportement quotidien, on se rend compte à l'évidence qu'entre ses actes et ses discours, il y a tout un océan à traverser. Le mépris dont sont victimes certains travailleurs immigrés dans son propre pays est en totale déphasage avec le discours du guide sur une "véritable unité africaine".
En effet, on se souvient d'ailleurs de la cour assidue dont les hommes de médias et les décideurs africains réunis pour le sommet de l'Union africaine à Accra en juillet dernier ont été l'objet de la part de Kadhafi pour qu'ils acceptent de le suivre dans son pressant désir de voir mettre en place un gouvernement continental.
Le Guide tenait coûte que coûte à célébrer à Accra la naissance des "Etats-Unis d'Afrique" avec une mise sur pied immédiate d'un gouvernement continental. Nous avons encore en mémoire que c'est en 1999, lors du sommet de Syrte, que
Pour Kadhafi, il fallait transférer les compétences régaliennes de l'Etat à un gouvernement central avec une suppression des frontières héritées de la colonisation. Ce qui signifie que pour le Guide de
Ce sont là quelques idées fort généreuses qui jurent avec les faits. Et notre désarroi est d'autant plus grand que c'est
A entendre Kadhafi déclamer quelques belles idées sur le panafricanisme et à voir les traitements réservés sur le terrain à certains travailleurs immigrés, il y a une sorte de hiatus. Et quelque part, on parlerait de Kadhafi et de son double.
Boureima Diallo
L’Observateur Paalga du 18 janvier 2008
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