L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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L'agité de l'Elysée

L'agité de l'Elysée

 

On le savait déjà trop pressé, particulièrement ambitieux et passablement irascible ; on le découvre plutôt hyperactif. Nicolas Sarkozy est en effet partout, omniprésent, omnipotent, omniscient. Il est tellement présent qu'on se demande souvent s'il n'a pas le don d'ubiquité ou s'il n'a pas quelque part un double.

Entre deux foulées, le joggeur du Château s'occupe de tout. C'est lui pratiquement qui nomme les proches collaborateurs (les directeurs de cabinet par exemple) des ministres. C'est encore lui qui reçoit les syndicats, qui accorde une audience à son ancienne rivale socialiste, Ségolène Royale, ou qui va expliquer la politique économique de la France sarkozienne à l'Euro-Groupe.

Comme si sa ministre de l'Economie et des Finances, Christine Lagarde, n'en avait pas les compétences.

Sacré Sarko ! A ce rythme, on se demande jusqu'où il va aller et surtout combien de temps il va pouvoir tenir, ce superprésident, qui, parce qu'il n'est jamais satisfait de rien ni de personne, préfère être lui-même à la baguette en bon chef d'orchestre, même si ça confine souvent au one man show.

Du coup, le pauvre François Fillon et son gouvernement sont souvent réduits au rôle d'agents de liaison de luxe. Car quand ce n'est pas le locataire de l'Elysée qui applique la théorie de l'occupation permanente des esprits, ce sont ses plus proches collaborateurs qui s'en chargent.

Ainsi de Claude Guéant et de David Martinon, respectivement secrétaire  général et porte-parole de l'Elysée, ou encore d'Henri Guaino, le conseiller spécial du chef de l'Etat, le Premier ministre doit ainsi se débattre pour exister, ce qui n'émeut guère outre mesure son patron.

Le "Canard enchaîné" du mercredi 4 juillet dernier  rapporte ainsi les propos que Sarkozy aurait tenus, deux jours plus tôt, devant des visiteurs qui s'inquiétaient du peu d'espace laissé à Fillon. "C'est à Fillon de trouver sa place. Pas à moi de me taire" aurait-il lâché.

L'hôte de Matignon sait donc maintenant ce qu'il lui reste à faire, même si on se demande bien comment il va s'y prendre pour résister à la déferlante médiatique de celui qu'il est convenu d'appeler "l'agité de l'Elysée". Ce ne sera certainement pas à l'occasion des manifestations commémoratives du 14-Juillet, au cours desquelles les caméras n'auront d'yeux que pour le mari de Cécilia, qui compte bien marquer de son sceau cette date. N'a-t-il pas d'ores et déjà proclamé qu'il rompra avec les traditionnelles grâces et remises de peines du 14-Juillet ? Mais, si dans cette  agitation présidentielle tous azimuts, il fallait trouver quelque chose de positif, ce serait le fait qu'elle nous change de cette posture de statue du Commandeur et de l'image de ces monarques absolus et irresponsables (au sens juridique du terme) qu'a générées la Ve République et dont les modèles achevés étaient sans doute Charles de Gaulle et François Mitterrand.

Nicolas Sarkozy de Nagy Bosca, lui, a promis de rompre avec les habitudes du passé, et c'est pourquoi il met la main dans le cambouis. Il veut faire bouger cette vieille France qui semble parfois "irréformable" ; il compte bien ravaler cette façade hexagonale plutôt décrépie, n'en déplaise  à ses contempteurs.

Plus question donc de s'en tenir aux traditionnels domaines réservés que sont les Affaires étrangères et la Défense, pour laisser les affaires domestiques au chef du gouvernement et à son équipe.

Quitte à donner l'impression qu'il n'avait pas vraiment besoin d'un Premier ministre, si c'est pour effectuer lui-même les tâches ménagères.

 

Pierre Tapsoba

L’Observateur Paalga du 13 juillet 2007



13/07/2007
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