L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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L'or blanc commence à noircir

L'or blanc commence à noircir

Coups de colère par-ci, grincements de dents par-là. Les producteurs de coton, à l'orée de la campagne cotonnière 2007-2008, ne semblent plus savoir à quel Saint se vouer. Des producteurs du département de Bakata, dans la province du Ziro ont même jeté l'éponge, décidant de ne plus mettre leur énergie dans la production du coton (Cf Sidwaya n°5903 du mardi 22 mai 2007). A l'origine de cette moue des cotonculteurs, la baisse du prix d'achat producteur du coton qui dégringole de 165 F CFA pour la campagne précédente à 145 F CFA/kg pour 2007-2008 et la hausse du coût des intrants agricoles, annoncées lors des fora annuels entre la Société burkinabè des fibres et textiles (SOFITEX) et les producteurs de coton. Une situation suffisamment dure à vivre, à entendre les producteurs, ce qui les a amenés à exprimer leur ras-le-bol. De Oury à Bakata en passant par Pâ, Béréba, le mécontentement est général.
Pour sa “défense”, la SOFITEX évoque des données face auxquelles elle-même est impuissante, entraînant inéluctablement les changements susmentionnés (baisse du prix du coton et hausse des intrants) : subventions des pays riches, arrimage défavorable du F CFA à l'euro, flambée du cours mondial du pétrole.
Si l'on peut concéder à la nationale des fibres et textiles, cet état de fait, il lui revient tout de même de trouver la formule qui sied afin que les retards de paiements des producteurs, dont les délais non respectés d'évacuation des productions, dont les producteurs l'accusent de façon récurrente, soient définitivement de mauvais souvenirs. Arguant à chaque fois qu'elle reste un partenaire et un allié sûrs des producteurs face à la crise du coton, la situation à l'interne de la SOFITEX ne semble pas en adéquation avec la volonté d'être unis face aux "secousses". "La filière se porte mal, mais nous avons l'impression que ce sont les paysans seuls qui souffrent", a dit en substance un producteur désemparé de Oury, dans les Balé. Une donne que les responsables de la SOFITEX semblent reconnaître en filigrane, puisque la réduction des dépenses de voyage, la réduction des appels téléphoniques, la suppression de certaines primes équivalentes à un mois de salaire de la "maison" sont désormais à l'ordre du jour. Reste maintenant à œuvrer pour que ces promesses ne restent pas vaines, afin de "limiter les dégâts". Car laisser la filière coton au Burkina sombrer dans les profondeurs, est un scénario catastrophe duquel on se relèvera difficilement.
Pour ramener définitivement la confiance dans la filière, il appartient également aux leaders des producteurs de coton de jouer véritablement leur rôle de lobbying à l'endroit des pouvoirs publics nationaux et sur le plan international. Et cela, si nous voulons rester le premier producteur de l'or blanc en Afrique et préserver le "gagne-pain" des quelque 2 millions de Burkinabè qui vivent du coton, principale source d'entrée de devises du Burkina, avec une part contributive de l'ordre de 5 à 10% du PIB.

Gabriel SAMA

Sidwaya du 24 mai 2007



24/05/2007
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