L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

Contes et légendes

La part des oiseaux

Il était une fois un homme qui avait un champ de fonio. Quand les graines furent à maturité, il envoya ses enfants surveiller le champ pour que les oiseaux ne les mangent pas.

Un oiseau vint, et les enfants le chassèrent en faisant : gouê-gouê. Mais l'oiseau se mit à chantier :

- Enfant, laisse-moi tranquille ! Ce grand champ de fonio, qu'est-ce qu'un coup de bec peut lui faire ? Couleri tintin mougou tintin couleri tintin mougou tintin.

Comme la chanson les intéressait, les enfants regardèrent l'oiseau qui, tout en chantant, continuait de picorer. Dès que l'oiseau s'arrêtait de chanter, un enfant se levait, faisait : gouê-gouê et chassait, mais l'oiseau reprenait sa chanson, et l'enfant écoutait et dansait. Alors c'était le suivant qui faisait : gouê-gouê et tout recommençait. Il en fut ainsi avec tous les enfants, l'un après l'autre, jusqu'au coucher du soleil. La mère commença à s'inquiéter :

- Le soleil est en train de se coucher et les enfants ne sont toujours pas là. Que se passe-t-il ?

Elle alla au champ et vit l'oiseau qui picorait. Elle gronda les enfants :

- Pourquoi laissez-vous l'oiseau picorer comme ça ? et elle fit gouê-gouê.

L'oiseau se remit alors à chanter sa chanson, et la femme se mit à danser elle aussi.

Le mari, ne voyait pas sa femme et ses enfants revenir, les rejoignit au champ. Il trouva l'oiseau en train de picorer, sa femme et ses enfants en train de danser, et il se fâcha :

- Pourquoi laissez-vous cet oiseau manger mes récoltes ? et il chassa l'oiseau gouê-gouê.

L'oiseau reprit alors sa chanson, et l'homme aussi se mit à danser.

C'est depuis que, dans ce pays , on dit que tu auras beau essayer de garder ton champ de fonio, les oiseaux prendront toujours leur part.

Recueilli par Françoise Diep et François Moïse BAMBA

Le Pays du 25 janvier 2008