La répression n'est pas la solution (Vie chère)
Vie chère
La répression n'est pas la solution
La vie chère transcende les frontières et les considérations politiques. Et les populations n'ont pas besoin d'autorisation pour crier leur faim face à la flambée des prix des denrées courantes. Après bien d'autres villes, Abidjan est à son tour touchée par la colère des petites personnes prises dans l'étau de la vie chère. Un peu partout sur le continent, le petit peuple, acculé par l'inflation galopante, s'est trouvé une nouvelle vocation: manifester bruyamment pour dire aux dirigeants qu'il n'en peut plus. La réponse à la demande sociale n'a pas toujours été à la hauteur des attentes. Pire, la plupart des dirigeants ont brandi l'arme de la répression, pour mater un mouvement qu'ils accusent de subversif. Un mauvais diagnostic ou une mauvaise foi de la part des gouvernants, qui a pour conséquence d'envenimer la situation. Quand un être humain a faim, ce n'est pas à coups de fouet qu'on le fera taire mais avec le pain. Certains dirigeants ont depuis longtemps intégré cette donne dans leur mode de gouvernance, tel le Guide de la révolution libyenne. Malgré tout ce qu'on dit de lui en matière de respect des principes démocratiques, il n'a pas de gros problèmes avec son peuple à qui il a toujours su assurer un bien-être socio-économique.
Déjà engluées dans une précarité sociale permanente, les populations d'Afrique subsaharienne doivent en plus supporter les nouvelles épreuves de la vie chère. La seule réponse à leur légitime ras-le-bol est qu'elles sont manipulées. Ce discours contre-productif et inopérant montre l'incapacité des dirigeants à faire face à la hausse des prix qui ronge davantage le pouvoir d'achat des consommateurs. Seuls ou dans le cadre des institutions sous-régionales, les pays africains ont regardé venir la crise, sans anticiper sur le choc prévisible sur les ménages. La hausse du prix du baril de pétrole a toujours été l'argument principal de cette impuissance. Pourtant, des solutions alternatives auraient pu être trouvées dans une démarche de prévoyance. La plupart des tentatives pour juguler la crise sont faites aujourd'hui, dans la précipitation et ne garantissent pas un avenir serein pour la bourse du consommateur.
A Abidjan, le pouvoir a fait recours à la force pour réprimer les manifestations. Il y a même eu mort d'homme. La logique est une fois de plus, hélas, respectée.
Mahorou KANAZOE
Le Pays du 2 avril 2008
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