L’EUFOR entre le marteau et l’enclume
Tchad
L’EUFOR entre le marteau et l’enclume
Son déploiement était prévu depuis, mais l'attaque des rebelles tchadiens avait contraint les responsables à en repousser la date de quelques jours. Aujourd'hui, c'est presque chose faite.
Une centaine de militaires de
Un déploiement périlleux et une mission devenue encore plus difficile à cause de l’implication directe ou indirecte de militaires français auprès de l’armée tchadienne contre les rebelles lors de la bataille de N’Djaména. Mais osons le dire tout de go : compte tenu du jeu trouble de
En effet, le rôle ambigu joué par Paris au temps fort de l'attaque des rebelles (renseignements et appuis logistiques fournis aux hommes de Déby) entache de manière grossière la neutralité de l’EUFOR dans cette zone bouillonnante du continent et ce, depuis 2003.
Comment persuader les rebelles et le reste de la communauté internationale de la neutralité et du rôle essentiellement humanitaire censé joué par cette force quand on sait que
Déjà, dans chaque camp, on se prépare psychologiquement à d’éventuels affrontements. Les rebelles, comme on le sait, ne sont pas aller par quatre chemins pour dire qu’ils affronteront la force européenne si jamais celle-ci venait à violer les zones sous son contrôle. De leur côté, les responsables de l’EUFOR annoncent qu’ils ouvriront le feu en cas d’attaques rebelles.
Alors la question que l’on se pose n’est pas de savoir si les deux parties vont s’empoigner, mais quand est-ce que ces empoignades auront lieu et quelles peuvent être les conséquences prévisibles de ces affrontements ? Une éventualité qui, si elle se concrétisait, ne ferait que brouiller encore davantage la situation dans cette zone et surtout compliquer le sort des réfugiés. Et les affrontements semblent si inévitables que les rebelles, Khartoum et ses milices sont ouvertement opposés à la présence de l’EUFOR. Dans ces conditions, une petite étincelle est vite produite et le feu a toute la latitude de se propager en semant morts et désolation de part et d’autre.
L’attitude de
Mais pour l'instant, s'il y a donc quelqu’un qui, à coup sûr, va tirer bénéfice de cette force, c’est bien le président Idriss Déby Itno. Cette force européenne n'est pour lui autre que du pain béni, un bouclier inespéré pour éloigner pour un temps cette rébellion qui lui donne des cauchemars et c’est pourquoi, à peine les canons tus à N’Djamena, il s’est empressé d'appeler à la reprise du déploiement de cette force.
L’EUFOR va donc permettre de stabiliser un régime aux abois en lui accordant un autre suris. Mais à l'évidence, cette force risque fort de se retrouver piégée, coincée entre le marteau et l’enclume, c’est-à-dire entre les manipulations franco-tchadiennes et les menaces des rebelles et de leurs maîtres soudanais, qui tiennent à en finir avec le successeur d'Hissène Habré et son régime vomi.
Avant que les choses ne dégénèrent, Européens et surtout Français gagneraient à faire pression sur Déby pour obtenir la libération des opposants politiques enlevés aux heures chaudes des combats et gardés, espérons-le, toujours en vie au secret. Un tel dénouement permettrait de décrisper un peu plus l’atmosphère sinon gare à une «vietnamisation» de la situation au Tchad. Les Rangers et autres Delta force américains en savent quelque chose et
A bon entendeur, salut !
San Evariste Barro
L’Observateur Paalga du 14 février 2008
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