L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Le gouvernement togolais sera-t-il aussi fermé que l’Assemblée ?

Togo

Le gouvernement sera-t-il aussi fermé que l'Assemblée ?

Le Rassemblement du peuple togolais (RPT), parti au pouvoir, vient d'imprimer sa suprématie sur l'Assemblée nationale du Togo. Sans surprise, elle a cédé à la tentation de placer à la tête du Parlement, un homme du sérail, amoindrissant ainsi les chances d'une ouverture tant espérée par une partie non négligeable du peuple togolais. Pour l'opposition, à présent, les carottes sont cuites. Maintenant que le parti au pouvoir s'est taillé la part du lion, le gouvernement sera-t-il aussi fermé que l'Assemblée nationale ? La conduite de l'Exécutif échoira-t-elle entre les mains de l'opposition ?

Mais, en réalité, que le futur chef du gouvernement soit issu ou non des rangs de l'opposition, le fait, pour elle, d'être minoritaire à l'Assemblée nationale, constitue déjà un sérieux handicap pour l'engagement de futures réformes politiques et institutionnelles, plus que nécessaires aujourd'hui à la relance du Togo. Tout se jouant au niveau du Parlement, le parti au pouvoir en est si conscient qu'il n'a voulu faire aucune concession en ce qui concerne l'occupation du perchoir. Les caciques du RPT ont d'ailleurs été on ne peut plus clairs, à ce sujet, eux qui déclaraient qu'ils ne se sentaient nullement obligés de partager le pouvoir.

Le RPT ayant donc le contrôle du Parlement, le Togo pourrait rater l'occasion d'amorcer un véritable tournant et de s'offrir les chances d'une réelle ouverture politique. Certes, la formation du prochain gouvernement pourrait voir – même si cela n'est pas une certitude - l'entrée en scène d'un nouveau chef de l'exécutif issu de l'opposition. Mais, à la vérité, combien de temps dure un Premier ministre, de surcroît issu des rangs de l'opposition ? Comme toujours, il sera fait feu de tout bois pour le pousser vers la sortie. En Afrique, sans doute beaucoup plus qu'ailleurs, un Premier ministre qui dérange, ça ne dure pas. Vite éjecté, les vieilles habitudes reprennent leurs droits sans que les changements annoncés aient eu le temps d'être opérés. Sans doute l'Union européenne aurait-elle pu exercer une certaine influence sur le cours des événements si elle avait attendu de voir un peu plus clair sur les possibilités d'ouverture du régime à travers les votes au Parlement. On est en effet étonné de la promptitude avec laquelle elle a rétabli, à peu de frais, sa coopération avec le Togo. Tout s'est passé comme si l'Union européenne était aux aguets et ne voulait s'en tenir qu'à l'organisation des législatives, la qualité du scrutin et l'ouverture important peu. Elle ne se serait pas empressée de renouer avec ce pays que sa position aurait peut-être influer, d'une certaine façon, sur la configuration actuelle de l'Assemblée nationale.

Mais puisque la page des élections est définitivement tournée, à quoi bon ressasser le passé ? Les regards doivent maintenant être tournés vers l'avenir. Et c'est pourquoi, quel que soit le domaine dans lesquels ils seront appelés à servir le Togo, les acteurs politiques togolais, toutes tendances confondues, devraient toujours garder en mémoire ceci : quelles que soit leurs divergences politiques, les Togolais doivent rester unis et solidaires, et se rendre à l'évidence qu'il est grand temps que le pays se remette, pour une fois, sur les rails. Il faut se mettre au travail et au plus vite, d'autant que les chantiers sont nombreux et les défis à relever, énormes.

Les responsabilités sont énormes et la tâche immense. Non seulement, l'avenir du Togo sera fonction de la capacité du président à s'affranchir d'une certaine "veille garde" jalouse de ses privilèges datant de plusieurs décennies, et à toujours rester au-dessus de la mêlée, mais aussi de sa capacité à innover et à anticiper. Le Togo a plus que jamais besoin de s'ouvrir aux vents de la modernité et de se découvrir un réel changement dans les mentalités.

Le président Faure n'en pense sans doute pas moins. Et si, comme le déclarent certains caciques du RPT, l'ouverture n'est pas synonyme de partage du pouvoir, le président, en ce qui le concerne, devra, dans un souci constant de construction et d'apaisement, travailler, sans relâche, à éloigner le Togo des cloisonnements, des positions tranchées et des résistances insensées, qui ne peuvent que détourner le pays du chemin menant à la concorde, à la réconciliation nationales et au développement. C'est à ce prix que cette petite bande de terre jadis appelée la Suisse de l'Afrique, retrouvera son lustre d'antan.

Le Pays du 27 novembre 2007



27/11/2007
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