"Le Burkina doit gagner la bataille de l'image"
François Golblatt (Ambassadeur de France au Burkina)
"Le Burkina doit gagner la bataille de l'image"
Comme à l'accoutumée à chaque 14-Juillet, fête nationale française, l'Ambassadeur a convié ses compatriotes vivant au Burkina, les autorités, les amis et connaissances à sa résidence pour commémorer l'événement. Politique intérieure, économie, coopération, le diplomate a profité de l'occasion pour en parler...
N'en déplaise à notre confrère le Canard enchaîné (du 14 février 2007), le "Kombéré" (1) de l'Hexagone à Ouagadougou persiste et signe. On se rappelle que l'hebdomadaire français avait modérément apprécié justement les ... appréciations du diplomate sur le Burkina, faites à la faveur du dernier sommet Afrique/France à Cannes. Son point de vue était que le Burkina Faso progressait dans certains secteurs (coton) et, politiquement, s'enracinait dans la stabilité démocratique. Il conviait même les journalistes à venir visiter le Faso ; un crime de lèse-diplomatie selon encore notre confrère français. Le samedi 14 juillet 2007, soit 5 mois jour pour jour après l'article du Canard, François Golblatt a répété mutatis mutandis ce qu'il avait affirmé à l'époque. Devant ses invités, il a laissé entendre : "Un an après la communalisation intégrale, le Burkina marche dans le concert des Etats démocratiques". Il a mis en exergue la coopération exemplaire existant entre la France et notre pays, sans oublier le travail du Burkina pour consolider la paix dans la sous-région. Il a cité en exemple les médiations réussies de Blaise Compaoré dans les crises togolaise et ivoirienne, des "crises inextricables à la limite", de l'avis du diplomate français. Pour lui, ce succès diplomatique a été salué dans le monde entier comme l'illustration "d'une vision stratégique et d'un authentique courage politique". Car il fallait concilier des positions diamétralement opposées, surtout dans la crise en Côte d'Ivoire. Certes, François Golblatt reconnaît qu'en raison de l'attentat contre le PM Guillaume Soro le 29 juin dernier, le processus reste fragile, mais il estime que l'espoir est permis si des élections libres et transparentes se tiennent. Au-delà de ce succès story-diplomatique, Golblatt a salué le progrès économique du Burkina (+6% de croissance, maîtrise de l'inflation...). Il a redit les performances du BF dans le domaine du coton. Les seuls points noirs concernent l'analphabétisme, la gouvernance et surtout ce qu'il a appelé la bataille de l'image. Le Burkina et même l'Afrique entière doivent se battre pour avoir un bon préjugé dans le monde. "La perspective d'un avenir prospère se dessine, mais il y a un défi à relever... la bataille de l'image". Selon lui, il faut que le Burkina soit perçu sous le prisme d'un pays qui se bat pour sortir de l'ornière. Il faut que la "grille de lecture soit la même utilisée partout, pour apprécier le Burkina et l'Afrique entière. François Golblatt a parlé d'une "sortie du ghetto pour le Burkina", pour dire que les Burkinabé doivent être vus comme les autres habitants du continent, à savoir tels "des citoyens et des producteurs". En tout cas, le représentant de la France au Burkina croit dur comme fer que notre pays peut s'inscrire dans le lot des pays émergents, s'il continue à cheminer comme il le fait. Au cours de cette fête, deux Français ont été faits chevaliers des palmes académiques : François Coué (ex-directeur du lycée Saint-Exupéry) qui est affecté à Hong-Kong, et Daniel Grainié qui, après un séjour au Faso il y a quelques années, revient pour s'y installer.
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga du 17 juillet 2007
(1) Kombéré : anciennement représentant du Moogho Naaba dans une localité, donc l'équivalent d'ambassadeur
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