Le fils aîné quitte la maison (Sénégal & Ascena)
Défection du Sénégal de l'ASECNA
Le fils aîné quitte la maison
Youssouf Mahamat, le directeur général de l'ASECNA, a beau se répandre en dénégations et formules diplomatiques, las, notre information parue dans une "Lettre pour Laye" du vendredi 9 novembre 2007 semble se conformer : l'aiguilleur principal du ciel africain, l'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) traverse bel et bien une zone de turbulences.
D'abord, c'est Madagascar qui s'est retirée de la structure il y a quelques semaines de cela pour des "raisons liées aux ressources financières" et aussi au regard de l'immensité de son territoire, dont les redevances éventuelles suffisent à financer la gestion des aéroports et aérodromes du pays.
On en était là à déplorer cette défection de
Ça y est donc, le Sénégal décroche aussi de l'ASECNA, fait gravissime de la part de ce qui était la capitale de l'Afrique occidentale française (AOF), le pays de Senghor, le président-poète, qui prônait le regroupement par cercles concentriques, pour atteindre le sommet.
Evénement gravissime également pour le pays d'Abdoulaye Wade, l'un des chantres actuels de l'avènement rapide des Etats-Unis d'Afrique, celui-là même qui pérorait pas plus tard qu'en juillet 2007 à Accra, lors du sommet des chefs d'Etat de l'Union africaine (UA), disant que "Le Sénégal est prêt à renoncer à sa souveraineté nationale pour que les Etats-Unis d'Afrique soient une réalité".
Question nodale : si le Sénégal est un partisan fieffé de l'Union africaine, pourquoi est-il en train de démanteler un outil intégrateur comme l'ASECNA ?
Ce départ sénégalais est lourd également de conséquences pour ces "travailleurs du ciel", car ce pays abrite le siège de l'institution. Ironie de l'histoire, c'est à Saint-Louis, toujours au Sénégal, en 1959, que l'ASECNA a vu le jour avec 14 membres fondateurs. De nos jours elle compte 18 pays. A ce titre, le Sénégal faisant figure de fils aîné, il devrait, en toute logique, être le dernier à manifester une volonté d'individualisme.
Or, c'est le fils aîné qui donne le mauvais exemple, même s'il est vrai que l'article 10 de
Passons que le Sénégal veuille engranger des sous pour renflouer ses caisses, tenaillé qu'il est par le renchérissement des denrées de première nécessité, la crise de l'énergie... Mais qu'il ne le fasse pas sur le dos de l'ASECNA, qui est un exemple réussi d'intégration africaine !
A ce rythme, on voit les choses venir, chaque pays voudra gérer son lopin de ciel avec ce que cela comporte comme désagrément. Déjà on annonce que le Congo-Brazzaville et
A l'évidence, c'est là le syndrome Air Afrique, et certaines langues fendues au mauvais endroit susurrent que ce qui arrive à l'ASECNA serait l'œuvre d'une grande compagnie européenne qui voudrait "régner" sur le ciel africain. Vrai ou faux ? En tout cas, ce qui ressemble à un démantèlement de l'Agence n'honore pas les Africains.
Mais peut-être aussi qu'on assistera à un retour au bercail de l'enfant prodigue, et de tous ceux qui seraient tentés de le suivre, car, comme l'a rappelé Youssouf Mahamat, qui estime qu'il n'y a pas péril en la demeure, "des situations similaires ont été vécues dans le passé avec le Mali et
Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
L’Observateur Paalga du 16 novembre 2007
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