L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Le paradoxe de la vie sociale au Burkina Faso

Débat

Le paradoxe de la vie sociale au Burkina Faso

 

Au Burkina Faso, les valeurs socioculturelles sont enseignées et inculquées aux hommes et aux femmes depuis le bas âge dans les familles et au sein de la société pour une vie communautaire harmonieuse. Mais il n’est pas rare de voir des choses qui peuvent vous donner le tournis sinon vous mettre hors de vous-même chaque jour qui passe. En observant attentivement nos comportements, on est tenté de se poser des questions sur la société dans laquelle nous vivons. 

 Il vous suffit de faire confiance à quelqu’un aujourd’hui, et c’est lui qui vous poignardera dans le dos demain. Sauvez votre voisin, c’est lui qui vous noiera un jour. Soyez loyal, sérieux, honnête, à l’heure au service et vous êtes dans la ligne de mire des autres. Dites la vérité autour de vous et vous êtes l’ennemi numéro un des autres, celui qu’il faut abattre. On observe cela partout, dans les quartiers, dans les lieux de travail, etc. C’est à croire que le bien n’attire que le mal et la vérité, la haine. Quel paradoxe !

Les coups bas ou fourrés, les trahisons, le non-respect de la parole donnée, le manque de responsabilité à tous les niveaux sont devenus légion dans les relations entre les hommes et les femmes de notre société. Toutes choses qui entachent les rapports interindividuels qui sont de plus en plus fragiles et éphémères. Cette situation est en train de prendre de l’ampleur et devient au fil du temps une règle de vie, et constitue, selon nous, le terreau  des phénomènes tels que le corruption, la fraude, la gabegie, les malversations. Nous pensons qu’il s’agit  là aussi des signes d’une société qui a mal de ses «Hommes». On assiste donc à une certaine bassesse morale généralisée, à des excès de tous genres dans nos comportements.

ET «Alors, nous voilà lancés à corps perdu dans la lutte égoïste pour des plaisirs qui ne constituent qu’une illusion de bonheur, et pour cela nous écrasons et notre prochain et les valeurs de notre peuple. Dans ce capharnaüm de mœurs dissolues, l’homme devient réellement un loup pour l’homme. L’horloge de la société se détraque, et le bon état de quelques pièces ne suffit plus à assurer un fonctionnement correct. Il n’y a plus d’obligation de qualité par la société, plus de discipline collective et individuelle pour y parvenir : la bête prend le dessus sur l’homme et le troupeau insensiblement remplace la collectivité des êtres pensants. Nos enfants naissant et grandissant dans un tel milieu s’exercent eux aussi à la vie débridée, à l’extinction des valeurs». Thomas Sankara (1986)

Nous vous invitons, chers citoyens, à juger par vous-mêmes l’actualité et la véracité de ces propos.

Le pire, c’est qu’on assiste de façon tacite à une sorte de légitimation sociale de ces genres de comportements et d’attitudes sociaux condamnables au grand dam des garants de nos valeurs. Sans verser dans le négativisme, il faut reconnaître que la morale sociale est foulée aux pieds par les hommes dans notre société. Faut-il croire que c’est le résultat de l’évolution et du progrès ou que c’est une stratégie de vie due aux conditions de vie difficile des uns et des autres? Il est reconnu qu’au Burkina Faso, nous avons beaucoup de défis à relever dans plusieurs domaines pour un réel développement socioculturel, politique et économique. Nous restons aussi convaincu que  la qualité des comportements, des attitudes et des rapports sociaux est un champ fertile dans lequel peut germer un tel développement.

Il est donc grand temps que les autorités politiques, administratives, religieuses, bref les garants de nos valeurs socioculturelles, se penchent sérieusement  sur la question. On pourrait organiser des conférences publiques et même des campagnes de sensibilisation à ces valeurs cardinales de notre société afin de moraliser la vie publique des citoyens burkinabè. Il s’agira de faire ressortir l’importance de ces valeurs dans nos vies quotidiennes pour  le maintien de la paix et de la cohésion sociale, condition sine qua non d'un développement harmonieux. Chers citoyens, ne soyons pas les «apollyôns» de notre société par notre «poncepilatisme». L’actualité dans nos établissements secondaires vient une fois de plus attirer notre attention sur l’urgence de la situation.

Cette réflexion est le fruit d’observations et d’analyses personnelles, mais surtout une façon pour nous de participer au débat publique pour un changement impérieux de comportements afin qu’ensemble nous puissions construire cette société de justice sociale et de paix que nous voulons tous. Il s’agit aussi pour nous de tirer la sonnette d’alarme sur un phénomène qui semble peu visible et semble n’émouvoir personne. Nous sommes certains que cela passe forcément par une prise de conscience individuelle et collective à la hauteur des nombreux défis à relever dans notre pays afin de déclencher sa véritable marche triomphale vers l’horizon du bonheur.

 

  Mathieu Taonsa

L’Observateur Paalga du 8 février 2008



08/02/2008
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