L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Le passeport gabonais de Mariam (lire Une Lettre pour Laye)

                       Le passeport gabonais de Mariam
 
Cher Wambi, tout est bien qui finit bien. 

En effet, depuis plusieurs jours, une certaine inquiétude, voire une angoisse s'était emparée de nombre de nos compatriotes et amis du Burkina sur cette double commémoration qui est la "renaissance démocratique" pour certains et "l'assassinat de Thomas Sankara" pour d'autres.

Au vu des préparatifs de cet événement dans les différents camps, on avait craint le pire tant les va-t-en guerre sont légion de part et d'autre. Mais Dieu merci, chacun des anciens camarades révolutionnaires devenus des adversaires irréductibles a vécu à sa manière cette date historique sans porter atteinte à l'autre.

Mais l'événement dans l'événement aura sans conteste été le retour de Mariam après une absence du pays d'une vingtaine d'années. Son arrivée au Burkina, le temps d'une commémoration, a semblé réconcilier les sankaristes avec eux-mêmes.

Justement parlant du retour de Mariam, ça n'a pas été facile pour les services de sécurité à l'aéroport.

En effet, une fois l'arrivée de Mariam Sankara confirmée, les agents en charge de la sécurité se demandaient comment gérer au mieux cette affaire.

- Comment se comporter si l'ex-Première dame décidait de passer par le Salon d'honneur?

- Au cas où elle choisissait de passer ailleurs qu'au Salon d'honneur, devrait-elle montrer patte blanche ?

- Comment gérer au mieux ses nombreux partisans venus l'accueillir ?

Voilà autant de questions qui ne cessaient de tarauder certains agents des services de sécurité; inquiétude du reste levée rapidement par la hiérarchie qui a donné des instructions claires et précises pour laisser passer Mariam Sankara. C'est ainsi que son retour s'est déroulé sans aucun accroc.

Et disons bravo à cette hiérarchie qui a fait preuve d'intelligence pour que tout se déroule bien.

En d'autres temps, on aurait érigé des consignes et autres barrières aussi énervantes que proprement inutiles à ce retour pour montrer à qui serait le plus zélé. Et cela aurait davantage raidi les positions des sankaristes et de leurs sympathisants.

Mais si Mariam a pu quitter Montpellier pour la capitale burkinabè et mieux, voyager dans la sous-région, c'est qu'elle est détentrice d'un passeport reconnu et en cours de validité.

Mais de quels pays ou institutions ?

C'est la question que bien de personnes se posent à Ouagadougou, au Burkina et au-delà de nos frontières.

Certains, la main sur le cœur, avaient affirmé que l'ex-Première dame voyage avec un passeport des Nations unies. D'autres pensent que c'est un passeport d'un pays ami.

Pays ami ? mais lequel ?

Il en y en a qui ont même soutenu qu'elle aurait un passeport burkinabè obtenu à notre représentation diplomatique en France.

De toutes ces "certitudes", ceux qui disent qu'elle détient un passeport d'un pays ami sont plus proches de la réalité.

En effet, Mariam Sankara, et selon des sources dignes de foi, voyage souvent ou du moins a fait le "pèlerinage" de Ouagadougou à l'aide d'un passeport diplomatique gabonais.

Cela n'a vraiment rien d'étonnant lorsqu'on sait que le Président Bongo fut l'un des premiers hommes d'Etat à lui ouvrir largement les portes de son pays après le 15 octobre 1987.

 

Cher cousin, du 20e anniversaire du 15-Octobre, on en parlera pendant longtemps encore. En effet, suite à la protestation publique des sankaristes contre le CBC pour leur "avoir refusé la salle", le Président Compaoré a interpellé Gilbert Ouédraogo en charge du département du Transport de notre pays, donc patron du patron du CBC, pour en savoir davantage.

En effet, pour Blaise Compaoré, il y a aucune raison de refuser une salle de conférences aux sankaristes pour commémorer le 20e anniversaire de la mort de leur leader.

A l'issue de l'explication du ministre Gilbert Ouédraogo, il s'est avéré que la chose avait été intentionnellement grossie par les sankaristes pour tirer la couverture à eux.

Et le Président Compaoré de dire : "Alors, le CBC a-t-il fait un communiqué pour rétablir les faits?".

Non, répondit le ministre des Transports.

Alors faites-le, car c'est important. C'est ainsi que nous avons tous lu dans la presse ce communiqué qui fait office de droit de réponse de la Nationale des chargeurs.

 

Toujours en rapport avec le 15-Octobre, disons cher Wambi, que le camp présidentiel n'était pas particulièrement content de la couverture par Radio France International (RFI) des commémorations.

Certains en effet ont parlé de parti pris de la part de RFI, pour ne pas dire plus. Il est vrai, le débarquement de Mariam Sankara a constitué le véritable événement de cette double commémoration et elle ne pouvait que faire de l'ombre au colloque de Blaise Compaoré et aux autres manifestations environnementales de sa renaissance démocratique. On peut comprendre la radio mondiale qui, comme beaucoup d'autres médias, ont naturellement privilégié les sankaristes forcément plus "newsy". Mais là où les Blaisistes enrageaient, c'est qu'ils estimaient que si on peut comprendre la hiérarchie de l'info, cela n'empêchait pas un minimum d'équilibre et d'équité même si on a le cœur qui bat à gauche.

Il semble même, cher cousin, qu'un entretien du Président  du Faso a eu quelques difficultés pour passer sur les antennes de RFI.

Restons toujours dans cette actualité pour dire également que les Blaisistes semblaient se marcher sur les pieds, chacun des gourous voulant tirer la couverture de son côté.

Résultat : de multiples organisateurs, parfois officieux, dont les initiatives se télécopaient quelquefois. Salif Diallo avait de son côté son colloque à organiser, avec ses hommes ; Simon Compaoré son meeting à lui avec son équipe, etc. Du coup, à ce petit jeu de "plus blaisiste que moi tu meurs", on a ainsi parfois eu l'impression d'une joyeuse cocaphonie.

Tout le contraire, cher cousin, des sankaristes qui n'ont jamais montré un visage aussi uni qu'à l'occasion de ce vingtième anniversaire. Mais là aussi, on a assisté comme à une petite querelle feutrée sinon de leadership du moins de positionnement. C'était à qui serait le plus près de la veuve.  Et manifestement, cher Wambi, c'est Me Sankara Bénéwendé qui semble avoir ravi la vedette aux autres leaders de la galaxie sankariste puisqu'il était pratiquement le garde du corps de "sa femme" Mariam, que ce soit à l'aéroport à son arrivée, à l'ATB ou au cimetière de Dagnoën.

Il n'y avait d'ailleurs qu'à voir cher Wambi, les pancartes et autres banderoles lundi dernier lors de la déferlante humaine pour s'en convaincre. Il n'y en avait en effet que pour l'UNIR/MS, forte il est vrai d'une certaine prééminence avec ses quatre députés et le rang de 2e de son candidat à la dernière présidentielle.

En tout, c'était un bon coup de communication pour lui et on a eu le sentiment que les autres n'existaient pas à moins qu'ils n'aient voulu sacrifier leur "ego" sur l'unité, même circonstancielle, des sankaristes.

Comme tu l'as sans doute appris, cher Wambi, la veuve de l'ancien président du CNR, après 20 ans d'exil, n'aura passé en tout et pour tout qu'à peine 24 heures au Burkina. Arrivée le dimanche 14 vers 23 heures, elle est, on le sait, repartie dès lundi 15 à 21 heures sur Bamako.

Question de calendrier ? Raison de sécurité ou autres ? Je ne le sais trop.

En tout cas depuis la capitale malienne, elle a adressé un message "au peuple du Burkina Faso, aux camarades sankaristes et aux chers amis du Burkina". En voici l'intégralité.

«C'est avec beaucoup d'émotions que j'ai foulé le sol de mon pays après ces 20 ans d'exil et que j'ai vu l'enthousiasme et la ferveur populaire avec lesquels vous avez commémoré le 20e anniversaire de l'assassinat du Président Thomas Sankara.  Au moment où je vous quitte après un si bref séjour pour des contraintes indépendantes de ma volonté, j'ai l'agréable plaisir de vous adresser à toutes  et à tous, mes remerciements et ma gratitude pour l'accueil plein d'enthousiasme que vous m'avez réservé ainsi que pour votre soutien qui me sont allés droit au cœur.

En témoignant toute ma reconnaissance au peuple burkinabè et à ses amis du monde entier. Je puis vous assurer de ma solidarité dans votre refus de l'oubli et la lutte que vous entretenez depuis 20 ans. Je vous invite instamment à unifier vos forces, car l'union fait la force et notre victoire sera certaine.

Enfin, je vous invite à méditer cette pensée du Président Thomas Sankara "Là où s'abat le découragement, s'élève la victoire des persévérants».

 

Bamako, le 16 octobre 2007

 

Mariam Sankara

 

 

Cher Wambi, tu te rappelles sans doute le départ de Zubéédo, l'enfant de ton oncle Razugu qui devait passer les concours directs d'entrée à la Fonction publique il y a quelques mois. Après une organisation bâclée marquée par des fraudes qui ont même conduit à un  procès courant septembre, les concours avaient été reprogrammés pour ce mois d'octobre.

Mais comme si la mauvaise expérience n'avait servi à rien, les "organisateurs" ont à nouveau, pour une histoire de salles (décidément !) décidé de reporter à des dates ultérieures (sans précision) les concours des cycles C et B de l'ENAREF, des préposés des douanes et agents itinérants de santé (AIS).

Quand je pense, cher cousin, que ces jeunes gens sont parfois venus de l'intérieur du pays avec le strict minimum et qu'à cause de l'incurie des fonctionnaires, il leur faut repartir pour revenir, occasionnant d'énormes frais pour des gens déjà impécunieux, ils n'ont pas tort ceux qui disent qu'il se trouve des gens repus qui ne s'occupent de l'avenir des autres.

J'apprends aux dernières nouvelles, cher cousin, que face au courroux des candidats dont certains ont voulu manifester hier devant le ministère de la Fonction publique, les "responsables" ont dû en catastrophe reprogrammer les épreuves concernées.

En toute honnêteté, cher Wambi, je pense que le nouveau premier ministre qui est arrivé avec de bonnes résolutions, (quand bien même je ne sais pas de quelle marge de manœuvre il bénéficiera) devrait secouer le cocotier et chasser tous ces rentiers des concours qui s'engraissent sur le dos des pauvres chercheurs d'emploi. Tous à la poubelle et qu'on n'en parle plus.

 

A présent, cher Wambi, je t'invite à feuilleter très rapidement avec moi, le carnet de Tipoko l'Intrigante.

 

Depuis sa désertion il y a de cela quelques mois de la MACO, bien de rumeurs ont circulé en son temps et certains faisaient croire que le capitaine Ouali avait été purement et simplement liquidé.

Eh bien, l'homme qui avait voulu renverser Blaise Compaoré et qui s'est retrouvé à la MACO suite à un procès retentissant est à Cotonou, au Bénin voisin.

C'est l'exclusivité que nous a servie le ministre béninois de la Défense, Issoufou N'Dourou, suite à son entrevue avec le président Compaoré.

Que fera la justice burkinabè après cette désertion ?

L'avenir nous le dira.

 

Depuis le début de la semaine, le climat de travail n'est pas au beau fixe à la Radiodiffusion télévision du Burkina (RTB). La raison : les travailleurs sont mécontents face à de nouvelles mesures réduisant les frais de production et de mission prises par la direction générale.

Des tracts auraient même été ventilés demandant la mobilisation du personnel pour préserver les acquis et s'en prenant au nouveau DG, Hamado Ouangraoua, qui serait  à l'origine de la coupure du gombo des agents.

Hier, en fin de matinée, une rencontre entre les deux parties a eu lieu. Aux dernières nouvelles, le DG a reculé et les mesures impopulaires ont été levées.

 

Dieudonné Yougbaré, évêque émérite de Koupèla, qui fut le premier évêque noir autochtone de l'Afrique de l'Ouest, aujourd'hui âgé de 90 ans, a eu un accident (au col du fémur) dans sa maison de retraite de Bagré. Cela a même nécessité son évacuation à Tanguieta au Bénin voisin, mais depuis, le vieil homme va mieux et se remet petit à petit.

Restons dans l'épiscopat burkinabè pour dire que Monseigneur Wenceslas Compaoré, évêque de Manga, était, lui aussi, souffrant et a dû être admis à Saint Camille. Prompt rétablissement à tous.

                                                              Une Lettre pour Laye

L’Observateur Paalga du 19 octobre 2007



19/10/2007
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