"Le peuple a sérieusement faim"
BURKINA
"Le peuple a sérieusement faim"
Cet étudiant en psychologie fait un tour d'horizon de la situation nationale marquée, comme on le sait par la vie chère. Il fait des propositions, notamment, en matière de sécurité alimentaire.
Le Burkina Faso, pays des hommes intègres , est en train d’amorcer une étape non moins négligeable de son histoire , et cela , sans doute grâce aux efforts déployés et aux initiatives combien nobles des leaders politiques . La paix et la joie se lisent sur les visages de ses fils et filles, qui ne cessent d’œuvrer dans une parfaite unité et dans un dévouement sans précédent à sa réalisation. Tous , hommes, femmes et enfants burkinabè ont souscrit à son émergence . On les voit en effet très dynamiques sur les chantiers de développement . On peut également affirmer sans se tromper qu’il sera désormais possible de compter sur un Burkina Faso de paix et de rayonnement extérieur . En effet, ces derniers temps , n’est plus heureux dans la sous-région ouest-africaine et ailleurs en Afrique , qu’un Burkinabè. Du fait donc de sa renommée incontestable acquise dans bien des domaines social, économique, culturel, diplomatique … , le pays des hommes intègres s’est payé le luxe d’une réputation très remarquée. Le Burkina Faso, oui, notre cher Faso est en tain de se faire une place importante au soleil africain voire international. Par son mérite, il s’est approprié la valise multicolore d’envergure internationale, pour le concert des nations. Loin de se jeter des fleurs, c’est plutôt un devoir moral et civique de reconnaître, de saluer et de soutenir les efforts consentis par les autorités dans les processus de développement de notre pays , le Burkina Faso. D’ailleurs , ces hommages et sentiments pleuvent abondamment dans l’esprit des uns et des autres qui ne peuvent ,de toute évidence , se priver de chanter le progrès continu pour un Burkina rayonnant et émergent. Bref, le Faso est sur la bonne voie ou tout simplement se comporte bien sinon très bien.
"Le chapelet du bonheur"
Le pays va bien , peut-être oui . Mais , cela n’empêche que des doutes planent sur son avenir ou plutôt sur la volonté des autorités. Volonté des autorités puisque la destinée du pays se trouve dans leurs mains. Nul ne l’ignore , notre épanouissement, disons le développement du pays, dépend en partie des gouvernants . Pour plusieurs raisons , le pays ne va certainement pas bien , faut-il le souligner.
De prime abord , l ‘on ne peut que détester avec dédain l’extrême misère dans laquelle sont plongées les populations . Populations qui sont d’ailleurs victimes des machinations et de l’exploitation intense des leaders politiques. Ils les traînent sans humanisme dans la boue à bon port du gouffre , l’on ne peut se retenir de dire. Il est vrai qu’il faut du temps pour que les résultats de leurs politiques s’affichent nettement sur grand écran aux regards curieux de la communauté internationale , mais nous nous demandons bien souvent , à l’allure où vont les choses , si des résultats pourraient être escomptés . Pour ne pas dire que l’égrainage du chapelet du bonheur et du développement du BF est monotone autant qu’il s’éloigne des réalités de le vie quotidienne. L’on a tellement marginalisé le peuple qu’il se trouve en proie aux difficultés de divers ordres . On pourrait même penser à une certaine politique des dirigeants et responsables nationaux de donner carte blanche à la misère pour fouetter d’une manière sensible les dignes citoyens burkinabè. Ainsi ,pour se faire sienne l’expression violente : « Affamez-les , ils vous suivront ». Surtout quand on sait que l’affamé , dépourvu de forces , n’ose s’évertuer dans une quelconque révolte , sous peine de se voir réduit en morceaux ou d’empirer la situation. D’ailleurs , gisant entre le marteau et l’enclume pour ne pas dire entre les décisions politiques et la misère, pour « mieux survivre » , les honnêtes citoyens burkinabè ne peuvent que se taire pour valoriser leur impuissance, et se confier en la providence .Sincèrement dit, la misère a élu domicile dans notre cher Faso ces derniers temps. En effet , la mort silencieuse , la faim, est en passe de prendre le contrôle d’assez dignes citoyens en les affaiblissant et détruit des vies humaines tant au niveau rural que urbain. C’est ainsi que l’on constatera quelques mois plus tard (la période de soudure) en milieu rural surtout , des Burkinabè privés de leur pitance journalière . Des repas qui conviendraient beaucoup mieux à des animaux qu’à des êtres humains, seront servis dans bien des familles . Dans ces familles, la farine , denrée alimentaire indispensable à la vie, se fera rare et tous, adultes comme jeunes enfants, seront soumis involontairement à un régime forcé. Par exemple, les feuilles de baobab et autres feuilles nourrissantes seront la principale bouffe. Le pire sera qu’ils seront même privés de l’eau de boisson. Car, la sécheresse des mois d’avril, mai et juin, entraîne un tarissement des points d’eau, en cette période dans certaines localités du pays. Des citoyens crieront encore et hélas de faim et de soif. Loin de toute exagération , cela est d’une réalité incontestable . Il suffit un coup d’œil du côté du monde rural pour le savoir. Ces derniers n’ont d'autre choix que d’endurer . Et c’est pourquoi, dès l’annonce des premières pluies , ils n’auront pas les forces requises par la culture agricole pour prétendre à une nouvelle saison. Cette population rurale rame sur la galère à longueur de journée alors que quelque chose pourrait être fait à son plus beau soutire et surtout en faveur de sa libéralisation économique. Au contraire, des sommes colossales sont dilapidées crapuleusement.
"Une accentuée"
Un vieux d’une localité qui a été touchée par les inondations de la saison dernière lançait ceci lors d’un passage d’une équipe d’Educateurs sociaux: «S’ils (les dirigeants) n’ont pas eu 5 Fcfa pour nous venir en aide (secourir les sinistrés et les victimes des aléas climatiques) , ils ont au moins eu 500 millions pour fêter le 11 décembre, dont le feu d’artifice seul a coûté 34 millions de nos francs». Une fête où l’accent était mis sur la volupté gastrique et le rayonnement extérieur . En effet , si le gouvernement n’a pas été capable de survoler au secours des populations victimes des inondations de juillet à septembre dernier, sous le prétexte d’un épuisement à fond de fonds, d’où provenait alors cette somme de 500 millions dilapidés dans des festivités luxueuses quelque temps seulement après ces évènements traumatiques. Le rayonnement international ne sera louable et même souhaitable qu’à travers d’abord un développement meilleur intra national.
De même, ce qui est encore plus dramatique et donne la chair de poule est en rapport au visage infantile de cette misère. Des enfants vivent des conditions de vie très déplorables . En effet , malgré les efforts consentis par les ONG/associations de développement, beaucoup d’enfants de divers horizons du pays, souffrent extrêmement d’une misère accentuée. Des enfants qui ont , sans rien savoir, la misère en partage. C’est pourquoi, on rencontre encore et malheureusement des enfants dont l’avenir reste hypothéqué par divers maux sociaux. Comment des familles qui ont des difficultés pour joindre les deux bouts pourraient-elles subvenir aux besoins les plus fondamentaux de leurs progénitures?
Alors, il faudrait rappeler que la gratuité de l’école devrait rimer avec cantines et infirmeries scolaires partout sur le territoire national. D’ailleurs, notre pays ayant souscrit au droit à l’alimentation, est dans l’obligation de fournir la nourriture , ce qui constitue le dernier recours dit-on lorsque les efforts engagés pour respecter, protéger et faciliter ce droit se sont révélés inefficaces. Le peuple a faim autant qu’il a droit à l’alimentation.
Au regard de tout ce nuage de maux qui menacent les populations, il est plus que nécessaire pour les leaders politiques, de cultiver une réelle volonté de développement et de désirer l’intérêt supérieur du peuple . En effet, tandis que la famine ne fait que monter en flèche dans notre pays , clouant les populations au désespoir , il est important voire imposant de penser à un système de sécurité alimentaire plus efficace. Il faudrait en clair, une politique intégrée de sécurité alimentaire à la base pour réduire le nombre de personnes sous-alimentées et la population touchée par l’extrême pauvreté et la faim. C’est dire émettre des avis politiques ainsi que des directives visant le droit à l’alimentation. Mon père m’a toujours dit que tant qu’il n’y aura pas une meilleure promotion des cultures vivrières, la famine fera toujours des victimes. Il soutient également qu’une seule saison n’est pas suffisante pour se préserver des famines. A l’époque , explique-t-il les cultures du manioc et de la patate pour ne citer que ça , permettaient de juguler le déficit saisonnier pour mettre les familles à l’abri de la faim.
Mais depuis l’introduction abondante des cultures commerciales, ces cultures sont en voie de disparition . D’où la nécessité de promouvoir les cultures de contre-saisons et de veiller à l’adéquation entre les cultures de subsistance et les cultures de rente. Et surtout l’élaboration de politiques agricoles permettent d’occuper les populations pendant la saison sèche dite morte, est d’une importance capitale. Comment peut-on vaincre la pauvreté quand la majorité des populations rurales ne fait presque rien pendant cette saison dite morte qui d’ailleurs est la plus longue? Voilà que s’impose, faut-il le répéter, l’idée d’une politique de sécurité alimentaire bien élaborée c’est-à-dire qui tient compte des réalités du terrain.
Ayons les pieds sur terre ! D’abord, accordez à l’instant même au peuple son pain, ensuite préservez sa sécurité alimentaire et sanitaire et après peut venir votre passion du rayonnement international du pays.
GNOULA D. Rodrigue
Etudiant /Licence Psycho
Le Pays du 4 mars 2008
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