L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Législatives 2007: Campagne à deux vitesses, comme d'habitude

Législatives 2007

Campagne à deux vitesses, comme d'habitude

 

C'est parti depuis le samedi 14 avril 2007 pour la campagne électorale en vue des législatives du 6 mai prochain.

Les chevaux sont ainsi lâchés dans l'arène politique, et pendant trois semaines, ils s'efforceront de parcourir les quatre coins du Burkina pour faire la cour à l'électorat. En jeu, les 111 sièges de députés que compte l'Assemblée nationale pour autant de remplaçants que vont se disputer quelque 3600 candidats issus de 47 partis.

Comme dans toute course, il y a les favoris, les outsiders et les tocards, même si en l'espèce, on n'est pas au PMU'B. Il y a de ce fait peu de chance que le coup sûr "trahisse" et qu'au contraire le mauvais cheval coiffe les autres au poteau.

Comme d'habitude en effet, on assistera dans ce Burkina, qui est déjà à deux vitesses en temps normal, à une campagne naturellement à deux vitesses. Ce sera à chacun selon ses moyens. Et comme sous nos tropiques la force de frappe financière, parfois licite mais souvent illicite,  est presque toujours du côté du pouvoir, on assistera une fois de plus à  une débauche des moyens du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP). Le moteur de la campagne n'est même pas encore rôdé que, déjà, on a eu ce week-end une petite idée du rouleau compresseur que Roch Marc Christian Kaboré et ses camarades entendent mettre en branle.

Pendant ce temps, les petites formations politiques, notamment celles de l'opposition, semblent avoir du retard à l’allumage. Il faut reconnaître que dans un pays comme le Burkina, l'opposition est un véritable sacerdoce même si, quelquefois, le manque de moyens est un refuge bien douillet pour masquer sa propre incurie et son inorganisation quand ce n'est pas tout bonnement sa pingrerie.

On le sait, certains responsables de partis, qui sont souvent prompts à critiquer et à donner à   tout-va des leçons de probité, ne se sont présentés dans de nombreuses circonscriptions que pour engranger le maximum dans la répartition des 400 millions que l'Etat a alloués aux compétiteurs. 

Et nombreux sont ceux qui doutent que l'intégralité de cet argent, pourtant modeste, aille véritablement aux dépenses de campagne. Il faut craindre, en effet, que certains ne soient tentés de l'utiliser pour monter leur mur ou aller s'acheter une nouvelle voiture à Lomé.

Dans ces conditions, faut-il s'étonner que la récolte au soir du 6 mai ne puisse pas être conséquente pour ces nombreuses "particules" dont les motivations sont parfois autres  que celles officiellement affichées ?

Une chose est sûre, les propres turpitudes de l'opposition ou ce qui en tient lieu (démissions en cascade, gestion opaque, léthargie, boycott déguisé...) contribuent à creuser davantage le fossé déjà abyssal d'avec la majorité. La goinfrerie politique coutumière du CDP et la concurrence interne entre ses barons et baronnets qui, chacun, veulent montrer au chef qu'il maîtrise son fief, feront le reste.

Du coup, on est en droit de se demander, et alors que la campagne ne fait que commencer, quelle configuration aura l'hémicycle la prochaine législature ; en clair s'il n'y a pas lieu de craindre le retour à cette chambre monocolore pré-2002.

Aux dernières législatives, le séisme consécutif à l'assassinat de Norbert Zongo avait , on se rappelle, contraint le régime à opérer des réformes politiques et institutionnelles qui avaient permis un rééquilibrage au moins parlementaire des forces, et l'arrivée, à l'hémicycle, de personnalités qui n'y seraient pas parvenues autrement : citons pêle-mêle Laurent Bado, Philippe Ouédraogo, Me Bénéwendé Sankara, Soumane Touré, Nongma Ernest Ouédraogo, Djezouma Sanou, Fidèle Hien, Tamboura Ousséni, Ram  Ouédraogo, etc.

Mais depuis, les mauvaises habitudes, qui ont toujours la vie dure, ont repris de plus belle et malgré l'opposition de l'opposition et d'une partie de la société civile, la majorité est  passée en force pour imposer, par une relecture du code électoral,   la province comme circonscription électorale alors que la région avait l'heur de favoriser les petits partis.

Des 13 régions plus la liste nationale de  21 postes à pourvoir, on en est donc aujourd'hui à 45 provinces (dont certaines disposent d'un seul siège) avec une liste nationale ramenée à 15 candidats.

Si on ajoute à cela les tiraillements interminables sur le fichier électoral, la révision exceptionnelle des listes, qui n'aurait pas donné les résultats escomptés, les fraudes dont on accable à tous les coups le CDP... il ne reste plus qu'à souhaiter qu'au lendemain du 6 mai, Salif Diallo ne soit pas encore obligé de reconnaître que "honnêtement, notre score est un peu gênant" (1).

 

La rédaction

L’Observateur Paalga du 16 avril 2007

Note:

(1): Déclaration faite dans l'Observateur paalga n°4408  du lundi 19 mai    1997  quand, après les législatives, le CDP s'en était tiré avec 101 députés sur 111.



15/04/2007
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