Les GSP menacent d'ouvrir les portes de la prison
GREVE A LA MACO
Les GSP menacent d'ouvrir les portes de la prison
Les gardes de sécurité pénitentiaire (GSP) ont manifesté hier matin, armés. Objectif : réclamer de meilleures conditions de vie avec le versement immédiat de leurs indemnités. Notre équipe de reportage s'est rendue à la Maison d'arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) pour rencontrer les grévistes. Ambiance.
Il est 9 h moins le quart ce lundi 16 avril 2007. Devant le lourd portail de la MACO, rien ne renseigne sur la situation de crise. A peine descendus du véhicule de reportage, on nous ouvre la porte et deux agents, armes au poing, nous escortent vers le milieu de la cour. C'est une ambiance lourde surtout que les GSP sont presque tous en demi saison, képis renversés avec des verres noirs.
Nous avons même droit à un accueil bien particulier : des tirs nourris de kalachnikov en l'air. La troupe tient d'abord à nous montrer "leurs vilaines" conditions de travail, à savoir le grand bâtiment qui abrite les quelque 900 prisonniers de droit commun. Ce que nous voyons donne tout de suite de la nausée. Le circuit d'évacuation des eaux usées est à ciel ouvert. Il s'y dégage des odeurs nauséabondes difficilement supportables.
Le système de tuyauterie est moyenâgeux. Le bâtiment lui- même laisse à désirer : il est complètement délabré. Quand nous faisons le tour, les GSP nous montrent des trous que des prisonniers avaient faits pour s'enfuir et qui on dû être bouchés. "Plusieurs fois, nous avons attiré l'attention des autorités sur la situation mais rien ne change" affirme un agent. Ainsi, les GSP sont victimes des mauvaises conditions de vie des bagnards.
En effet, selon les GSP, plusieurs d'entre eux ont piqué l'année dernière la varicelle et ont dû se soigner à leurs propres frais. Tout cela fait dire à l'un d'eux que "les GSP sont les derniers des fonctionnaires burkinabè". Et ce n'est pas tout. Le fond du problème, ce sont les conditions de vie des agents. Et là, la troupe n'est pas très contente du ministre de la Justice, garde des Sceaux, Boureima Badini. Selon eux, ce dernier, à l'issue de leur grève du 5 janvier dernier, avait promis de régler leurs problèmes. Depuis, rien n'a été constaté.
Les GSP ne veulent donc plus de promesses. Ils veulent immédiatement le rappel de la prime alimentaire (qui est de 30 mille F CFA pour les agents) ainsi que la correction de leurs indemnités de sujétion et de logement. Cette fois, clament-ils en choeur "pour qu'on arrête la grève, il faut qu'on envoie une mallette et qu'on commence à distribuer notre argent".
Plusieurs maisons d'arrêt sont d'ailleurs entrées dans la danse : Koudougou, Tougan, Banfora, Bogandé Kaya, Ouahigouya, Tenkodogo, pour ne citer que celles-ci. A la MACO hier lundi, la grève a débuté vers 2 h du matin. Il n'y a donc pas eu de rapport, d'escorte, de déferrement, etc. Aucun prisonnier ne s'est donc rendu au Palais de justice. Et cela durera tout le temps du mouvement. Et la hiérarchie dans tout cela ?
Ce sont les agents qui nous donnent la position de leurs chefs. En face de la MACO, devant un bâtiment en construction, le régisseur Adama Rouamba devise avec des sous afficiers et des officiers. Mais, il évitera de se prononcer sur la situation. Il repète à l'envi que des voix plus autorisées que la sienne le feront. Quand nous lui demandons si la crise est grave, il nous renvoie la question. "Selon, que pensez-vous d'une situation qui fait prendre des armes à des gens?"
Nous avons tenté plus tard de joindre le secretaire général du ministère de la justice pour avoir la version des autorités. Mais son portable ne repondait pas. Lorsque nous quittions la MACO sous le crépitement des armes, les GSP en colère nous chargent de transmettre leur message : "nous voulons le concret sinon dans 3 jours, nous allons libérer les prisonniers".
Dans la foulée, les agents sont amers contre le procureur général, Abdoulaye Barry. "Chez lui, il n'y a même pas d'abri pour les GSP qui assurent sa sécurité. Nous lui demandons de construire un poste pour nos collègues pour qu'ils ne restent plus au soleil", ont-ils signifié.
D. Parfait SILGA
Le Pays du 17 avril 2007
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