L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Après le K.O., la guerre des chiffres

Fédération burkinabè de football

Après le K.O., la guerre des chiffres

 

Démission, voilà un mot qu’on ignore pour le moment à la Fédération burkinabè de football (FBF) malgré l’élimination des Etalons de la CAN 2008. Hier mardi 19 juin, au cours d’une conférence de presse que le président Seydou Diakité a animée au centre technique national à Ouaga 2000, il a laissé entendre qu’en toute chose il faut la manière. Samedi prochain, la structure fédérale tiendra une assemblée générale extraordinaire avec les districts, les ligues et les clubs pour faire une analyse introspective et prendre une décision.

 

Ils étaient nombreux, les journalistes qui ont fait le déplacement pour écouter le parton de la FBF. D’entrée de jeu, celui-ci a reconnu, comme tout le monde, que nous sommes définitivement éliminés de la CAN 2008. Beaucoup de choses n’ont pas été parfaites. L’un des objectifs du bureau fédéral était la qualification du Burkina pour la coupe d’Afrique des nations de football. Malheureusement, pour des raisons indépendantes de leur volonté, nous serons absents au Ghana.  Au regard de tout ce qui a été dit, Diakité a dit qu’ils n’ont pas l’intention de s’accrocher. Ils ont été élus sur la base d’un programme, et samedi, ils se retrouveront en assemblée générale extraordinaire pour se référer à leurs électeurs et voir exactement si le chemin parcouru est bon.

En ce qui concerne l’utilisation des fonds, il a déclaré qu’il a été dit que 171 millions de FCFA ont été mis à la disposition de la Fédération pour préparer le voyage de Maputo. Selon lui, quand ils ont pris connaissance de cela dans la presse, ils ont saisi leur ministère de tutelle pour avoir des informations. Ils étaient quelque peu surpris par le montant. Ils auraient eu une rencontre avec le ministère des Sports et des Loisirs, et les confrontations auraient fait ressortir que c’est 44 millions de FCFA qu’ils ont reçus. Sur un budget qui avait été arrêté d’accord partie avec le ministère à 98 millions, la Fédération devait recevoir 44 millions, et les 54 autres devaient revenir au département des sports. Maintenant que le chiffre est passé à 171 millions, Diakité a affirmé qu’il n’est pas en mesure d’expliquer ce qui a motivé cela et l’utilisation qui a été faite de cette somme. Par contre, les 44 millions ont permis à la Fédération d’assurer le regroupement de l’équipe à Paris, d’effectuer le déplacement à Harare pour un match amical international contre le Zimbabwe, de couvrir les charges relatives au séjour des Etalons à Maputo et à leur retour. Sa structure n’a donc pas dépensé  171 millions ni 98 millions, mais 44 millions. Il tenait à donner des explications sur les actes qu’il pose en tant que président de la Fédération. Depuis qu’ils sont aux affaires, leur préoccupation est de servir le football burkinabè et non de se faire de l’argent. Le football, a-t-il souligné, demande beaucoup d’argent, et il n’a pas les moyens de sa politique. Pour mettre en œuvre leur programme, ils ont besoin de ressources. Ce n’est pas l’Etat qui pourra mettre à leur disposition toutes les ressources. Il ne pense pas non plus que la solution consiste à mettre en cause ce qui est en train d’être fait. S’ils doivent partir, ils le feront,  mais il faut qu’il y ait la manière. Le débat qui se mène en ce moment sur leur départ n’est pas sain. Il ne va pas s’appesantir sur cela parce qu’ils rencontreront en assemblée générale extraordinaire les présidents des districts, des ligues et des clubs pour réfléchir et voir ce qui doit être fait. Il a rappelé que leur mandat arrive à échéance en décembre 2008, et que cela coïncide avec les éliminatoires de la CAN et du mondial 2010. Si c’est une nouvelle équipe qu’il faut mettre en place, il faut peut-être y réfléchir. Diakité avoue qu’il n’a rien à cacher dans cette affaire.

 

Les 4 500 000 FCFA de Saboteur

 

Après la déclaration liminaire, la rencontre a roulé sur des sujets divers. A la question de savoir si les changements d’entraîneurs à la tête des Etalons ne sont pas un échec pour la Fédération, Diakité a répondu qu’il réagit après analyse. Il n’est pas un instinctif. Dans un groupe, a-t-il précisé, il faut une harmonie et la sérénité pour que le groupe puisse tourner. S’il arrive qu’on ne trouve pas l’essentiel des ingrédients, il y a nécessairement un blocage. Si la Fédération, a-t-il expliqué, s’est séparé de Saboteur, c’est parce que la situation était en passe d’être bloquée. Il a parlé de la sortie de l’ex-entraîneur sur une station de la place, au cours de laquelle il a tenu des propos qui n’ont pas été appréciés,  surtout qu’il a promis de faire des révélations, et que chacun en aurait pour son compte. Selon le président de la FBF, cela a contribué aujourd’hui à asseoir un climat délétère au sein de la grande famille du football burkinabè. Lui, il n’a rien à cacher, et il donne la liberté de parole à l’intéressé. Parlant du contrat de Saboteur, il a précisé qu’il y avait des clauses résolutoires ; c’est-à-dire que si le climat de travail venait à se détériorer, les deux parties se sépareraient. Si l’initiative de la rupture venait de la Fédération, elle payerait un mois de salaire. Le bureau fédéral, ayant signifié à Saboteur son départ, s’est exécuté en adressant une correspondance au ministère pour l’informer qu’il lui doit un salaire au titre du mois d’avril plus une indemnité de départ. Ce qui fait au total un montant de 4 500 000 FCFA. Le patron de la FBF a révélé que c’est le jeudi dernier que le ministère leur a transmis un chèque pour ce faire. Saboteur a pris 2 500 000 FCFA, et le reste est disponible parce qu’il estime qu’il y a une indemnisation qui doit intervenir.

Pour Diakité, il n’y a pas de dommages, et l’employeur a scrupuleusement respecté les clauses du contrat. Ils se sont retrouvés à l’inspection du travail, et la FBF a signifié là-bas qu’elle ne peut pas aller au-delà des engagements contractuels.

Il a rappelé que c’est saboteur lui-même qui est venu solliciter le poste d’entraîneur et voulait dans élan patriotique apporter sa pierre à l’édifice. Il y a eu plusieurs entretiens avec lui et il a été défini les conditions dans lesquelles chacun devrait travailler. Mais le climat était devenu intenable, et la séparation était l’unique solution.

 

La refondation

 

Quand on lui a demandé quel serait le sort de Didier Notheaux après ses deux sorties ratées, il a dit que celui-ci a pris un groupe qu’il faut reconstituer parce qu’il était cassé. Il doit créer un climat sain. Diakité ne pense pas que le technicien français soit à cent pour cent comptable des mauvais résultats des Etalons. Le match de samedi, a-t-il indiqué, était certes terrible, mais plaisant.

Il est pour la refondation de l’équipe, mais encore faut-il qu’il y ait la matière. Ce n’est pas lui qui va enseigner la tactique aux joueurs. Leur tâche est de mettre des moyens à la disposition de l’équipe pour qu’elle travaille dans un bon environnement. La Fédération, a-t-il dit avec insistance, n’est pas sur le terrain pour dire aux joueurs comment il faut se réorganiser. Cela est du ressort des entraîneurs, puisque c’est leur travail.  Il a demandé la patience à tout un chacun et dit que c’est si on travaille à la base que demain sera meilleur.

Concernant l’attitude du public après le match, il a laissé entendre qu’il ne gère pas les mouvements de foule. C’est dommage qu’une partie du public se soit  illustrée tristement. Selon lui, l’Union nationale des supporters des Etalons  a une part de responsabilité dans la gestion du public. Il a souhaité que des choses soient revues pour qu’on avance. L’organisation des matches, il en a été aussi question. Auparavant, elle était du ressort de la Fédération, mais le ministère a, d’autorité, repris cela en main. Il pense que ce n’est pas sa mission et qu’il faut recadrer les choses. Il a ajouté qu’aujourd’hui, le stade du 4-Août a perdu de sa valeur parce qu’il y a des bars partout, et des gens y vont avec des filles et des matelas pour faire ce qu’ils veulent. Si cela intéresse les journalistes, qu’ils aillent faire un reportage dans les parages. Chacun, a-t-il martelé, doit être suffisamment responsable.

 

Justin Daboné

L’Observateur Paalga du 20 juin 2007

 



20/06/2007
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