L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Maquis Jet 8 : De nouveau fermé sous menace policière

Maquis Jet 8

De nouveau fermé sous menace policière

Fermé une première fois puis rouvert provisoirement, voilà que le restaurant bar dancing Jet 8, situé dans les 1200 logements au secteur 14 de Ouagadougou, dans l'arrondissement de Bogodogo, vient d'être à nouveau fermé. Dans la matinée du 19 septembre 2007, date de fermeture de l'établissement, les forces de l'ordre ont eu maille à partir avec les employés de ladite boîte. Ces derniers, au nombre de 62, selon la patronne, Zaïnabou Kontogomdé, se retrouvent pour l'instant dans la rue, sans emploi.

Il est 11h ce mercredi 19 septembre 2007 lorsque nous arrivons devant le restaurant bar dancing la Jet 8, situé aux 1200 logements. Un attroupement inhabituel à pareille heure à cet endroit confirme aussitôt les quelques doutes que nous avions peu avant notre arrivée sur les lieux. Mieux, les badauds assistaient à des échauffourées entre des agents des forces de l'ordre et certains employés dudit établissement. Notre photographe, Moussa Nagabila, qui tient absolument à capturer ces images, se voit aussitôt retirer son appareil photo par les policiers dont la furie s'abat tout de suite sur les journalistes se trouvant sur les lieux. Fort heureusement, après quelques moments d'hésitation ils acceptent de rendre au photographe son appareil. Tout le monde finit par se calmer un peu; mais les employés du bar insistent pour y accéder. "Pas question, tout le monde dehors!" enjoint un flic. Toutefois, l'accès au bar leur sera accordé peu après.

Seule la proprio, Zaïnabou Kontogomdé, s'y trouve en train de discuter avec le chef des policiers, nous dit-on. Peu après, les journalistes sont autorisés à échanger avec la patronne de la Jet 8 dont les lamentations se faisaient du reste déjà entendre même de l'extérieur. Assise sous la paillote servant de piste de danse, la dame se prête volontiers à nos questions. Selon elle et ses employés entendus plus tôt, il s'agit d'une machination orchestrée par certains habitants de la cité, avec à leur tête la locataire de la villa 608, une certaine Honorine Médah, voisine immédiate du bar. Selon leurs explications, cette dernière, une magistrate, aurait déclaré que le bar émet trop de bruit la nuit ainsi que très tôt le matin, ce qui dérangerait son sommeil. Madame Médah aurait même eu à faire déplacer le maire central de Ouagadougou pour constater les griefs. Simon Compaoré qui se serait rendu sur les lieux un matin de la semaine dernière n'aurait rien eu à reprocher au personnel du bar et aurait préconisé à la plaignante de se référer aux autorités municipales de son arrondissement, Bogodogo, afin qu'un compromis puisse être trouvé. Mais selon la patronne de la Jet 8, jusque-là il n'y aurait eu aucune confrontation entre elle et la voisine ou les autres plaignants. Cependant, celle-ci accuse sa voisine d'abuser de sa fonction de magistrate pour la faire déguerpir coûte que coûte. C'est la raison pour laquelle, dit-elle, l'ordonnance de fermeture vient des autorités judiciaires plutôt que de celles communales, comme l'aurait préconisé le maire central, la voie réglementaire, selon Zaïnabou Kontogomdé.

Vaine sera notre tentative de prendre langue avec madame Médah; l'accès à la villa 608 nous sera tout simplement refusé sous prétexte qu'elle est absente.

En rappel, depuis son ouverture, le bar restaurant dancing la Jet 8 fait l'objet de plusieurs désaccords entre ses travailleurs et certains habitants de la cité. Ces derniers disent redouter les éventuels dérapages qui pourraient entamer l'éducation de leurs enfants, à cause du fonctionnement de ce bar. Ce n'est pas du tout l'avis de la propriétaire du bar, selon qui la Jet 8 n'est pas le seul bar à se trouver aux 1200 logements. La jet 8 avait été fermée une première fois, en début d'année. Un compromis avait été ensuite trouvé entre les deux parties, ce qui avait permis une réouverture du bar. La Jet 8 n'aurait-elle pas respecté ses engagements?

Ce qui est sûr, avec cette nouvelle fermeture dont on ignore pour l'instant la durée, ce sont au total 62 employés du bar, selon Zaïnabou Kontogomdé, qui se retrouvent désormais sans emploi.

Lassina SANOU

Le Pays du 20 septembre 2007

 

Encadré

Zainabou Kontogomdé, propriétaire de la Jet 8

"La justice n'est pas appliquée comme il se doit"

La principale incriminée par la propriétaire de la Jet 8 est la voisine immédiate, une certaine Honorine Médah, locataire de la villa 608. Selon Zaïnabou Kontogomdé, patronne de la Jet 8, celle-ci a abusé de son autorité de magistrat pour faire fermer son bar. Du coup, elle ne fait plus confiance à la Justice.

Peut-on savoir ce qui se passe dans votre restaurant ce matin?

J'étais absente mais je sais qu'il y a à peu près une semaine, le maire de la ville, M. Simon Compaoré, est venu ici voir mes employés. Il leur aurait dit qu'il y a une voisine qui se plaint de tapage nocturne. Mais le maire a demandé à cette dame de voir la mairie de Bogodogo. Mais comme d'habitude, ces gens-là n'ont pas besoin de la mairie, ils ont la Justice pour eux, ils sont revenus comme autrefois faire fermer le bar.

Comment s'appelle cette voisine?

Madame Médah Honorine, qui est venue ici avec monsieur Simon Compaoré.

Que comptez-vous faire à présent?

Personnellement, je n'oserai pas dire que je vais me tourner vers la Justice puisque je vois qu'elle n'est pas appliquée comme il se doit. Donc je laisserai peut-être ces gens-là avec le plaisir, l'impression dirais-je, d'avoir gagné, même si en réalité ils n'ont rien gagné du tout. Car il n'y a pas de quoi être fier d'avoir mis 62 personnes dans la rue simplement parce qu'on veut prouver qu'on peut imposer la loi selon sa volonté, parce qu'on en a la capacité, surtout quand on est de la Justice.

Y aurait-il un antécédent entre madame Médah et vous ?

Non. Madame Médah, je ne l'avais jamais vue personnellement. Alors je ne comprends pas et je ne comprendrai jamais cet acharnement. N'importe quelle personne à Ouaga sait que notre musique aujourd'hui ne peut pas déranger puisqu'on n'a même plus de client. Cela, du reste, parce qu'on n'a pas de musique. Cette personne (ndlr, allusion faite à madame Médah) a bel et bien dit que même en tant que restaurant on n'existerait pas. Donc, je pense que c'est une affaire personnelle. Et à ce titre-là, je peux lui dire que le bar sera certainement fermé, mais qu'elle ne se dise pas qu'elle a gagné, plutôt parce que moi je pense que j'ai mieux à faire.

Est-ce que vous avez tenté, vous, de rencontrer personnellement le maire à votre tour?

Non. Monsieur Simon Compaoré a demandé qu'il y ait confrontation à la mairie de Bogodogo (ndlr, l'arrondissement dans lequel se trouve la Jet 8) pour voir les possibilités qu'il y a. Mais apparemment ces gens-là, les confrontations ne les intéressent pas. Ce qui les intéresse, c'est le rapport de forces. Pour me prouver qu'ils peuvent faire mieux, j'attends de les voir faire démolir même le bar. J'attends de les voir faire raser les lieux qui ont été achetés pour usage commercial.



19/09/2007
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