L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Ne provoquez pas un jeune militaire paisible !

Humeur
Ne provoquez pas un jeune militaire paisible !


La semaine passée, on a encore fait état d'une sortie de jeunes militaires qui auraient frappé des civils. Les rumeurs les plus folles ont couru à ce propos, et l'affaire a quelque peu mis à mal la cohabitation jusque-là très pacifique entre les hommes de tenue et d'autres composantes de la population. Tout est parti de relations d'un week-end entre une fille et un jeune militaire. Celui-ci a fait la cour à la fille en question lors d'un bal, le samedi 29 juin 2007. Comme le dirait l'autre, "ce qui devait arriver, arriva". Le couple d'un soir s'est retrouvé dans le lit du bidasse. Le lendemain, la fille a pris la moto de ce dernier, disant qu'elle se rendait chez elle pour un brin de toilette et reviendrait donc encore plus coquette. N'y trouvant pas d'inconvénient mais plutôt des perspectives encore plus enivrantes, le jeune militaire donna son accord. Finalement, ne voyant pas sa proie revenir au nid d'amour, l'homme se rendit, remorqué par un militaire de la même promotion que lui, chez la fille, pour récupérer son engin. Des parents de la fille qui auraient trouvé en lui l'époux idéal pour leur fille dont les études ne marcheraient pas, lui ont demandé, séance tenante, de prendre celle-ci avec lui. Le jeune militaire qui ne l'entendait pas de cette oreille est retourné au camp sans sa moto. Ses camarades de corps qu'il a rencontrés en route ont décidé d'aller chercher la moto. Sur les lieux, ils disent avoir été lapidés par un jeune homme, alors qu'ils expliquaient le but de leur présence. Aussitôt, les "jeunes gens" ont réagi, faisant passer un sale quart d'heure au lapideur d'hommes de tenue. Juste après cet intermède, l'engin de la discorde a été restitué aux militaires qui l'ont traîné pour le ramener au camp parce qu'il ne démarrait plus.

Mis au courant de cette affaire, le commandement en place à Kamboinsé a constitué des délégations qui sont allées présenter des excuses dans la famille où a eu lieu l'altercation. A la suite d'une réunion de village, décision aurait été prise de mettre les militaires en quarantaine à Kamboinsé.

C'est dans cette atmosphère un peu tendue que trois jeunes élèves qui revenaient de leur cueillette de karité ont été pris à partie par des jeunes militaires mécontents que leurs interlocuteurs ne soient pas venus à eux quand ils les ont appelés. Après avoir pris des mesures disciplinaires énergiques, dont celles privatives de liberté, la hiérarchie militaire sur place à Kamboinsé a une fois de plus présenté ses excuses aux populations par le biais de conseillers du village et de chefs coutumiers.

Dédougou et Ouahigouya ont également connu leurs sorties musclées de jeunes militaires. A ces niveaux aussi, on ne peut que relativiser les faits, en écoutant d'autres versions. A Ouahigouya, un jeune militaire s'est vu marcher sur les pieds par quelqu'un qui lui reprochait de se tenir sur la piste alors qu'il ne dansait pas. A Dédougou, les hommes de tenue, faisant encore appel à la solidarité de corps, n'ont pas accepté qu'un des leurs soit humilié en présence de sa femme.

Il faut le dire, l'esprit de solidarité de corps est un aspect primordial dans la formation des hommes de tenue, tout comme il l'est chez les journalistes, les médecins, les avocats, etc. Toutefois, les hommes de tenue ont cette lourde responsabilité de s'occuper de la sécurité des populations et de la défense du territoire national. De ce fait, c'est incompréhensible, voire inadmissible de les voir se retourner contre ces mêmes populations, ceinturons au poing. "Pire, ces expéditions punitives des jeunes militaires se font alors qu'ils sont en tenue", relèvent à juste titre certains. C'est vrai, mais c'est tout aussi avéré que ces hommes de tenue sont, la plupart du temps, agressés pendant qu'ils sont en tenue. Il faut le dire, à la suite du ministre de la Défense, que ces jeunes militaires ne sont pas recrutés sur une autre planète. Ils sont des produits de notre société où les valeurs morales sont de moins en moins respectées, si toutefois elles ne sont pas déliquescentes. Trouver des circonstances atténuantes aux actes répréhensibles des jeunes militaires ne saurait leur rendre service. Il faut plutôt les appeler à maintenir le climat exemplaire de cohabitation pacifique qui existe entre eux et les autres couches de la société. De même, vu que l'adage conseille de ne pas réveiller un chat qui dort, il serait sage de ne pas provoquer un militaire paisible.

Morin YAMONGBE

Le Pays du 12 juillet 2007



11/07/2007
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