Nos gouvernants face aux émeutes : Fallait-il attendre que ça chauffe ?
Nos gouvernants face aux émeutes
Fallait-il attendre que ça chauffe ?
Une semaine après les violentes manifestations contre la cherté de la vie à Bobo-Dioulasso, à Ouahigouya et à Banfora, il était sans nul doute écrit quelque part que la contagion gagnerait Ouagadougou. Et c’est le jeudi 28 février 2008 que la capitale est entrée à son tour dans la chienlit. Une date que beaucoup de Ouagalais n’oublieront pas de sitôt.
Comme dans ces trois villes de l’intérieur, on a vécu une chaude matinée dans les différents quartiers de la ville. D’ailleurs, il fallait s’y attendre, surtout que les casseurs de vitres aiment ce genre de situation. A côté d’eux, il y a les pêcheurs en eau trouble, qui n’en demandaient pas mieux. De jeunes gens, qui sont descendus dans la rue, ont bravé les forces de l’ordre, cassant tout sur leur passage. Des biens publics et privés n’ont pas été épargnés.
Les casseurs d’une journée ont frappé là où l’Etat sera obligé de réparer : les feux tricolores. Ces pauvres feux, qui sont une cible facile pour les vandales. On a oublié que les premières victimes de cela, ce sont nous, les usagers de la route. Le président du Faso, lui, passe quand il veut avec sa suite sous bonne escorte. C’est donc nous qui allons non seulement trinquer, mais payer les dégâts d’une manière ou d’une autre. Au lendemain des casses, il y a des endroits où il faut faire preuve de patience pour circuler sinon bonjour les accidents. Tout cela, par la faute des manifestants qui n’ont pas su faire la part des choses. Quand on décrète une ville morte, le bon sens et le sens des mots voudraient qu’on reste tranquille chez soi au lieu de monter aux barricades.
Comme on le sait, le déferlement de ces violences a pour cause sinon pour prétexte la cherté de la vie. Cinq mots que des Burkinabè sont fatigués d’entendre. Pour eux, la vie coûtait déjà cher et elle l’est encore plus depuis quelque temps. Ce qui est arrivé l’autre jour était donc prévisible. C’était une misère que de voir Ouagadougou dans un tel état. Des provocateurs sont à l’origine de l’émeute et ces actes de vandalisme sont à condamner avec la dernière énergie. Mais on aurait pu les éviter si, disent-ils, par anticipation on avait pris des mesures efficaces contre cette valse des étiquettes, surtout que les alarmes n’ont pas manqué comme ces articles parus récemment dans la presse, décrivant le phénomène (cf. notre édition du 6 février 2008). Il est vrai que par la suite, le gouvernement avait annoncé des mesures énergiques, mais à la vérité, on n’a rien vu jusqu’à ces journées chaudes. Faut-il alors croire, comme certains, qu’il faut souvent que ça chauffe pour que les décideurs réagissent ?
Décidément, les autorités semblent dures d’oreille. Si ce genre de poussée peut leur permettre de sortir de leur torpeur, c’est tant mieux. La preuve, la veille des casses, le gouvernement a, par la voix de quatre ministres, annoncé lors d’une conférence de presse les mesures issues du Conseil des ministres : la suspension des droits de douane sur des produits tels que le lait, les pâtes alimentaires, le riz, le sucre importé et le sel. Des mesures valables pour trois mois.
Ce n’est pas mal, tout ça, mais pourquoi avoir attendu que la situation pourrisse ? Après les confessions religieuses, les coutumiers, la société civile et les diplomates, le gouvernement s’est concerté avec les partis politiques. Quand Rome brûle, on a besoin du concours de tous et c’est bien d’avoir songé à initier de telles rencontres. C’est le lieu donc de dire qu’il ne serait pas superflu de réfléchir à la mise en place d’un cadre de concertation sur l’état de santé de notre pays, même si déjà existent des cades institutionnels comme le Parlement, le Conseil économique et social,
Justin Daboné
L’Observateur Paalga du 3 mars 2008
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