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Paris-Dakar : Les héritiers de Thierry Sabine fuient l’Afrique

Paris-Dakar

Les héritiers de Thierry Sabine fuient l’Afrique

 

Quand on parle d’une aventure africaine devenue mythique, c’est bien du  Paris-Dakar qu’il s’agit avec ces pilotes moto et auto qui quittent l’Europe  pour un périple sur le continent noir. C’est fabuleux quand on les voit traverser les dunes africaines. Mais pour la première fois dans l’histoire de l’épreuve, une édition du Dakar a été annulée cette année. Elle devait avoir lieu du 5 au 20 janvier 2008, mais des menaces terroristes en ont décidé autrement.  La trentième édition du rallye-raid devait quitter le Portugal via le Maroc, le Sénégal et surtout la Mauritanie. Tout était prêt chez les préparateurs de véhicules et de motos besogneuses, les équipes professionnelles ou semi-professionnelles et toute cette fourmilière qui gravite autour de l’événement. Ils étaient 550 concurrents qui devaient prendre le départ du Dakar le 5 janvier dernier. La veille, vers 11 heures, une foule considérable remplissait l’amphithéâtre pour écouter le message d’Etienne Lavigne, l’un des responsables d’Amaury Sport Organisation (l’ASO). Celui-ci prononça les mots que beaucoup de pilotes pressentaient : « J’ai malheureusement cette terrible nouvelle à vous annoncer : le Dakar 2008 ne partira pas. C’est avec beaucoup de tristesse et beaucoup de déception que je m’adresse à vous. Mais le Dakar est bien debout et on vous donne rendez-vous l’année prochaine pour un grand événement. Désolé pour tous et merci ». Une nouvelle qui a fait froid dans le dos des participants, très marqués par la décision d’ASO, qui a anéanti une année de préparation. Une décision qui fait suite à un communiqué d’Al-Qaida mettant violemment en cause les autorités mauritaniennes et dénonçant notamment leur soutien  à la sécurisation du Dakar 2008, lequel aurait confirmé la réalité de la menace djihadiste sur l’épreuve. Une dépêche AFP avait, à l’époque, précisé  que la branche d’Al-Qaida au Maghreb islamique critiquait en effet la collaboration de Nouakchott avec « les croisés, les apostats et les mécréants ». Il faut noter au passage qu’avant cette menace, quatre touristes français avaient été assassinés le 24 décembre en Mauritanie, où il était prévu 8 étapes. Une situation qui a amené le gouvernement français à demander aux organisateurs d’annuler l’épreuve au regard du climat créé par les terroristes. L’essentiel du parcours se déroulant en Mauritanie et puisque ce pays présentait des risques considérables, la vie des personnes qui participent à cet événement n’est-elle pas plus importante que tout ?

Un peu plus d’un mois après l’annulation du Dakar 2008, les héritiers de Thierry Sabine (1) commencent à fuir l’Afrique. En effet, ils ont trouvé refuge pour le fameux rallye en terre sud-américaine et ce sera du 3 au 18 janvier 2009. On parle de la capitale argentine comme ville de départ et d’arrivée d’une caravane qui sillonnera, outre la pampa, le Chili.

A Santiago, on se félicite par la voix d’un communiqué gouvernemental de remplir 95% des conditions requises en termes de sécurité notamment pour accueillir le fleuron vrombissant de l’ASO. Les organisateurs parlent du désert sud-américain comme alternative crédible au sable africain et terrain de jeu idéal pour remettre tous les compteurs à zéro. La question qu’on se pose aujourd’hui est de savoir si l’épreuve changera d’appellation. Le Dakar est en quelque sorte une marque déposée et pour honorer la mémoire de Sabine, on espère que les organisateurs n’iront pas loin dans le changement de l’appellation. Ce serait un sacrilège de faire disparaître  le Dakar du continent africain. L’Afrique, c’est les racines du Dakar et faire revenir la course à ses sources premières serait une bonne chose.  On comprend le choix de l’ASO et les terroristes devraient comprendre qu’ils font du mal aux populations. Le côté social du Dakar a toujours été apprécié. A cause de ces voyous qui veulent tuer le Dakar, aujourd’hui, artisans, hôteliers, restaurateurs, antiquaires subissent des pertes financières. Dans les pays traversés, outre les revenus substantiels qu’en tirent les populations, projets sociaux et dons, fort utiles, bénéficiaient aux plus démunis. Quand est-ce qu’Al Qaida comprendra qu’il se trompe de combat et que son idéologie, qui est fondée sur l’idée que tout contact avec les Occidentaux est prohibé est une vue de l’esprit ?

 

 

Justin Daboné

L’Observateur Paalga du 13 février 2008

 

(1) : Thierry Sabine est le fondateur de l’épreuve, qui a vu le jour en 1979. Le 14 janvier 1986, il a trouvé la mort dans un accident d’hélicoptère avec le chanteur Daniel Balavoine entre Gao et Gourmarharous au Mali. C’est son père, Gilbert Sabine, qui en a repris les rênes.



13/02/2008
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