L'Heure du Temps (Blog d'Information sur le Burkina Faso)

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Plus de 30 morts sur un site d’orpaillage au Burkina

Eboulement dans le Sud-Ouest

Plus de 30 morts sur un site d’orpaillage

Dans le village de Boussoukoula au Noumbiel, à quelque 500 km de la capitale, la population est sous le choc : le samedi 09 août dernier, un éboulement de terrain y a enseveli des dizaines de personnes et, pour l’instant, ce n’est qu’une trentaine de corps qui a été sortie des décombres.

Des éboulements suivis de mort d’hommes, nous en avons connu, mais rarement de mémoire de journaliste, il n’y a eu une telle hécatombe en une seule matinée : 31 morts au moins. Cet accident de terrain s’est produit après de fortes pluies, qui ont causé une coulée de boue dans la zone. Les orpailleurs, qui étaient au moins une cinquantaine dans la mine, selon les témoins, ont été surpris dans les puits par les eaux de ruissellement après des pluies diluviennes dans la nuit du vendredi au samedi.

Après les secours apportés par des villageois et des sapeurs-pompiers de Bobo-Dioulasso, 31 corps ont pu être retirés des excavations, mais le bilan risque d’être encore plus lourd, car les espoirs de débusquer d’éventuels survivants restent bien minces. En dépit d’un arrêté gouvernemental, publié en juin dernier et interdisant l’orpaillage jusqu’au 30 novembre en raison des risques d’éboulement pendant la saison des pluies, les chercheurs d’or s’y adonnaient toujours à cœur joie, feignant d’ignorer le danger. Et pourtant, ces orpailleurs savent, mieux que quiconque, que les tunnels rudimentaires, qu’ils ont creusés pour pouvoir accéder au précieux produit, sont susceptibles de s’affaisser sous l’effet de l’eau et, à ce jour, quelque 200 000 personnes travailleraient dans les mines d’or illégales du Burkina.

On s’en souvient, en août 2006, un éboulement similaire dans la mine d’or, désaffectée, de Poura, située à 200 km de Ouagadougou, avait fait trois morts, cinq blessés et dix portés disparus. Et, pas plus tard que le 26 juillet dernier à la même mine d’or dans une des carrières délaissées par l’ex-Société de recherche minière (Sorémib) alors que les activités d’orpaillage avaient été suspendues en cette période d’hivernage, trois mineurs mouraient ensevelis. En dépit, une fois de plus, de la mesure gouvernementale. D’ailleurs, pour appuyer cette directive, le préfet de Poura n’avait cessé de diffuser des communiqués pour rappeler l’interdiction de l’orpaillage pendant l’hivernage. Mais, foulant aux pieds ces consignes, Pegdewendé Sawadogo, Alassane Zoungrana, tous âgés de 21 ans, et Jérôme Sawadogo ont payé de leur vie ce refus d’obtempérer.

On se souvient également que les autorités provinciales du Sanguié avaient, sur instruction du gouverneur de la région du Centre-Ouest, en l’occurrence Baworo Seydou Sanou, fermé, le 20 février dernier, le site aurifère d’Epara 2 dans la commune rurale de Kyon. Cette décision faisait suite aux éboulements suivis de morts d’hommes sur ledit site les 31 janvier et 7 février 2008, aux difficultés d’organisation des orpailleurs, notamment la mise en place d’un comptoir, qui n’a pas rencontré l’assentiment de tous ; et, naturellement, c’est avec désarroi que les orpailleurs ont accueilli cette mesure, car, pour certains, le rêve d’une éventuelle fortune venait ainsi de prendre fin. Bien qu’ils y aient perdu deux des leurs en l’espace d’une semaine, ces chercheurs d’or à corps perdu entendaient continuer leur travail souterrain.

Des drames à répétition dans les mines d’or d’un pays comme le Burkina, qui est bien loin d’être un scandale géologique. C’est dire qu’en dépit des salvatrices mesures prises par les autorités, le désordre reste de mise dans ce secteur d’activité et aucune leçon ne semble avoir été tirée de cette situation. Et si des mesures énergiques ne sont pas prises, des mines d’or continueront de s’ébouler dans nos exploitations archaïques, faisant toujours davantage de morts. L’Etat devrait montrer plus du muscle pour se faire respecter dans ce domaine, car, de par sa mollesse, il semble laisser le désordre s’installer dans les mines à exploitation artisanale.

On se souvient tous que lorsque l’éboulement de la mine de Poura est intervenu en juillet 2006, c’était déjà une mine interdite et, selon les témoins, les orpailleurs y travaillaient, sous le regard, complice, des forces de l’ordre. Allez-y comprendre ! Au moins quatre membres du gouvernement ont été dans le Noumbiel pour constater les dégâts du 9 août dernier. Il fallait plutôt les prévenir, au pire des cas, par des mesures énergiques. Après tout, force reste à la loi !

Boureima Diallo

L’Observateur Paalga du 11 août 2008



11/08/2008
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